Worlds Collide [PV Ashoka]

Il est beau le lavabo.

Il faisait bon à Champiland. C'était un royaume dans lequel Lev ne pensait pas aller un jour mais il faut bien découvrir le monde et surtout voir quel royaume pourrait devenir ... Utile dans sa quête ? De plus, la Famille lui avait demandé de récolter certaines informations dans ce royaume concernant les effets possibles dans champignons. La princesse avait bien compris l'objectif de tout ça : Essayer de produire des objets magiques qui pourraient soit empoisonner l'ennemi ou encore produire des anti-douleurs. Le monde n'est qu'un immense trafic après tout donc rien d'étonnant. Bien sûr, ça disait seulement se renseigner mais la jeune Mayor n'était pas stupide. Elle avait accepté, c'était une mission très simple et ça pouvait lui permettre de se poser tranquillement quelques jours dans le royaume pour se faire des petites vacances.

Le paysage était plutôt agréable à regarder, très coloré. Ça faisait plaisir et donnait le sourire à Lev qui traînait des pieds pour essayer de mémoriser la moindre couleur de ce royaume. Elle croisa très peu de créatures mais finit par tomber sur un escargot lui aussi, très coloré. Fumant la pipe, il tourna un œil vers Lev et s'arrêta ... Dans sa marche ? Dans sa course ? Dans sa glissade ? Bref il s'est arrêté quoi.

« Bonjour ! Est-ce qu'il y a un village dans le coin ?
- Bien sûr. Suivez-moi, je m'y dirige. »

...

Autant vous dire que le trajet fut long. Très très long pour Lev qui marchait très, très lentement. Elle allait sans aucun plus vite que lui en se roulant au sol. Mais bon, elle ne voulait pas se mettre à le porter, flemme. Puis pas sûr qu'il le prenne bien ... Dans tous les cas ils purent discuter durant quelques heures et elle en apprit davantage sur le royaume, les activités disponibles, les habitants aussi. Mais bon. Enfin elle était arrivée dans village très sombre mais avec des champignons fluorescents partout. C'était tellement beau !

Corrifey:

C'était un tout petit village en plein milieu de la forêt. La jeune princesse remercia l'escargot qui lui montra même une auberge bien réputée et appréciée. Lev entra, prit une chambre pour la nuit et décida de se poser dans un coin dans une grande salle dédiée à la restauration. Une serveuse arriva et Lev commanda une bonne bière et les spécialités du coin. Un p'tit sourire plus tard, la commande prise en compte, la serveuse s'en alla pour servir d'autres clients. Pour l'instant la jeune créature avait l'air de passer inaperçu, c'était une bonne chose. Elle était peu sortie de la Tour d'Observation donc son physique n'était pas forcément connu de tous. Pas besoin de se cacher comme dans la seconde zone ici au moins. C'était rassurant.

La commande arriva assez rapidement. Lev avait faim, très faim. Et certains clients étaient étonnés de voir autant de nourriture pour un si petit gabarit ... Ces créatures ne se rendaient juste pas compte des besoins d'une demie dragonne. Elle se fichait de leur regard étonnée et mangeait à sa guise, continuant de commander jusqu'à se remplir la panse. Beaucoup de couleurs dans les assiettes en tout cas. Elle prenait de tout : Des salades de champignon en passant par des pâtes à la crème de champignon sans oublier la liqueur au champignon et l'omelette baveuse aux cinq champignons. Un menu très végétarien, pas dans les habitudes de la princesse mais dont elle savait se contenter. Les champignons c'est la vie wesh. En tout cas, ceux de ce royaume étaient délicieux.

Bien sûr, peut-on parler d'une bonne ambiance sans baston ? Ah bah non ! Certains criaient, ou plutôt ils faisaient tout pour se faire remarquer. Question d'ego encore tout ça. Elle sentit même quelqu'un passer à quelques centimètres de son visage alors qu'elle mangeait ses brochettes de champignon aux mille couleurs de l'été indien. Mais Lev, impassible, laissa le mec s'enfoncer la tête dans le mur et continua de se remplir la panse.

« Wesh pousse-toi.
- Wesh je mange.
- Pousse-toi j't'ai dit !
- Mais ptdr t ki ? »

Sa réflexion favorite depuis quelques semaines. Lev haussa les épaules et resta bien assisse à sa place. Oui elle avait apprit à parler de façon très vulgaire pour se cacher dans la masse. Jamais sa mère n'aurait accepté un tel langage chez elle. La créature en face d'elle était plutôt baraque, en colère et surtout très bourrée. Mais les brochettes de champignon aux mille couleurs de l'été indien appelaient Lev. Elles étaient là « Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi ! ». Bien sûr que la princesse allait te manger ! Sauf que là la créature était en train de le perturber. Bombant le torse, il faisait son fier à essayer de prendre le dessus sur Lev qui s'en fichait. Elle n'avait que les champignons sous les yeux. Et la nourriture ça ne se gâche pas. La pauvre victime se releva, prêt à riposter pour se venger. Le nez en sang, les dents en bonne partie cassées, lui aussi totalement ivre.

« Personne ici pour défendre une pauvre petite créature en train de manger ses champignons ? »

Les cris recommençaient. Lev fronça les sourcils. Elle était juste à deux doigts de leur arracher la tête, aux deux. Le problème ici était le manque de réaction des autres. Ils observaient le spectacle, certains filmaient, mais personne ne réagissait. Inspire, expire. Les deux bêtes étaient à deux doigts de se sauter dessus à nouveau. Et ils risquaient d'embarquer Lev dans leur baston sans aucune raison. Le propriétaire ne faisait pas grand chose, trop occupé à fumer sa chicha aux champignons hallucinogènes. Et la serveuse ne pouvait pas vraiment faire grand chose, trop occupée à servir tout le monde et à courir partout. C'qui était bien chez sa mère, même si celle-ci était toujours trop collante, c'est qu'au moins ce genre de situation pouvait pas arriver. Pas devant une princesse et encore moins devant une reine. Mais là, pour l'instant, personne ne l'avait reconnu. Cachée dans le paysage, Lev apprenait encore la vie des créatures qui ne faisaient pas partie de la royauté. Et certains passages étaient compliquée à supporter ...

Première étape du périple de l’externat : Champiland ! Non pas pour de basses raisons hallucinogènes mais plutôt pour….euh pour... c’est pas pertinent, on zappe ! Je me promenais vers Champiland pour tester les vertus récréatives et bien sûr médicales de la substance éponyme de la lande forestière, et après avoir croisé des petits nains bleus portant des chapeaux blancs, une petite fille blonde avec une robe plissée bleu ciel, je m’attendais à voir débarquer une classe en sortie scolaire. Mais il n’en fût rien. Je pus donc profiter de la quiétude de la zone, en contemplant des rêveurs en train de nager dans l’herbe, de grimper aux arbres mais sans arbres, ou de courir, parce qu’effrayés d’être pourchassés par des assiettes de steak frites géantes. Aaaaaaah les joies de la défonce légère ! En tant que docteur, mon devoir serait de désapprouver ces attitudes, avec mise en danger de sa conscience, de la vie d’autrui, altération du réel et parfois allergies aux champignons. Mais après tout, on ne faisait pas d’omelettes sans casser des œufs, et les champignons doivent se cuisiner sautés dedans. J’ai tout de même pris le loisir d’aider une ou deux personnes en redescente un peu compliquée, j’ai juste donné un accompagnement par paliers, mais la dernière s’est mise à hurler en bavant et en essayant de me mordre. Je ne connais pas tous les champignons, mais je suis pratiquement sûr qu’il y a de l’empoisonné dans le tas ! Après deux mandales dans la tête – méthode approuvée par mes maîtres généralistes - j’ai pu soigner la personne. Oh c’est technique, il faut laisser dormir le patient  dans son sommeil forcé. C’est le meilleur remède. Je vous avais dit que c’était technique.

Après quoi je suis monté dans une limace géante à impériale. Une immense bestiole bavante qui tient une double plate-forme sur le dessus de son corps. Elle va assez vite, quand il pleut. Donc j’ai mis une plombe mais ça n’avait pas l’air de gêner le conducteur, un criquet qui pionçait, ni les passagers qui s’étaient installés des tentes, des tables de jardin, des hamacs et une piscine gonflable. Certains, entre deux apéros, m’ont dit que ça faisait trois ans qu’ils étaient là, ils devaient traverser le royaume pour l’anniversaire d’un tonton, ils espéraient arriver à temps quand même. Quoi ? Non je ne peux pas soigner ça, c’est juste de la connerie, puis ça aide à mieux vivre croyez-moi. A force de persévérance dans d’immenses siestes et des apéros continus, j’ai fini par atteindre au bout de ce périple semé d’embûches et de danses des tongs la capitale des champignons, Corrifey. Magnifique cité de caractère, selon le dépliant reçu en périphérie de la ville, y’a deux mois. Des champignons luminescents, des habitants et habitations ressemblant à des champignons, des têtes de...non, loupés, de champignons, encore. Bref, on sait où on arrive quoi.

Je remercie Mémé Louisa la limace pour le voyage qu’elle nous a fait vivre, ce fut comme des vacances et on a eu de supers moments. Bien sûr qu’on va s’écrire, attends, tu penses ! Bien sûr, je t’envoie mon mail et tu viens pour qu’on se fasse une bouffe un de ces quatre ! Bon, une fois le dos tourné et mes vacances terminées, j’ai oublié comment tu t’appelais mais c’était cool de partager les apéros avec toi, et surtout ta femme. Enfin voilà, l’aventure m’appelait, et fatigué de la route et des expériences douloureuses des apéritifs qui s’enchaînaient, j’ai décidé d’aller vers une bonnnnnne auberge champimignonne histoire de...prendre un bain tout seul ? Manger autre chose que de la viande d’insectes et des champignons ? Écrire à ma maman ?


- Patron, une bonne bière et une chambre qui sent pas trop le moisi steup !


Comme vous pouvez le remarquer, j'ai beaucoup travaillé les dialectes paysans. Le patron me regarda comme on regarde un truc important, comme une feuille morte ou un cadavre de hérisson sur la route, je crois. Il me zieuta du haut de son narguilé aux vapeurs bien plus que suspectes...et je m’y connais, je suis un vagabond après tout. Il désigna un tonneau avec son triple menton, une chope en bois, et je compris que je devais me servir moi-même. C’était donc ça, le caractère de cette charmante cité ! Les habitants étaient rustiques, c’était vraiment ça l’aventure ! Une fois servi, je remarquai enfin la baston qui se déroulait devant mes yeux embués par l’odeur de champignon de la bière. Drôle de mixture, j’aurais vu plus de houblon et moins de champignons, mais c’était sans doute l’alcool local. Jusqu’à ce que le patron me dise que j’étais en train de boire la crème aux champignons qui accompagnent les salades, les viandes, les poissons, les féculents...quasiment tous les plats, mais surtout les champignons, finalement. Prenant une bière au champignon avec moins de caractère, mes yeux se mirent à parcourir l’assemblée qui se disait des amabilités sanguinolentes. Une pauvre petite créature appelait à l’aide, comme tant d’autres dans l’auberge, si bien que la puissance de ma vocation vint me sortir de mes champigonds.


- Arrêtez vous voyez bien que vous vous blessez ! Y’a-t-il un médecin dans la salle ? C’est une urgence !!!

L'ambiance ici ne ressemblait en rien à ce que la princesse avait connu. Chez elle, on mangeait pas forcément dans le silence, mais tout le monde était posé autour de la table et ça discutait de stratégie bien sympathiquement. Ou de comment tricher aux jeux-vidéos, les différentes ouvertes aux échecs etc. Les bastons étaient totalement interdites pendant le repas et les filles pouvaient même être punies. Une fois Lev avait tiré les cheveux de Wylen qui était tombée instantanément par terre, la petite avait déjà énormément de force à cette époque. Elle avait été privé de dessert pendant une semaine. La loose !

Mais là ça avait l'air totalement normal de se battre. Durant son périple, la demoiselle avait remarqué que ce genre de lieu était propice à la baston, aux meurtres, à la vengeance et autres bêtises comme les prostituées. D'ailleurs il n'y en avait pas dans cet établissement, c'était déjà un bon point.

Les deux créatures continuaient à se battre avec Lev, petite créature fragile, en plein milieu qui essayait juste de manger tranquillement. Monde cruel ! Ne gâche pas cette nourriture ! Laisse donc Lev manger tranquillement ! La demoiselle soupira, se demandant la tête de qui elle allait exploser en premier.

Une créature finit enfin par intervenir ! Alléluia ! Enfin, ce n'était pas défendre Lev. La demoiselle s'en fichait bien, tant qu'ils pouvaient arrêter leur baston débile pour savoir quelle bière est la meilleure, elle était contente. Sauf que la créature blessée se tourna vers la tête blonde, le visage en sang et se mit à hurler.

« JE M'EN FICHE ! IL A DIT QUE LA BIÈRE DES TROMPETTES DE LA MORT ÉTAIT MEILLEURE QUE LA BIÈRE DE TERFESSE !
- JE LE DIS PARCE QUE C'EST VRAI !
- NON C'EST FAUX !
- SI C'EST VRAI !
- TU VEUX TE BATTRE ?!
- TETE DE CÈPE VA !! »

Les gens dans la salle fut outrés de cette insulte et une créature dans le fond se mit même à pleurer tellement elle avait l'air choquée. Bon bah fallait éviter d'insulter les gens de tête de cèpe ici, hein ...

« C'EST TA MÈRE LA TETE DE CÈPE !
- ON A DIT PAS LES MAMANS !
- Ah ouais pardon ... ET TOI TETE DE GLAND BLOND TU EN PENSES QUOI HEIN ?
- FAIS ATTENTION A BIEN CHOISIR SON CAMP.
- GRAOOOUUUUUU ! »

Point positif : Ils avaient enfin arrêtés de se battre.
Point négatif : S'ils tentaient de régler ça en forçant les gens à prendre position, ils risquaient de provoquer une baston générale.

Ce genre de chose aussi, c'est courant. Pendant ce temps, Lev continuait de manger, contente de savourer un peu de paix. Mais elle ne lâchait pas la scène des yeux pour autant. Elle était prête à intervenir n'importe quand si besoin pour exploser des culs. Mais la nourriture avant tout, quand même. On mange et on se bastonne après.

Les deux idiots foutaient la pression à la créature blonde et petit à petit étendaient cette pression à l'établissement. La serveuse passait pour continuer à servir les clients, elle avait l'air d'avoir l'habitude de ce genre de problème. Sauf si elle était défoncée au champignon, c'était possible aussi.

Ayant enfin fini une première partie de son repas, la demoiselle remarqua que sa chope en bois était vide. Il ne restait plus une goutte. Pour essayer de faire changer un peu les choses dans cette auberge, Lev lança sa chope sur l'un des deux, au hasard. Et ça tomba sur le mec à la figure fracassée.

« AIE ! Mais t'es malade !
- OOPS ? Je pensais avoir visé la serveuse pour qu'elle puisse me servir une nouvelle bière. Muh, je sais vraiment pas viser, hein ?
- Tu veux te battre, c'est ça ? Je te lamine !!!
- Au secours un docteur ! Son visage défiguré me fait peur ! JE SUIS DOCTEUR ! Ah merde ! Au secours il me force à le soigner ! Il me fait souffrir ! »

C'était une distraction comme une autre. Elle se moquait ouvertement de lui, mais son jeu d'acteur était bien trop bon pour qu'un mec totalement ivre s'en rende compte. Puis sur le coup elle voulait tenter d'entrer dans le jeu de ces mecs ivres pour voir jusqu'où est-ce qu'ils étaient prêts à aller. Elle savait comment ça allait se finir : elle allait leur arracher la tête et on en parle plus. Mais pourquoi ne pas s'amuser un peu ? Et surtout, tester las différentes réactions des personnes ivres et défoncées pour essayer de mieux anticiper certains gestes. Lev voyait les personnes comme eux comme étant des personnes imprévisibles. Mais peut-être que les étudier de près pouvait aider ?

« Arrêter d'embêter ce pauvre monsieur qui ne demande rien à personne ! »

Elle se plaça aux côtés d'Ashoka, une cuillère en main, menaçant les deux idiots. Ils se mirent à se moquer d'elle. Ils étaient pas prêts. Elle l'avait reconnu, l'ayant déjà rencontré à des événements princiers dans le passé. Mais ça faisait très longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus et elle ne savait si lui l'avait reconnu.

Mes amis, j’en ai connu des royaumes. Quand j’étais jeune, on faisait des folies dans le Royaume des lupanars, pas loin de Mojoland, et j’ai entendu là-bas des dirty talks qui feraient passer la Reine des insultes pour une dame distinguée. Mais après avoir entendu fuser « tête de cèpe », je dois dire que j’ai presque craché la mixture forestière sur ce sol forestier. Enfin dégueulasse quoi. Avec tout ça, pas de médecin dans l’assistance, alors que j’étais dans mon jour de repos. Le principe c’est que je me donne un jour de repos, une fois tous les deux trois jours, ou tous les jours quand j’suis pas d’humeur médicale. Et là ça tombait mal, ça tombait sur mon jour de repos, même si je me sentais d’humeur à engranger de l’essence de vie, pour la vocation qui m’habitait bien sûr. J’entendis une femme dire qu’elle était quand même docteur un peu plus tard, tandis que j’écrivais sur une table un parchemin avec ma propre énergie, pour me soigner de la gueule de bois car je commençais à en avoir une par anticipation, à force de commander, vous comprenez. Je me rendis compte que le glyphe que j’étais en train de faire soignait la diarrhée sortant des yeux, et je voulus tout recommencer mais voilà, ça repartait et on emmerdait les honnêtes infirmières. Quoi ? Oui c’était une femme qui se disait docteur, donc c’était une infirmière. Chut, laissez parler l’expérience qui parle.


L’infirmière se plaça à côté de moi, j’émis un hoquet surpris en relevant la tête et en lui souriant naïvement. Ce qu’elle était belle...impossible qu’elle soit réellement infirmière, elle était au moins...auxiliaire de vie ! Quoi ça devenait bizarre ?


- C’est vrai, j’ai rien demandé à personne si ce n’est un docteur. J’ai un creux là !


Je montrai mon porte-monnaie qui se vidait autant que mes verres de bière aux champignons se remplissaient. C’était une véritable douleur, il fallait bien le dire voire consulter quelqu’un capable de renflouer ce petit creux, par une bonne baston ou quelques morts...enfin des quasi morts, le genre qui s’entretient devant la famille alors qu’il est dans le coma. On prend la thune autant qu’on peut et après on laisse le type clamser un jour. Ou pas un jour, enfin on se casse, tout simplement. Je me souviens d’ailleurs d’une soirée étudiante où on utilisait les comateux pour jouer au paintball. C’était encore plus drôle que le paintball dans la morgue, parce qu’on avait oublié de nettoyer un macchabée alors que la famille passait après. On n’a pas un métier facile, fallait pas qu’on se détende un peu aussi ! Bref, la chouquette se mettait à côté de moi avec une petite cuillère, et je ne savais pas si c’était la bière ou les champignons, ou alors les deux, mais je le sentais assez virulente et belliqueuse. Je la poussai dans le dos, vers l’avant, pour qu’elle me remporte des blessés, du coup. Vous avez du mal à suivre ? C’est normal, je suis avant tout un médecin spécialisé, je connais mon métier.


- Allez les taper de ma part, si jamais heu laissez-les tout juste en vie pas loin de passer de l’autre côté de leur dernier souffle, sinon j’aurai rien pour régler ce brave limace qui hypothèque sa santé et celle de ses poumons en fumant son narguilé. Vous saviez qu’avec le tabagisme passif, on n’a plus vite fait de se mettre directement la nicotine dans le cul que ça ferait moins mal ?


Mon idée n’était pas de jouer les héros du quotidien, même si telle était ma mission de vie et mes principaux faits de gloire. Je sentais que mes phrases resteraient comme lettre morte si bien que je pris les risques inhérents à ma profession et je toisai les deux individus avinés de tout mon savoir médical et mon charisme de soignant prêt à tout pour sauver des vies.


- Ça vous dirait pas de vous toucher les mycoses ailleurs, les...têtes de cèpe ?


Je sais, je sais, je suis devenu complètement dingue. Certains hommes veulent voir le monde brûler, et j’étais effectivement de cette engeance de la démesure...

De base, Lev n'avait pas forcément envie de se battre. De base, Lev avait envie de manger et de boire tranquillement sans prise de tête. C'vrai quoi, laissez lui son jour de congé, c'est le 7ème de la semaine ! On ne peut vraiment pas se reposer comme on en a besoin ici. L'intérêt de menacer avec une cuillère ? Aucune. Elle n'en n'avait pas besoin à vrai dire. Mais taper sur des gens ivres c'était trop facile aussi. Ashoka n'avait pas l'air de l'avoir reconnu. Ou alors il faisait semblant pour envenimer les choses.

Et Ashoka la poussa en plein milieu. La demoiselle bouscula brutalement les deux brutes qui finirent par tomber par terre tandis que la princesse réussit à se tenir à une table. En colère, les deux lançaient des regards noirs à Lev, ils n'avaient pas l'air de comprendre que ce n'était pas elle qui leur avait foncé dessus.

« Alors toi ... On va te péter ta tête !
- Ouais ! Et celle de ton pote ensuite !
- Alors si vous pouviez juste ... »

Pas le temps de terminer sa phrase que le plus costaud des deux lui mit un coup de poing sur le visage. SUR LE VISAGE ! BERUFGRBHUIK ! Lev tourna la tête, fut outrée et surtout se mit en colère à son tour. Qui ose lever la main sur une princesse ? Sur une Mayor de surcroît ! Elle n'avait pas bougé d'un millimètre, encaissant le coup alors qu'elle aurait dû largement s'envoler.

« J'VAIS BRISER TES OS !!! »

En colère, la demoiselle tourna la tête dans sa direction et le menaça ouvertement. Le gros costaud, pas impressionné pour un poil, trop ivre pour se rendre compte que la demoiselle ne s'était pas envolée par la force de son coup, commença à se moquer d'elle. Lev jeta sa longue veste rouge sur Ashoka pour ne pas la tâcher et encore moins l'abîmer. Alors que le bougre continuait à se moquer d'elle, la demoiselle lui mit un bon coup de pied dans les couilles puis lui mit un coup de pied au niveau de l'abdomen. Lui par contre s'envola, créant un trou béant dans le mur et il finit au sol, la tête en sang au niveau de la rue. Non, la princesse n'y avait pas mit toute sa force. Dans sa colère, elle prit son acolyte par la peau et le balança lui aussi à l'extérieur. Marchant petit à petit en direction de ses ennemis, la demoiselle se mit à faire craquer ses doigts un par un.

« Personne, je dis bien PERSONNE n'a le droit de me toucher. Et encore moins m'attaquer.
- Owh ... Ma tête ...
- Mais qui êtes-vous ?
- Je me présente : Lev Mayor, fille du dragon de feu et de Gochess Mayor. Enchantée.
- Oh non ... »

Ils étaient foutus. Leur corps leur faisait bien trop mal pour pouvoir courir partout et leur visage désormais livide montrait clairement qu'ils commençaient à se rendre compte de la gravité de la situation. Ils essayaient de bredouiller des excuses à tout va. Le gérant avait tout entendu et baissa son fusil alors qu'il était prêt à tirer dans le dos de la dragonne. Lev se tourna, lui lançant un regard noir. Quel lâche.

« Faut vraiment que je détruise ce royaume pour pouvoir manger et boire tranquille ?
- Non ...
- Excusez-nous !
- Tss, tss, tss ... »

Le gérant fit marche arrière. Généralement les Mayor ne sont pas appréciés et surtout très craints. Qui voudrait faire la guerre à un Mayor ? Personne. Il rangea même son arme pour partir fumer, histoire de faire passer ses angoisses. Histoire de ne pas faire traîner les choses, Lev attrapa les deux hommes par la peau du dos et enfonça leur tête ... A même le sol. Celui-ci craqua à cause de la force de la demoiselle puis elle mit ses mains dans la poche de son pantalon et se dirigea en direction d'Ashoka, à qui elle lança un regard peu amical sur le coup.

« Je te laisse faire ton travail, cher médecin. »

La princesse récupéra sa veste puis retourna s'asseoir à sa table. Un simple regard noir au gérant suffit pour qu'il lui serve toute la carte. Des brochettes de champignon, ça allait la calmer.

Ouille. Aouch. Ah que bobo. J’utilise ici des termes médicaux pour vous dire les diagnostics appropriés. La créature n’avait pas supporté qu’on lui mette une patate, si bien que les choses venaient de dégénérer, là, juste sous mes yeux médicalement professionnels ! Je n’ai pas bougé bien sûr, car l’occasion était trop belle. De l’essence facile ! Tellement facile que je ricanais intérieurement, un peu comme ça.



- Mhin hin hin hin hin...mhihihihihi….Huihuihuihuihui….


Même mes ricanements se frottaient les mains de se refaire avec autant d’efficacité. J’allais devenir riche avec cette dénommé Lev Mayor. Mayor ? Tiens, je connaissais ce nom. La famille de seigneurs et de reines dominant une partie de Dreamland ? C’était ça. Oups. Mes ricanements cessèrent bien vite et furent remplacés par des gouttes d’une suée profonde, inquiète et légèrement lâche sur les côtés. Le temps de trouver une dizaine de solutions pour disparaître et fuir très loin, la Mayor bien énervée me lança sa veste que j’attrapais au vol d’un geste trop classe, à savoir sur la tête en émettant un cri de surprise car il faisait tout noir. Non mais c’était vraiment surprenant, quoi. Cela étant fait, ça jetait un voile pudique sentant le parfum de femme sur cette scène horrible, qui faisait recommencer mes ricanements de richesse à venir. Je le sentais, cette rencontre serait le signe d’un luxe retrouvé !

Je me déplaçai pour suivre le déroulé du non-combat, puisque la Mayor les défonçait comme son nom de famille le laissait présager : salement. J’avais mal pour eux, mais il faut dire qu’ils l’avaient cherchée. Enfin sans doute . En tant que médecin, je n’avais pas d’avis ni d’opinion à donner, simplement parfois il vaut mieux être du côté des vainqueurs pour ne pas passer de l’autre côté de la médecine, hein. La guerrière laissa les deux malotrus dans le sol, et je me dépêchais, car après tout, leurs vies elles-mêmes étaient en jeu. Je leur faisais les premiers soins d’usage, à savoir indiquer mes prix pour les remettre sur pied. Parfois en ajoutant quelques frais supplémentaires, pour euh...le déplacement, la prime de risques, la cotisation retraites, tout ça.


- Pssssssst...Comme mon absence de canne ne le montre pas, par voie de fait de par conséquent de par voilà, je suis médecin et je peux vous soigner vos blessures, contre rétribution généreuse et sincère ! Bien sûr je ne peux rien contre la honte que vous allez ressentir après vous être fait atomisés de la sorte, mais je connais une psy très efficace…
- Bl….blouerg…
- Oui je sens que vous avez mal. Nous disions donc...cinq mille pour le tout, et je vous donne un traitement de choc pour vous retaper les testicouilles. Terme médical pour parler de vos burnes.


Je sentis un transfert d’essences de vie conséquent et je sortis des parchemins que je commençais à griffonner avec des runes soignant le corps. Il leur en fallait une demi-douzaine chacun, mon prix restait abordable, mon savoir-faire avec les parchemins n’avait après tout jamais failli. Je posais ceux qu’il fallait sur leurs corps, surtout les têtes quand même. D’un coup d’œil, je vis fractures, hématomes, plaies et quelques lésions diverses. On devrait éviter les séquelles définitives, heureusement que j’étais sur place. J’avais clairement sous-estimé la puissance de la Mayor, si bien que je posai les mains au niveau des tempes des deux types et j’utilisai une infime pointe de Miracle pour favoriser leur rétablissement. Soupirant d’un coup, épuisé par l’effort, j’ouvrai les yeux sur mes mains tremblantes. Ça irait pour eux. Je n’avais pas fait une affaire, mais ils seraient remis sur pied assez vite pour refaire du bordel dans le coin. Je me relevai, fier de moi, et alla m’asseoir à la table de la Mayor.


- Lev Mayor, tu as dit ? Qu’est-ce qu’une Princesse comme toi fait dans la zone de Champiland ? Tu prépares une rave-party avec tes cousins ?


Je ne savais pas trop comment lancer la discussion, mais après réflexion, je me dis que c’était peut-être pas la meilleure entrée pour un repas en tête-à-tête.