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Le Jugement Dernier a lieu tous les jours. Aujourd'hui c'est le tien ! [Terminé]

Eliakim
Ligue B
Eliakim
Pouvoir : Fist Maker
Messages : 131
Le Jugement Dernier a lieu tous les jours. Aujourd'hui c'est le tien ! [Terminé] Sam 29 Aoû - 12:16

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Eliakim Killamanjiro

Si tu te fais ver de terre, ne t’étonnes pas qu’on t’écrase du pied !  

Le Jugement Dernier a lieu tous les jours. Aujourd'hui c'est le tien ! [Terminé] Eliaaa10
Surnom : Môsieur Connard
Sexe : Masculin
Age : 27 ans
Habite à : Milan
Activité : Prof de philo / Boxeur amateur
Phobie : Peur de se prendre des KO en boxe.
_____

Pouvoir : Fist Maker. Il peut invoquer des créatures du Royaume des 1000 dojos, uniquement des gants de boxe.
Arme : Sa grande gueule
Objet magique :
Alignement : Fanatique du Chaos
Objectifs : Convertir Dreamland au Chaos lors du Jugement Dernier
_____

Aime : Kant, lire la Bible, le Milan AC, Cristiano Ronaldo, le cappucino de Gian-Luca son pote tavergiste, Donald Trump, les costards Gucci ou Armani, le poker, la musculation, Jung et Freud, la Russie, Ernest Hemingway, J.D Salinger, Tom Hanks et l’adagio d’Albinoni in G Minor.
N'aime pas : la pizza, la Juventus de Turin, Balotelli, la politique, la sexualité en général, les jeux vidéos, la plage, manger de la viande, les philosophes français.
Classement : Ligue Baby, à vous de choisir son classement
Descriptions

Caractère dans le monde réel

Ce qui le caractérise le plus, ce serait le terme “grande gueule”. Ou “ferme ta grande gueule” ! Car Eliakim ne s’arrête jamais, que ce soit d’ouvrir sa gueule pour dire de la merde ou se foutre dedans. Il cherche toujours un peu les ennuis, quand ils ne viennent pas directement vers lui pour lui foutre un uppercut dans la tronche. Combatif, jamais dans l’abandon ou le renoncement, il montre une ténacité à toute épreuve, surtout quand il a pris quelqu’un en grippe, et même si cette personne est largement plus forte que lui. Une phrase qui pourrait le définir “pas de compromission, même devant l’Apocalypse”. Car il aimerait avoir le calme tempéré et nucléaire du Dr Manhattan, il tient plutôt de Rorschah : il considère que ce sont les autres qui sont enfermés avec lui, et il n’hésitera jamais à montrer pourquoi.

Cela étant, il a aussi son jardin secret, enfin pas tellement secret puisqu’il est prof de philosophie dans un lycée de Milan. Il partage son mental entre le goût de la baston, de la boxe, du free fight, sa passion pour la violence choisie, volontaire et assumée, et l’impératif catégorique d’Emmanuel Kant. Comme disait ce dernier “tout dépend de la faculté de juger, les biatches !” Enfin il disait pas ça comme ça, mais tout le monde avait bien compris.

C’est-à-dire que suivant les enseignements kantiens, comme celui-ci : “Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle”. C’est beau putain. Ce qui fait qu’il peut parfois péter d’énormes câbles et ressembler à une tempête, mais jamais si c’est uniquement pour sa gueule. Sauf s’il recherche la violence, car c’est un mec paradoxal, comme tout personnage intéressant digne de ce nom. Il prépare une thèse sur qu’il a titrée d’abord “Mon poing kantien finira dans ton cul d’Aristote” mais sa directrice de recherches lui a conseillé un titre plus littéraire et moins clip-de-rap. Il a opté pour “La morale dans les poings” tout en bossant sur le côté sur Hemingway en faisant de petites nouvelles autour de l’auteur.

Pour résumer sa pensée : ce qui est juste pour un doit l’être pour tous. Si cela n’est pas juste, mange mes phalanges gros connard. Mais il ne se considère pas comme un justicier, l’idée même de justice n’a pour lui peu de sens. Pour lui le jugement des autres et de soi passent par la connaissance des motivations et la force de la volonté. Ouais c’est vrai que c’est très nietzschéen, il commence à bosser sur lui petit à petit.


Caractère dans Dreamland

"Si mon cousin devient voyageur, on devra sans doute le tuer pour ses crimes".
Joy Killamanjiro, cousine basquienne

"Lui ? C'était un punching-ball de notre dojo à la base, puis il s'est réveillé pour tuer tout le monde. J'ai survécu juste parce qu'il voulait un café italien, un vrai, et j'ai fui".
Jean-Billy, un combattant de Katakuri Mayor des 1000 dojos

"J'sais pas, il m'a dit qu'il s'appelait Eliakim et qu'il allait me buter. Mais après il s'est mis à parler de Kant et il m'a saoulé toute la nuit avec l'impératif catégorique".

Herman, voyageur invocateur de merguez maudites, numéro 3 892 ligue Baby

"J'ai croisé ce gars, il m'a demandé si c'était vrai que Jung était encore en vie dans Dreamland. Quand je lui ai dit oui oui pour lui faire plaisir, il a hurlé de joie et il est parti en courant sans régler l'addition"
Cyril Toupac, cuisinier gastronome du Royaume des Restaurants

"Eliakim, c'est un philosophe qui ne veut pas philosopher autrement qu'avec ses poings  wallah. J'aurais pas aimé l'avoir comme disciple, miskine il m'aurait frappé à chaque désaccord wallah. De toute façon, on peut plus rien dire askip wallah"
Emmanuel Kant, s'il avait croisé Eliakim dans Dreamland.

"Il ne faut jamais croire les citations que vous trouvez sur Facebook"
Napoléon Bonaparte, qui passait par là.

"Sur une échelle de Villejuif, à quel niveau vous mettriez Markus dans le nouveau staff de Relouland ?"
Un enquêteur indigne travaillant pour des gens indignes

"Non mais vraiment, mon taré de fanatique de chrétien de cousin, je le croise je le tue. Quoi Clive ? Il te fait marrer et tu veux te le taper pour faire toute ma famille ? Attends voir, mon pouvoir n'a rien à voir avec celui que tu as connu !"
Encore et toujours Joy Killamanjiro, qui fait son intéressante et gnagnagna allez casse-toi.




Chronique historique


- Et le vainqueur est… 

J'sais pas. Pas moi en tout cas. Je me parle comme aç parce que c'est dans ma tête. Et ça résonne, pire qu'un moustique, un bourdon… Ces merdes d'insectes qui te harcèlent jusqu'à ce que tu rendes tes tripes mentales, ton jus de cerveau avec le bouillon de nerfs.
 C'était le dernier grand soir m'sieurs dames, le ring s'éteint, rideau sur les projos et sur mon blaze en haut de l'affiche. J'ai pas gagné, et encore pire, me voilà tout seul à turbiner dans la bécane à pensées. En principe je devrais dormir et me réveiller devant les yeux inquiets et furibards de Capelo, mon coach. Mais rien, je suis là, paumé et pris en pleine chute statufiée comme cette conne de Tour de Pise. 

Je remets un peu le déroulé du match au ralenti. Ouais, mauvaise posture, défense a chier, je réagis trop tard et le gars en face me met le carton plein. Ma gueule est devenue son sac de frappe et mes jambes ont lâché à la place de ma tête. C'est aussi con que ça. La tête n'a pas suivi, c'est le corps qui a répondu à sa place. On dit souvent que je suis pas en phase, cette fois c'était avec moi-même. Enfin… Cette masse de chair tabassée et qui gît dans le silence de la défaite. 

Je connais le refrain. Tu rentres au vestiaire, on tire la gueule, on ose pas mater la tienne parce que tu fais chialer les murs. Serviette chaude sur la tronche, la tête dans les genoux, la souffrance qui décide de faire une symphonie dans ton corps. Ta gueule cassée qui pulse par chacune des plaies...quand tu gagnes, ces sensations te font guerrier, survivant, invincible, vétéran. Quand tu perds, t'as juste le corps  et le charisme d'un caniche frappé dans une ruelle sombre. Avec les glapissements du sans-burnes qui vont avec. Tu regardes tes heures d'entraînement, qu'il va falloir reprendre, avec un goût de sang et d'amertume. La rancœur et l'humiliation. Le serviette n'est pas assez grande pour éponger tout ça. Personne peut. 

Que Dieu me vienne en aide. J’ai perdu des heures, j’en ai aussi gagné d’autres, à force de prier et de serrer fort ses petits poings musclés. Dans l’église près de chez moi, je prie et je demande la grâce, un signe des anges, quelque chose me reliant au Père et au Fils, à l’Esprit. Une illumination peut-être. Ma tête fait peur aux mômes et aux filles, le combat est perdu d’avance. Je mate le Christ planté sur sa croix de souffrances, j’me dis que mon sort n’est pas si mal, peut-être. La prière ne m’apporte qu’un dialogue intérieur, insuffisant. Quand ça arrive, je me souviens des écrits de Kant : « Dieu n’est pas une substance extérieure mais une relation morale en nous ». Voilà. Je cherche la relation avec moi-même et je reste allongé, KO dans le noir, sur un ring cosmique. Dieu a souvent joué à cache-cache avec ma tronche, surtout quand je préparais le séminaire. Mais sans sa présence, et décidément contre le célibat des prêtres et des moines, on s’est encore perdu de vue pour une partie ou deux. Kant disait aussi que Dieu échappe par nature à la science, il serait impossible de démontrer son existence. Ne reste qu’une ligne de conduite, stricte, morale, proche de la perfection, en dehors de la raison. Mais alors, pourquoi je prie ?


*

- Et le vainqueur est…

Ça recommence. Je suis de retour dans le game. Je fais mon retour triomphal sur le ring et j’ai...non ! Impossible ! J’ai encore perdu ! Pourtant j’étais placé sous la bénédiction du Très-Haut ! Je vois une forme indistincte, floue. De loin, on dirait le linceul du Fils de Dieu, Porteur de Lumière. Mais il s’éloigne, je ne l’intéresse pas. L’ai-je intéressé un jour ? Difficile à dire, quand durant mes longues prières je tombe toujours sur le répondeur de la transcendance. Noir et froid, le ring me prend et m’enveloppe comme un cercueil, des voix chuchotent autour de moi. Un projecteur s’allume, des bruits de pas s’ensuivent et font le tour de ma carcasse qui tremble. J’ai les yeux tuméfiés, le corps lourd, je ne sais plus où je suis. Ma raison s’affole et le reste d’esprit qui me vient est d’un calme tout à fait olympien. Étrange endroit. Une voix résonne, elle me fait frémir, et bientôt mon corps sert de viande pour un boxeur poids lourd qui a décidé que j’avais insulté sa sœur comme Materazzi…

- Faites rosir sa chair, qu’on sache un peu s’il vaut mieux qu’un sac de sable.

Et là, et là...tu sens d’abord comme un marteau dans l’abdomen. Suivi de près par tous ses potes, une bande de vingt ou de trente qui enchaîne les rafales. Ta peau s’affermit, rougit, bleuit, se pare de reflets violets, indigos, presque noirs. Un coucher de soleil qui cherche le K.O final. Le sang arrive, gicle et envoie des feux d’artifice sur ta chair qui demande pas mieux pour se couvrir, par pudeur sans doute. Les cris de douleur donnent le ton, les dents crispées les unes contre les autres, à les entendre crisser dans chacun des chocs. Putain, on m’envoie la sauce maison. De la maison-mère. On m’a encore jamais frappé comme aç’, et ça fait pas du bien. Tu imagines un coup qui essaie de te faire plonger dans le sol, par tout ton corps, d’un seul coup, comme s’il n’y avait qu’un seul coup possible. Là, ça recommence toutes les deux secondes. Le dernier coup. Encore le dernier. Suivi du dernier. Sauf que je m’enfonce pas. Tu es sur un tatami, mais tu t’enfonces pas, ouais mec. Plus tu encaisses et plus tu sens ton corps fracasser le sol, ce qui se trouve être le sol, sans bien savoir où tu es. Puis tu comprends. On te frappe pour que tu lâches l’affaire, que tu tombes, KO, merci m’sieurs dames, le show est terminé. Je l’ai connu. Tu viens de le connaître. Seul et isolé de tous, dans la grande miséricorde de Dieu qui n’est pas sur toi aujourd’hui pour te prendre en pitié. La voix qui résonne, elle te parle de nouveau, elle semble agacée. En boxe, on sent l’agacement par les déplacements, les coups plus lourds, ou le visage qui parvient encore malgré les coups à montrer de rares émotions. La bouche surtout. Crachante, cherchant le bon souffle, la bonne inspiration pour hacher le gars en face. Non, je refuse le K.O. On t’a souvent dit que tout est dans la tête, en sport comme au reste. Mais surtout, il y a quelque chose de profondément moral qui me touche. Ma moralité, c’est de ne plus laisser s’envoler la victoire, un combat, quoique que ce soit qui me diminuerait. Quitte à me métamorphoser, je ne veux plus qu’on me ferme les yeux sur une défaite, devant un public. Ce n’est pas une question de victoire, c’est simplement pour que tu te regardes encore dans la glace. Kant disait « Tu dois, donc tu peux. Une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule et même chose ». Ma morale refuse de te laisser partir dans l’inconscience des choses, des êtres et des infra-mondes. Je refuse. Tout cet être qui te porte le refuse, et je comprends maintenant la puissance de la volonté, quand l’impact moral pris en miroir de soi-même devient...une réalité sensible à mon entendement. Évident. Simple. Uppercut.

Je me réveille, en sueur. Un mauvais rêve. Soit. Mais quelle était cette voix dans ma tête, dans ce qui était ma tête ? Difficile à définir, à démontrer. Oh j’ai connu l’apprentissage des rêves, rapidement, à la faculté de Milan. Mais je ne suis pas fait pour la psychanalyse des êtres. Trop de légèreté, trop d’incertitudes, trop de cul, de cocaïne – assez pour tuer un canasson. Si tout est libidinal, alors nous sommes perdus. Or, nous sommes nés pour retrouver la Toute-Puissance de Dieu, et nous aspirons au Paradis, à la proximité avec tous les saints...ok, tout est peut-être libidinal, mais ça me ferait grandement chier. Des choses s’expliquent en dehors de nos sexualités et de nos désirs. La morale est là pour nous contraindre, mais aussi pour nous...grandir. Mais enfin, une chose me perturbe, car c’était comme si t’avais ressenti puissamment ce rêve, comme une réalité. Il me manque des concepts, des idées, des imageries valables pour penser cet état du corps. Tu commences à fouiller tes ouvrages de philosophie, mais il revient surtout une interrogation kantienne, évidemment, quoi d’autre ? « Comment peut-on percevoir sans concevoir ? ». La question est là, je n’ai pas l’outil intellectuel, conceptuel, philosophique adéquat. Ma perception est biaisée car il me manque la conscience de mon état, celui de sommeil. Il me manque une réalité dans le rêve. J’ai l’impression de revenir à l’écriture de ma thèse, et accumuler des conneries conceptuelles sur conneries d’intellos. Oh, on sort bien des bouquins comme ça, mais c’est pas ma came.

Mais avec tout ce merdier, tu parles à toi-même, à ce Kant qui te hante. « Des concepts sans matière sont vides ». Autrement dit, ma perception, ta faculté de juger, mes concepts, ta matière, la réalité, tout est inextricablement lié et relié au sommeil profond d’où cette voix est sortie, indépendante, forte, et surtout pro-active, motrice de mon rêve. Je finis mes cours avec les lycéens et je prends des médicaments pour dormir. Déjà parce que la prière n’est pas soporifique, contrairement à ce que croit une bonne partie de la populace païenne. Ensuite parce que je dois explorer cet état pour établir un support, une matière de travail possible où des concepts se dégagent entre la conscience et l’inconscience, un état entre le sommeil et un réveil...ailleurs ?

Tu esquives le club de boxe, les entraînements, les entretiens sur les prochains combats de la saison. La peur du K.O est évidente mais lointaine, par instinct de survie. Les boules. Bien remontées elles font acte de présence dans la rancune, l’amertume devient un tremblement, et au fil des renoncements, des reculs, des fuites en avant, la peur est la grande gagnante du championnat. Après quoi on n’est plus grand-chose, qu’une erreur se laissant errer sur une pseudo-découverte, peut-être. Mais quand tout un monde s’écroule, tu te raccroches à ce que tu peux. A la musique, Albinoni, à un verre d’eau et des somnifères. Oublier un temps l’échec et goûter dans le noir des nuits artificielles une lueur depuis ses tripes, si elles sont encore en place. Rien n’est moins sûr, pour toi. Mais faut bien vérifier la zone. Pas le choix. C’est comme remonter sur le ring, être dans le vestiaire, la serviette qui cache la frousse des coups, du public, la défaite d’une idée, d’une pensée incarnée dans un corps. Chaque putain d’écrivain devrait monter prendre les gants et taquiner le connard d’en face, un jour dans sa vie. On comprend ce que c’est, la sociologie, l’identité de soi, des autres, ce qu’on appelle les convictions, ce qu’on porte en haut de nos épaules, qui descend entre nos omoplates, ce que tout le monde regarde et juge sans en avoir conscience, sans en avoir même les capacités philosophiques – tu ne parles même pas de la connaissance, qui est un mythe.

- Encore lui ? Essayez de faire mieux que la nuit dernière cette fois !

J’y suis. La voix est revenue. Pas toute seule, elle arrive avec son cortège funéraire, le ring éclairé par un projo minable, des murmures qui sont des éclats de voix énormes dont on aurait baissé le volume quelque part, j’en sais rien. Tout autour du ring, le noir, l’absence, le vide et cette voix qui parle en rentrant dans ma tête, comme une seringue sonore. Tu secoues le crâne mais y’a rien qui bouge dans ta carcasse. Immobilisé, paralysé, tu assistes à ton figement et t’as aucun appui, rien pour te donner le courage, encore moins de la force. La volonté ? Oubliée, évaporée, en fugue depuis le départ. Elle n’a même peut-être jamais existé. Tout est fini. Je le sais parce que je le sens, et que mes sens ne me trompent pas car ils flottent, suspendus, arrêtés dans le temps de ce rêve, ce que j’estime comme étant un rêve, faut dire. Est-ce cela, ce qui s’appelle mourir ? Est-ce un coma ? Le KO ne serait alors qu’un début, la fin serait bien pire ? Tu n’oses pas y croire. Pas ici. Pas maintenant. Tu sens un feu énorme monter de tout ce qui est indicible en toi. D’aucuns diraient la personnalité, les plus mystiques parleront d’âme. Moi j’appelle ça, avec Nietzsche, la vitalité, la volonté de puissance enfouie en chacun de nous. Ça m’amène une autre idée – salvatrice. Si je suis paralysé, c’est que je suis fort. Si je suis fort, c’est qu’on me paralyse pour une bonne raison. S’il y avait une bonne raison à ça, ce serait la faiblesse de mon adversaire…

Ce brave Friedrich disait la chose suivante : « on ne combat pas quelqu’un simplement pour lui faire du mal, mais pour le plaisir de prendre conscience de sa force ». Le faible adore admirer la force du fort, il le contraint pour observer la puissance de sa vitalité en action. Timide et impuissant, le faible est un spectateur, un voyeur, un maître qui, depuis sa distante place, agir sur le fort sans le craindre. Pourquoi as-tu cette impression, désormais ? Tu n’en sais rien, mais il y a quelque chose de profondément sensé, qui fait frémir ta chair et qui remue tes muscles. Une idée est impossible à mettre KO, on ne frappe pas une force vitale. Rien dans ce monde ne peut réellement l’enlever. Et c’était là, dans ce dénuement sadique, tout ce qu’il te reste. Tandis que tu cogites, je vois un gant de boxe arriver sur moi. Pas de corps, juste un poing. Je reprends les cours de marteaux, mais cette fois, je l’ai vu ! Juste le temps de hurler de douleur, que l’euphorie m’envahit. Je l’ai vu ! Le poing, un seul poing, d’une puissance et d’une vitesse incomparables. Tout cela est inhumain, tu le sais maintenant, car tu rêves…

Cette fois on me marave dans les règles de l’art. Tout le corps y passe, et j’enchaîne les KO, les réveils, les KO, les réveils, dans un rythme effréné. On me pousse à bout, on essaie de me faire quelque chose, mais quoi ? Mon corps est un morceau de viande sanglante et balbutiante, mes veines sont majoritairement explosées dans tous les sens, comme mes réflexions. Mais tu tiens bon, tu tiens les chocs, et tu vois qu’il s’agit d’un gant, un poing, dur comme l’acier. Je l’ai vu, et cette seule me tient à peu près éveillé, mais je n’ai pas eu suffisant de force pour tenir la distance. Je me réveille en sueur dans le pageot, le corps endolori, criant mentalement sa souffrance. Je dois somatiser, mais une fois revenu à la réalité, l’impression reste présente...et pugnace. La devise des légionnaires romains était Semper Pugnanti. Ça pourrait être celle de mon ennemi rêvé. Mais pas la mienne, même si je dois descendre de quelques fils de pute de la Légion. Je suis réveillé, c’était pas un rêve, je prépare un café et j’en suis sûr...les nuits prochaines, je me fais cet enfoiré. Tu trembles rien que d’y penser, tu es terrorisé, au fond de toi, et tu le sais. Mais si la victoire s’arrache à un moment, elle aura la saveur de toutes les victoires réunies...unique et puissante, la mienne, propre à mes tripes, et ton cœur qui veut en découdre.

*

J’ai mis du temps avant de gagner. Avant d’être ce que je suis devenu, que je ne comprends pas tout à fait. Ce qu’ils appellent un voyageur. J’ai pris des coups des nuits durant, ma peur s’accentuait et prenait des chemins détournées, changeait de visages dans les poings pour me surprendre. Puis finalement, une nuit, c’était la bonne. A force de prendre les coups tu t’adaptes et tu résistes. Cette nuit là ils faisaient aussi mal, ils tapaient aussi durement, sans pitié. J’avais l’habitude. Puis j’sais pas, à un moment j’ai tout abandonné, j’ai laissé les coups venir sans chercher à faire en sorte qu’ils fassent moins mal, j’ai ouvert les vannes et j’ai souri. La voix a paniqué, elle a compris le tournant.

- Arrêtez ! Il se fout de nous, il est en train de combattre sa peur du KO !
- Non, impossible, c’est une chiasse d’humain, il est incapable de réaliser une telle prouesse !

Ah ouais mon con ? Pourtant je suis là et j’ai compris. La volonté de puissance, le jugement universel, m’accorder en âme et en corps, tout ça ne dépend que de ma volonté. J’ai épluché tous les textes autour du rêve et Carl Gustav Jung t’a causé d’inconscient collectif. Qu’est-ce que t’as compris ? Que les déphasés du réel sont les éveillés de l’inconscient. Ouais, Jung parle de « compensation entre conscient et inconscient ». On a toujours dit que je suis un OVNI, et depuis quelques semaines en dehors du ring, avec la peur qui me tiraille le bide, j’ai l’impression d’être hors-sol, de louper les évidences du réel, de faire cours comme un zombie, un automate, attiré par la vie du dehors, toujours celle du dehors, jamais la vie, le concret, le palpable en suspension tout autour de moi. Comme si la vie était une fuite d’eau qu’on essayait de tenir avec des cure-dents. J’ai forcé mon éloignement de la conscience pour approcher l’inconscient. Premièrement. Ensuite, Carlos a dit que l’individu doit libérer le Soi. On doit se libérer des fausses enveloppes dont s’entoure notre corps, notre esprit, tout ce qu’on est, et tenir pour vraies et efficaces les images inconscientes, ce qu’on est réellement. J’ai compris ce qui était derrière ces poings qui me mettaient KO. Rien que moi. La peur. Ma peur. Une phobie comme ils disent. Celle d’être jugé à chaque fois que je prends un coup, de paraître faible, de sembler friable. Une pensée de jugement négatif entraînant une autre, je me retrouve KO, débordé non pas par mon adversaire, mais par la peur d’être mal jugé. Kant, enfant de salope, va. Le jugement universel n’est valable que par un seul biais : mon propre jugement. Ma valeur est celle de l’univers, mais j’ai trop laissé l’univers me déborder et faire en sorte que je devais lui plaire. Sans jamais ME plaire.

Ils ne peuvent plus rien contre toi. Je suis trop fort, trop confiant en mes propres capacités. Je suis prêt à montrer qui Je Suis, cette carcasse qui est moi, pleinement, entièrement, tranquillement moi. Mon être au sein de l’universel, parti de lui, extrait de lui. Les rêves sont les murmures de la nature, troisièmement, disait Gustavo. J’ai compris que l’univers prenait un raccourci pour m’éveiller et faire que je me possède de nouveau. Guidé par mon instinct animal, je peux m’affûter de nouveau pour la guerre. Pour la gloire de la maison-mère. Je suis collectif, j’appartiens comme tous les autres à la multitude, mais je n’ai pas peur de déplaire, de ne pas correspondre à ce que les coachs, directeurs, collègues, lecteurs attendent de moi. Non pas en considérant mon être comme supérieur, mais tout simplement en sachant que je vaux quelque chose. La volonté de puissance, la faculté de juger, la force de la volonté, l’estime de Soi...je n’en suis que le seul moteur et ces poings me l’ont appris à leur manière. Brutalement, mais définitivement.

- Il est en train de devenir voyageur ! Sauve qui peuuuuuuuuut !

Vos gueules, les merdes. Je vois des dizaines de gants de boxe foncer dans mes poings. Serrés, comme eux. Nos phalanges se rencontrent et je les assimile. Gant après gant, c’est comme si je les digérais avec mes doigts, ma paume, les os, les ongles même. Les lumières s’allument, je vois qu’il s’agit d’un grand dojo, avec des mecs aux oreilles pointues qui me matent, l’air dégoûté. Je suis soigné, et en forme. J’ai l’impression d’être dans la réalité, mais d’être doté d’un pouvoir qu’il suffit...oui, ça vit en moi, comme des voix lointaines qui veulent sortir par mes mains, et montrer au reste du monde comment ils se battent sur toutes les scènes. Je ressens aussi l’envie de sang, l’appel au meurtre, ring ou pas ring.

Un sourire se forme sur ton visage. C’était que le premier round, le combat ne fait que commencer.

Dinnnnnnnng dinnnnng diiiiiing !


Dernière édition par Eliakim le Sam 19 Sep - 12:16, édité 2 fois
Hazel
Créature
Hazel
Pouvoir : Pouvoir des animaux
Messages : 169
Re: Le Jugement Dernier a lieu tous les jours. Aujourd'hui c'est le tien ! [Terminé] Jeu 17 Sep - 23:42

Fiche validée !

Kant à ton classement, tu commenceras ton aventure onirique cauchemardesque en tant que N°1556 de la ligue B ! Fous pas trop le boxon :p

Oublie pas de faire ta fiche technique et de faire valider ton avatar dans le topic Liste des avatars Smile
Bon rp, avance le cœur léger mais toujours le poing levé !
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