La Voie de la Perfection [Zéphyr & Joy]

- Joy ! Joy ! Arrête de faire la morte ! Joy…
- Qu’est-ce...qui es-tu ?
- Jock. Putain, Joy ! J’ai cru que tu étais morte ! Ils t’ont laissé en vie grâce à un homme avec un masque d’or ! Qu’est-ce qu’il y a encore ?
- Je suis...morte. Ils m’ont laissé en vie pour que je réfléchisse sur ma disparition.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Arrête un peu, va voir ton seigneur et…
- Mon seigneur m’a tuée...vendue...abattue. J’ai perdu cette partie, Jock. C’est…
- Non…
- C’est fini.
- Non.


Assise sur le lit superposé de quatorze étages des frères de Jock, Joy Killamanjiro était une momie entourée de bandages. Retrouvée dans le coma par la mère de Jock dans la banlieue de Kazinopolis, qui fut alertée par Sonia, elle passa une partie du dernier mois plongée dans un coma onirique, juste une paralysie totale, une absence sans être absente, une présence sans être présente. Le choc des mots, la violence de voir sa Princesse utilisée par son propre frère, la coalition organisée autour d’Euclide, tout tournait à vide dans sa tête. Jusqu’à l’overdose, le point de rupture. Elle se mit à hurler durant des nuits entières, quand elle comprit, enfin. Comprendre que c’en était fini. Comprendre qu’elle était une esclave de la Famille, voyageuse vendue comme une marchandise dont on doit se débarrasser. Comprendre que l’amour avait été coupé en deux, et personne ne reviendrait jamais cicatriser l’énorme balafre tailladant non pas le cœur, mais l’entièreté du corps de la jeune femme. Saisie de tremblements, de tristesse, de rage, d’un désespoir fou sans même avoir l’idée de se foutre en l’air, Joy hurlait toutes les nuits le nom de Lili-Anna en éclatant en sanglots, jusqu’à s’en cisailler la gorge. Après ça, le silence, l’acceptation, la dépression, et la résignation comme un suicide quotidien.







- Ouvre les yeux, Yoro-chwan.
…
- Ouvre les yeux, ton maître te l’ordonne.
…
- Tu vis ou tu rêves ?
- J’ouvre les yeux, et je ne sais plus, Futago-senseï.
- Répète un peu le principe que je t’ai énoncé hier.
- L'essence de l'Aïkido c'est de vous purifier de toute votre malice, de vous mettre en harmonie avec votre environnement, et de nettoyer votre chemin de tous les obstacles, de toutes les barrières.
- Exactement. Qu’en dis-tu ?
- Que vous avez bien digéré Ueshiba.
- Senseï Morihei Ueshiba.
- Lui-même. J’en dis que la malice ne dépend pas de nous, que l’harmonie ne se trouve nulle part autour de moi. Mon chemin est fait d’obstacles infranchissables et de barrières mortelles. Je ne sais pas ce que Ueshiba peut répondre à ça…
- Yoro-chwan , ton cœur n’est pas vide, tu n’es pas dans le ciel, tu n’es pas avec l’Univers.
- J’ai déjà du mal à être à l’heure, vous croyez quoi ?
- Tes réponses ne font que dévier la vraie réponse qui est en toi. Tes réponses ne sont que les parades d’un éventail face à la force de l’ouragan qui te démonte et éventre tes entrailles. Tu vois l’Univers par sa malice et ses horreurs, tu penses que l’aïkido que j’enseigne ici n’est qu’un sport, un art martial de plus ? Non, c’est une philosophie du corps et de la vie, une pureté de l’âme et un assouplissement de nos pensées les plus démoniaques.
- Je suis venue pour ça, mais je ne comprends pas comment vous pouvez vous débarrasser de vos problèmes sans jamais attaquer.
- Quand tu blesses un adversaire, tu t’infliges du mal à toi-même...nous ne répondons pas à l’agression par le mal, mais par la parade, par la force de la maîtrise du corps, et par l’esprit. La force, si elle existe, n’est rien dans notre sport.
- La force gouverne ce monde, vous rêvez avec de beaux gestes et des phrases à l’emporte-pièce !


La voyageuse prit son bol de champignons noirs et de tofu soyeux et le balança contre un mur, de rage. Futago, le panda qui lui apprenait l’aïkido depuis quelques nuits soupira de voir son élève aussi emportée, et se tourna vers les autres disciples du dojo, le temple qui appartenait à la famille du maître. Comme à son habitude, il releva les manches de sa chemise, desserra son nœud de cravate et s’adressa à tous les disciples qui étaient en train de manger tout en discutant des préceptes de l’art martial qui les concernaient.


- Mangez, mes enfants, mangez ! Vous en aurez besoin ! N’écoutez pas notre nouvelle recrue Yoro-chwan qui, malgré tous ses pouvoirs, n’a pas encore compris l’essence de notre art. En attendant, je vous signale que le tournoi des arts martiaux débutera demain, et que je compte sur vous pour donner le meilleur de vous-mêmes. Rappelez-vous que si le style du sleeping-fu est le plus côté en ce moment, l’aïkido peut aisément venir à bout de toutes les difficultés. Faites le vide en vous, consolidez votre pensée et armez-vous de votre mental. Enfin, j’espère que vous serez tous à la hauteur de notre devise : « La Voie de la Perfection dépend des actions souples de l’esprit qui est en maîtrise totale de lui-même. Je ne fais qu’un avec l’Univers ».
- LE MONDE EST MA MAISON !
- Le monde est ma maison, et aussi la vôtre, mes chers élèves ! Yoro-chwan, Bae-Shin-Ji, vous débarrassez vos camarades. Bae, félicitations pour tes réponses, tu prends le chemin de la Voie.


Joy aka Yoro-chwan poussa un soupir. Elle n’était pas vraiment là pour être ici. Au départ de sa mission, elle devait fragiliser les fondations de Pandaland pour créer des troubles dans le pays. Mais au détour d’une promenade elle était tombée sur un cours d’aikido qui la fascina, et elle décida de passer quelques jours, au risque de se faire prendre par la patrouille. Elle avait un alibi, le tournoi des arts martiaux du Royaume allait amener d’énormes pointures, l’occasion pour elle de placer des pions, ou même d’en tuer quelques uns, au pire. Pour l’heure elle nettoyait le dojo sali par le repas tandis que les élèves avaient quartier libre non loin, à l’étang qui les rafraîchissait après des heures de contrôles musculaires et de pensées savantes faites de citations et d’évidences universelles. Elle jeta un coup d’œil à Bae, une jeune panda bipède et énergique qui visait la première place parmi les élèves du dojo. Acharnée, hargneuse et mauvaise tête, Bae se donnait à 100 % dans la Voie de la Perfection, et Joy aka Yoro-Chwan était un obstacle qu’elle n’arrivait pas à passer. Malgré son incompréhension totale des principes de l’aïkido, Joy aka  Yoro-chwan était devenue assez rapidement l’élève la plus prometteuse du dojo. Ce qui avait créé des tensions, et des jalousies envers ses capacités, ses pouvoirs capables de renverser des combats ou des mouvements millimétrés et mesurés. Mieux que ça : son pouvoir était fait pour cet art martial. Mais elle ne comprenait rien à l’esprit qui animait les corps de ce sport.





- Dis Bae, tu as compris le truc autour du lien au vide véritable ?
- Bien sûr, pas toi  Yoro-chwan ?
- J’ai rien bitté !
- Je n’en doute pas une minute...bon, même si je ne devrais pas t’expliquer, je vais essayer de le faire parce que le senseï place de bons espoirs en toi. En gros, il faut qu’en combat tu t’oublies pour laisser ton être s’unir avec l’univers, trouver le vide, le vrai vide, pour comprendre que la force n’est rien sans la maîtrise, que blesser l’autre ne te fait pas gagner, que la victoire ne mène à rien. Le corps répond à nos exigences mentales, et celles-ci sont faites de vide : nous sommes dans le ciel, dans le cosmos, et nous ne devons que nous défaire de nos pensées, nos mauvaises pensées pour agir en harmonie avec le réel. Tu comprends ?
- Vite fait quoi.
- Bon sang,  Yoro-chwan, comment tu peux gérer notre art sans comprendre l’enseignement supérieur ?
- J’ai un pouvoir…
- Le pouvoir est l’apanage des faibles, la force réside dans…
- Blablabla...va dire à Clive Higgins que son pouvoir est l’apanage des faibles, tu vas voir ce qu’il va te dire…
- Tu es impossible…
- Bae ?
- Oui ?
- Bonne chance pour le tournoi, tu vas être remarquable !
- Je ne le fais pas pour moi, je le fais pour le senseï et pour le prestige du dojo.


La jeune panda quitta la pièce et laissa la jeune voyageuse toute seule avec les restes de l’apprentissage. Elle se mit à léviter et partit en méditation. Le tournoi arrivait, il était temps de montrer à ce dojo ce qu’était la vraie force.

Futago-senseï:

Bae:

La nuit suivante.


Le temps de préparation pour enfiler ce putain de kimono avait été infini, mais Joy était fière de le porter. Elle l’avait choisi chez un maître couturier spécialisé dans le design et la couture parfaite, comme un art ancestral et surtout une tradition à défendre. Il était normal, lors du tournoi d’arts martiaux, d’apparaître dans un beau vêtement. La coutume montrait non seulement le goût du combattant, mais également sa richesse. Et autant dire que Joy avait fait péter le budget en prenant un kimono vert malachite aux fleurs de cerisier blanc, un de ses arbres favoris. L’ensemble était d’une beauté époustouflante, et elle se jura de le conserver intact à tout jamais. Elle avait mis du temps pour le mettre correctement, aidée par les élèves et jugée hautement par Maître Futago. Dans un petit sac qu’elle tenait à la main, elle avait sa tenue de combat, prête à l’emploi. Mais pour l’inscription du dojo le premier jour, il valait mieux poser pour impressionner la galerie. Le plan était tout autre pour la jeune combattante, puisqu’il lui faudrait repérer ses premiers contacts parmi les combattants, au mieux chercher la pègre, au pire...prendre du plaisir durant la balade en barque qui les mènerait inévitablement vers les marches de la scène de tous les combats.





Le chemin avait été plutôt rapide, les pandas se laissent traîner dans d’immenses charrettes qui amènent tous les combats de la même manière, depuis les quatre coins du royaume, pour respecter la tradition, et surtout pour ne pas aller trop vite bien sûr. Les pandas détestaient ce qui pouvaient aller vite, et les combattants étaient déjà bien assez rapides pour le commun des pandas du royaume. Ainsi les charrettes, puis les barques déposaient les combattants sur des marches baignées par une eau claire qui balançait quelques nénuphars vivants. L’ambiance était idyllique, le Royaume montrait à la fois tout son savoir-faire, toute sa beauté, et toute sa noble paresse. Au moment de sauter de la barque, Joy admira l’ensemble proposé à ses yeux et elle n’eut de cesse de s’extasier sans mot dire. Devant elle, le Temple du Guerrier accueillait le tournoi du meilleur combattant, et l’effervescence commençait à atteindre les jeunes élèves de Futago.

Le Temple du Guerrier:

On arrivait pas l’arène, stylisée et balayée régulièrement par des agents d’entretien, des pandas qui faisaient à peu près un mouvement par minute, ce qui donnait un ensemble étonnant et contagieux. Joy avait envie de bouger au ralenti, voire de faire une sieste. Mais enfin pas le temps de niaiser, il fallait s’inscrire dans l’énorme bâtiment principal, pris d’assaut par tous les jeunes combattants. Elle avança avec son groupe et elle sentit bien les regards posés sur Futago et sur Bae qui faisait office de favorite parmi toutes les rivales. La matheuse esquissa un sourire, elle était donc dans la stratégie du challenger qui fait son entrée sans prévenir. Une bonne chose, anticipée de loin par Maître Futago. Vieux loup de mer, il connaissait bien son affaire. Elle attendit le tour du dojo en regardant tous les guerriers, de tous les âges, de toutes les disciplines. Puis vint son tour. Un panda fatigué et usé tenait une plume et soupirait à cause de la cadence de travail.


- Bonjour.
- Mouais. Nom prénom catégorie. Vous donnera votre numéro et votre adversaire….pffff
- Bien. Yoro Kirrumannugiro. Voyageuse et combattante d’aïkido.
…


Le panda était en train de ronfler, la main sur la joue, la tête penchant sur le côté, de la bave sortant du côté de la bouche. Il poussait des petits bruits d’aise tandis que la voyageuse le regardait endormi, d’un air interdit. La scène était quasiment irréelle, puisqu’il y avait plusieurs centaines de combattants venus pour s’enregistrer, derrière elle. Elle tapota un petit peu sur la table, zieuta Bae sur la table d’à côté avec un vieux panda qui tenait une sorte de maté en tremblant. L’autre haussa les épaules. Joy toussota un peu, moyennement, puis hurla un grand coup en tapant sur la table. Le vieux panda se réveilla, ravala sa bave et reprit le cours de la discussion comme si de rien.


- Yoro Kirru. Pffff. 104. Pffff.
- Merccccccci.
- J’ai arrêté de vous écouter au deuxième c. Pfffff
- Trop aimable.


Elle fit demi-tour et rejoignit Bae qui l’attendait avec deux élèves et un groupe portant des tenues d’aïkido. Ils semblaient revenir de l’entraînement. Le plus grand et le plus fort d’entre eux était un tigre taillé comme un athlète. Un gabarit taillé pour ce genre de sport, et une gueule à vouloir bouffer des médailles au petit-déjeuner. Il n’inspirait rien qui vaille à la voyageuse, surtout quand il la zieuta avec hauteur et un air clairement affiché de mépris. Il avait un sérieux grave qui allait jusqu’à la noirceur profonde, et son énorme katana ne disait rien d’autre.


- Cette année vous n’avez aucune chance, Futago est dépassé par nos jeunes talents ! Profitez bien de vos premiers combats, car vous n’allez pas rester longtemps ! Tiens, voilà les karatékas qui arrivent. J’espère que cette année on les verra au moins dans les phases finales. Ce serait con que j’en découpe un ou deux juste pour le plaisir...Retenez mon nom, on m'appelle le Dernier Dan. Dan Black pour les pros.

Dan:

Parfait, aujourd’hui était le grand jour. C’était le tournoi, pas n’importe lequel hein. Aujourd’hui il prouverait à son sensei qu’il n’utiliserait son pouvoir que s’il était en difficulté. D’ailleurs en parlant de difficultés, il y en avait une qui lui avait fait prendre du retard sur les quelques membres de son dojo qui participaient au tournoi. Bon forcément il ne les avait pas suivis vu qu’il ne parlait simplement qu’au sensei sans donner d’attention aux autres. La majorité était des pandas assez calmes et peu bruyants sans personnalité transcendante. Il n’avait pas beaucoup d’intérêt à leur donner. Je parlais donc de sa difficulté, celle de choisir un kimono qu’il aimait. Son sensei lui avait dit qu’il le lui offrait vu que Zeph’ n’avait pas un rond. Il avait choisi après un certain temps un kimono noir sans manches. Il serait simple à porter et assez large pour le combat et les mouvements sec.



Arrivant au bâtiment principale et ayant vu l’arène de base, il était stupéfait c’était d’une beauté impressionnante tout en restant extrêmement propre et soigné. Son arrivée n’était pas plus marquée qu’une autre. Il arriva en même temps que son groupe, celui des karatékas. Il jaugea rapidement ceux qui attendaient à l’entrée. Ils n’avaient pas l’air très aimable. Surtout ce Tigre au regard hautain. Il lui fit un léger clin d’œil lorsqu'il l’observa, lui faisant lâcher un léger rugissement de menace, genre fallait pas le chercher ou c’était la correction. Il y en avait une autre, surement une voyageuse. C’était la première qu’il voyait pour l’instant. Il y en aurait surement d’autre.  Elle lui disait vaguement quelque chose. Il avait dû entendre parler d’elle dans le dreammag. Meh, il n’y prêta pas plus d’attention, le tournoi lui obnubilait déjà assez les pensées. Avant de pouvoir s’inscrire il du d’abord attendre une interminable demi-heure, puis s’arrêta devant le mec dont la fatigue était surement plus grande que son avenir en lui-même, qui était surement aussi la raison principale de cette trop longue attente.

-Yosh.

-Hmm. Nom prénom catégorie. Vous donnera numéro et adversaire…

- Moréas Zéphyr. Voyageur et karatéka.

- . . .


Il s’était à moitié endormi durant ce qu’il disait. Et se réveilla surement au moment où Zéphyr soupira. Comme s’il avait capté les émotions du jeune voyageur. Enfin c’était panda land pas volt city. Rien ne l’étonnait ici et il avait appris à prendre son temps en ces lieux. Il s’étira vite fait en attendant les réponses du panda.

-Hmmm… Zeph .... More ... Hmmm… 226…

-Merci.

Il partit donc s’adosser à un mur proche, toujours observé par les autres mecs de la pièce. Ça l’énervait pas mal, mais il resterait calme et se contentait de maintenir le regard. Il ne baissait pas les yeux. Il n’avait pas de toute façon à le baisser. Il détournait du regard lorsqu’il entendait des chuchotements de gens qui le regardaient mal. Ouais en même temps il avait cette espèce d’aura autour de lui. Comme s’il possédait un voile qui disait « Enfant du sheitan fils des ombres ne pas approcher ! » Il n’aimait pas cette étiquette qu’on lui collait. Il n’avait juste pas envie d’approcher des gens comme ce tigre chelou. Ou certains ne lui donnait juste pas envie. M’enfin le tournoi et la sélection allait bientôt commencer. Il s’échauffa donc légèrement en s’étirant un peu de partout. Réajustant son Kimono qui allait enfin avec ses muscles. Muscles qu’il possédait enfin, il s’était remis au sport intensif il y a 6 mois et cela commençait à bien faire ses fruits. Merci la course, la muscu et le tennis !

Dans les vestiaires des participants, les concurrents regardaient Joy avec un drôle d’air. Elle passa au milieu d’eux, prit une bouteille d’eau et alla se rafraîchir en prenant une place dans les gradins isolée. Le vieux les lui brisait, à parler du dojo, de l’honneur, du respect, de la signification des choses...il parlait comme elle quand elle débutait en tant que voyageuse. Idéaliste, rempli d’espoir, fier sur ses principes et sa morale de merde. Joy s’était éloignée de ça, et l’entendre de la bouche d’une créature la mettait dans une rage pas possible. Une capuche sur le crâne, elle reprenait son air de bad girl, fidèle à sa teinture rousse sanguine des premiers temps au sein de la mafia. La mafia...le groupe l’avait transformée à ce point ? Elle avait un peu oublié à qui elle devait allégeance, depuis le temps. Futago était Joy, et Joy s’était perdue. Pas moyen de faire marche arrière, surtout en sentant une présence dans l’allée à côté du gradin sans personne autour. Un messager ?


- Ordre d’assassinat qui vient de tomber pour toi, Dantès. Tu dois tuer Dan Black. Tu confirmes ?
- Ok ça me va.
- L’est pas tout seul. Tu as Futago à tuer également.
- Je l’ai déjà battu, considérez-le comme déjà mort.
- On le veut sans pouls, pas avec un dojo qui crie son nom.
- Je fais mon taf, faites le vôtre en silence.


Le messager s’éclipsa et Bae vint peu après s’asseoir à côté de Joy. Le combat du voyageur à qui elle avait parlé se finissait. Facilement, pas de pouvoir visible. Physiquement il tenait la route, le jeune, quoiqu’il en montrait sans doute un peu trop. Devenant une cible à prendre au sérieux, il accumulait les discussions stratégiques. Il valait mieux dans ce genre de tournoi en montrer le moins possible, retenir le moment où la technique physique et l’art du combat seront révélés, parce qu’il le faut. Faisant une moue, elle jaugea le niveau du jeune voyageur. Battable, pas facilement, mais battable, sans nul doute.


- Bae ?
- J’ai vu le combat de ton prochain adversaire. C’est l’un des pontes du dojo Toriko, et le jeune que tu as démonté faisait partie de ses disciples favoris. Autant dire qu’il t’en veut à mort.
- A mort ? Un jeu dangereux pour lui, la mort.
- Yoro ! Ne prends pas ce tournoi à la légère ! Tu représentes le Dojo Futago je te rappelle !


Joy se leva, releva sa capuche et toisa les participants alors que les combattants faisaient leurs matchs devant eux. Elle soupira. Quelle mission de merde, à se prendre des réflexions de moralité exemplaire par tout le monde. Tous ces guignols qui faisaient les malins ne seraient jamais rien sur un champ de bataille, et elle allait leur apprendre de la manière la plus amère qui soit. Elle s’en alla les mains dans les poches, sans répondre à la jeune pandarousse pleine de zèle, qui resta interloquée par le départ de sa camarade.

Tranquille dans l’allée proche des gradins, désormais vide, Joy s’arrêta et pensa aux mots de Futago-senseï.


- Ne regardez pas ce monde avec peur et dédain. Avancez bravement, quels que soient les présents des dieux. Putain mais qu’est-ce que ça veut dire…….

Combat passé sans directement montrer son pouvoir ? Check. Combattants dans le vestiaire qui te regarde de travers pour ce sourire narquois à la fin du combat ? Check. Sourire de fuckboy en passant devant eux dans le vestiaire le tout en faisant tourner la petite bouteille puis rattrapage stylé ? Check. Parfait, Zeph’ lâcha un dernier petit rire en quittant le vestiaire, serviette sur le dos et s’aspergeant gentiment le visage. C’était sympa comme ambiance, il faisait bon, la tenue de karaté lui permettait aérodynamisme tout en restant confortable. Il alla s’installer à côté de son sensei, qui le félicita puis le gronda de ne pas avoir fait un peu plus durer et de ne pas montrer tant de force.

- Enfin si on ne peut plus profiter de surprendre un adversaire prédictible ou est le plaisir sensei ?

- Zéphyr petite pousse de bambou des plaines. Et si jamais quelqu’un de bien plus fort comprends comment te combattre en te prenant au sérieux ? Profite de chaque avantage que tu peux prendre. Et comme on a dit, pas de trucs bizarre comme tu as fait à ton entrée hein ?

- Haï haï sensei. Ne parlez pas trop fort de tout ça, je ne veux pas risquer que les gens comprennent.

Zeph’ profitait désormais des autres combats qui se déroulaient en discutant avec un autre élève du dojo. Il en profitait aussi pour lâcher des regards provocateurs à ceux qui essayaient de l’analyser dans son comportement. Zeph’ souhaitait de toute façon se faire remarquer ici. Il le ferait surement durant l’un des prochains combats. Il avait quelques techniques qu’il allait tester. Il remarqua aussi un petit truc du coin de l’œil, cette voyageuse qui l’avait salué juste avant, partait de son côté capuche mise. Il faisait beau pourtant non ? La pression ? Non elle était clairement forte, les petites rumeurs de sa force dans le public courraient. Zéphyr gardait un peu à l’œil les gens qui se faisaient remarquer. Il analysait chaque mouvement de chaque combat. C’était clairement sa passion. Le combat, les bastons avec des mouvements tous plus impressionnants les uns que les autres. Zéphyr s’excitait vraiment pour un rien c’est fou. Toujours ce petit sourire à chaque fois que quelqu’un retournait l’avantage d’un combat. Il était comme un gamin ici. D’ailleurs l’élève avec qui il discutait l’interrompit dans son analyse du combat.

- D’ailleurs Zéph senpai.

- Hm ?

- Tu comptes utiliser l’enchainement que tu as travaillé avec moi ? Enfin si tu y arrives tu gagneras pas mal de points auprès de sensei.

- Pas faux ! Ouais je crois que je vais essayer de le caser dans un combat. Si j’arrive à passer le premier mouvement le combat est gagné. Je l’ai amélioré tu verras kchéhéhé.

-Ahhh je suis jaloux je veux savoir ce que t'as changéé !

Ils se firent interrompre par des types qui regardaient le match. Ouais c’est vrai qu’il fallait être silencieux ici, même si bon on savait très bien que Zeph’ s’en battait royal les couilles. Il soupira et se remit dans le combat. Ça l’énervait de se faire reprendre par des vieux.

Pendant que d’autres commençait à combattre, Zéphyr était partit vers les vestiaires, partit se concentrer et essayer de se canaliser pour ne pas trop abuser de ses pouvoirs. La clé c’était de ne pas laisser deviner quel était son pouvoir. Ici il devait y avoir des gars qui le connaissaient s’ils étaient passés à Delirium, mais c’était infiniment improbable que l’on le reconnaisse. Il travaillait donc quelques enchainements en se rappelant les fondements de l’art qu’il travaillait ses derniers temps, tant en vrai qu’à Dreamland. Ses sensei lui avaient beaucoup appris. Que ce soit sur le plan psychologique, que sur le plan physique. Malheureusement pour eux, il n’appliquerait qu’en partie cela, il souhaite rester un fouteur de merde après tout. Il se fit appeler peu de temps après être sorti des vestiaires ou il salua la voyageuse qu’il avait croisé plus tôt.

- Hey bien joué on se croise en finale tchéhé !

Dit-il en souriant, entrant sur l’arène en faisant tourner son Bo comme jamais. Mouais, la victoire allait être bien plus difficile ici, la différence se faisait sentir rien qu’au niveau physique. Une créature panthère, entièrement noir. Un candidat libre sans dojo apparent ou art qu’il semblait montrer. Zéphyr n’était plus autant confiant d’un coup. Il prit une grande inspiration, les deux combattants se saluèrent alors qu’un silence de plomb venait rajouter à l’ambiance déjà pesante pour Zéphyr. Le gong n’avait pas encore sonné et pourtant un combat de regards avait déjà commencé.

- Bonne chance à toi.

- Je n’en aurai pas besoin, au contraire de toi.

Ah ouais condescendant le black tigrou ? Zéphyr sourit, il était sous-estimé. C’était parfait, il le surprendrait. Désolé sensei Akage, mais il aurait besoin de ruser un peu cette fois-ci. Le gong sonna le début des hostilités et la créature semblait adopter des postures ressemblant à celle de karaté, mais à sa façon. Parfait, il n’avait pas pris de cours en dojo, parce qu’il y a des positions que l’on prend automatiquement quand l’avantage est proéminant. Zéphyr commença à faire tournoyer son Bo et approcha de la panthère. Il tenta un coup rapide et direct à la tempe de la panthère. Échec direct et punition instantané, il attrapa le Bo avec aisance et expulsa Zeph’ d’un gros kick à la Leonidas dans le ventre, faisant disparaitre le bâton dans le vent, peu de gens n’y avaient fait attention, trop concentrés sur le combat.

-Essaie encore je suis une créature clémente piètre voyageur.

Zéphyr souriait de plus belle, le défi cette fois était grisant. C’était d’autant plus que pour énerver la créature qui grinçait des dents. Zéphyr aimait être aussi arrogant en combat, toucher à la corde psychologique c’était des plus marrants. Cette fois c’est la panthère qui chargea, feintant un coup de poing puis partant à une vitesse fulgurante en dessous de lui en décernant un énorme coup de poing dans son bide alors que Zeph’ avait essayé d’arrêter la feinte. Zéphyr avait été limite de sortir de l’arène. Il le sous estimait clairement, mais à côté il ne l’avait pas encore éliminé. C’était déjà ça.

Bon cette fois il devait sortir la technique. Ce n’était pas du karaté, juste une imitation de style qu’il avait appris. Un style imitant certain des combats expéditifs de Bruce Lee. Zéphyr prit une nouvelle garde et son sourire grandit encore, il en avait la chair de poule tant il était impatient de surprendre l’adversaire qui pensait qu’il faisait du karaté. Zéphyr commença donc sur son jeu de jambes rapides, sautillant de droite à gauche et prenant ensuite une garde de ses bras croisée, poings fermés avec pouces et auriculaires sortit. C’était clairement pour le style, mais deux trois élèves avec qui il avait travaillé la technique l’avait reconnu et se levèrent étonnés qu’il l’utilise aussi tôt. La créature ne fit pas attention aux deux trois mecs s’étant levés. Il fonça sur le voyageur tentant de nouveau un coup de pied direct vers le torse pour l’expulser de l’arène, ce que Zéphyr vit, changeant d’appuis et passant beaucoup plus rapidement qu’avant sur le côté, punissant alors la panthère d’un énorme coup de genou sauté, le faisant retourner à la limite de son côté de l’arène. La surprise était totale, personne ici ne s’attendait à ce qu’il réussisse à esquiver le coup n’y même à pouvoir rentrer un coup aussi sec sur la panthère qui l’avait apparemment prit pour un petit poisson de rivière.

Zeph’ cracha un léger glaire de sang et eu à peine assez de temps que pour voir la créature enragée de s’être fait touchée par le voyageur un peu trop frimeur à son gout. Des rafales de coup s’en suivirent des deux côtés, Zéphyr arrivait à reprendre la moitié des coups et se prenait l’autre moitié en encaissant comme un homme, ne perdant pas ce sourire qu’il savait qui énervait tant la panthère. Il devait faire quelque chose sinon il tomberait à court d’énergie rapidement. Ding, faisait alors une idée dans sa tête alors qu’il s’extirpait de l’échange en un léger mais subtil changement d’appuis. Il prit sa position favorite de toutes. Celle de la grue blanche, deux bras en l’air imitant les ailes du majestueux animal, sa jambe gauche reposant comme appuis et sa jambe droite légèrement pliée qui allait commencer le coup. La créature fonça de nouveau, peut être encore une fois aveuglée par le fait qu’elle croyait celui-ci incapable de faire quoi que ce soit de fort. Sauf que Zeph’ misait tout sur ce coup.

L’échange qui suivit fut extrêmement rapide. Avant que la panthère n’envoie son coup de poing, Zéphyr avança et changea d’appuis transférant la force sur la jambe droite et feintant un coup de son genou gauche qui s’arrêta en vol, dirigeant la panthère sur son autre jambe qui elle se détendit en l’air ultra rapidement sur la mâchoire de son adversaire. Zéphyr retomba difficilement sur ses jambes, tombant quasiment puis créant de nouveau son Bo depuis sa main droite pour se maintenir, le combat lui avait tout drainé et il ne tenait quasiment plus debout. La panthère elle aussi semblait au bout à cause de la douleur et saignait abondamment de la machoire. Il se passa quelque seconde sans que rien ne se passe. Un silence des plus totals régnait, pour que la panthère tombe en s’écroulant sur ses genoux puis sur le ventre. Zéphyr lacha un cri de victoire et se remit à sourire de plus belle.

- Victoire sur le fil du dojo Akageeeeeeee ! L’un des favoris des underdogs est tombééééééé !

La foule cria de plus belle, aujourd’hui était fameux avec les combats qu’il avaient vu. Zéphyr partit  ensuite vers les vestiaires chercher une bouteille d’eau et un essui. Il était éreinté de ce combat. Mais qui était ce type se demandaient les spectateurs.

Le tableau était limpide, si Dan Black disparaissait de l’équation, le voyageur rencontrerait plus rapidement le jeune premier, contre donc la meilleure représentante du dojo Futago après Bae. De quoi le révéler, et de tester la championne d’aïkido face à un pouvoir d’un voyageur, quel qu’il soit. Maintenant, il fallait profiter du spectacle offert pour se faire le tigre. De ce qu’elle avait pu en voir, la créature était accompagnée par un katana non négligeable, et sans doute du talent à revendre dans son sport de prédilection. Pas à prendre à la légère, donc. Elle essaya de le repérer et ne le vit pas. Elle zieuta le tableau et vit que son prochain combat serait après celui du voyageur. Il devait être en train de s’entraîner, ou de s’échauffer, en toute probabilité. Elle s’éclipsa l’air de rien, prétextant une envie naturelle, et sortit de l’arène, pour se rendre dans la ville. Là, elle prit un sac déposé quelques semaines avant dans un interstice entre deux pierres, et se recouvrit d’une cape noire et d’un masque rouge. Un classique de la Famille. Qui remarquerait son absence, et qui ferait le lien entre elle et un assassinat dans les règles ? Pas grand-monde, elle pouvait y  aller sans souci.


L’entraînement des combattants se tenait dans une cour intérieure jouxtant l’arène, à l’abri des regards et permettant à chaque combattant, s’il le désirait, de répéter ses mouvements ou d’impressionner ses adversaires. Il s’agissait surtout de garder les muscles au chaud, mais certains utilisaient le lieu juste pour tenir l’endroit. C’était le cas de Dan, qui siégeait là avec quelques membres de son dojo. Il regardait certains combattants et les méprisait à haute voix. La panoplie du parfait connard. Joy eut son plan assez rapidement. D’abord attirer le poisson, ensuite refermer les pièges, et enfin le tuer dans un coin plus ou moins discret.


Introduction : l’enchaîner pour l’amener de la cour à une ruelle plus calme.
Premièrement : poser une formule sur son katana et amener le katana à l’assassin.
Deuxièmement : logiquement, une course-poursuite s’engage. L’assassin pose des formules pour stopper le menu-fretin.
Troisièmement : billes de bois pour diversion, et katana utilisé pour le tuer. Pleine puissance.


Tout se passa à peu près de cette manière. Dan Black voulut rattraper son katana, et ses potes se jetèrent sur Joy qui n’avait qu’à les laisser au sol et d’envoyer assez de billes pour les assommer, pas les tuer. Dan fonçait droit sur elle, et son kimono prit une lourdeur énorme qui le plaqua au sol. Le tigre tenta l’épreuve de force, ce fut à ce moment qu’il ne comprit pas la troisième partie. Il avait bien vu les billes de bois et se tenait prêt à tenir le choc en gonflant ses muscles et en tournant sur lui-même pour créer des trajectoires modifiées par l’effet produit. Mais il n’a pas vu son propre katana lui traverser le bide, lancé comme une balle de pistolet. Joy s’approcha de lui, une bille dans le creux de sa main, et elle l’envoya droit dans le front du tigre agonisant. Ne laisser aucune chance à une cible, c’était son credo. Elle ramassa tout son attirail et reprit le chemin de la ruelle en vérifiant que personne ne la suivait. Un changement rapide de vêtements, le sac laissé dans une poubelle sous des plastiques de bouffes avariées, et elle reprit le chemin du dojo en passant par la zone petit coin.


Le combat du voyageur se terminait, et Joy essaya une goutte de sang qui était arrivée sur le bord de sa joue. Elle vérifia dans un miroir des toilettes que tout était bon pour elle, quand elle entendit la victoire du voyageur. Elle reprit sa place dans les gradins comme si de rien n’était, et attendit la suite des événements. Elle en avait un sur deux, restait à savoir comment Futago pourrait y passer à son tour. Le temps que la mort soit révélée et que les choses reprennent leur cours normal, elle avait largement assez de temps pour trouver une solution pertinente.

C’est donc après son combat, il sortait de l’arène tranquille. Passait par les vestiaires et la zone petit coin, croisant l’autre voyageuse qui devait surement avoir le double de son niveau si pas le triple. Il le sentait, elle cachait surement beaucoup de choses. M’enfin il ne s’en souciait pas, il la salua tout souriant et lui dit qu’il attendait avec impatience la finale. De la première vue de Zeph’, elle avait l’air carrément gentille et agréable. M’enfin ce n’était bien sûr qu’une première vue. Il se dirigeait bouteille en bouche vers les types qui géraient l’ordre des combats pour se renseigner. Il croisa les types qui suivaient le tigre chelou. Meh, y’avait eu quelque chose, mais il avait la tête ailleurs et ne savait pas trop ce qui c’était tramé derrière. Puis il ne se serait pas un tantinet soucié de la vie de ce connard. Il entendit donc encore une victoire, la personne qu’il affronterait très bientôt faisait de l’aïkido. Intéressant, du combat basé sur les kicks. Apparemment elle était dans les meilleurs combattants de son dojo. Ça s’annonçait même carrément prometteur. Zéphyr n’avait clairement pas eu sa dose de combats serrés et dur à gagner sans son pouvoir. Et il comptait essayer de se retenir. Ce que l’on sait tous, dès qu’il sera trop en difficulté, il flanchera pour cette petite facilité. Il ne pouvait pas manquer la finale c’était surtout ça.

Après une petite demi-heure d’attente ou il se prépara à son combat avec un petit ajout dans sa tenue noire, il portait des nouveaux gants, gants qui étaient bien sur la création de son pouvoir avec le bo. Ceux-ci avaient un rôle plutôt important et le petit Z était content de pouvoir réutiliser une expérience concluante. L’appel fut passé, Zéphyr Moreas contre Bae. Une créature sur laquelle il n’avait aucun commentaire stupide à faire à son arrivée. Il pouvait sentir cette espèce de léger écart entre lui et elle. Rien d’insurmontable. Les deux combattants arrivèrent au centre de l’arène et se saluèrent. Il dit en se courbant.

- Zéphyr Moréas, futur numéro 1 des voyageurs, ravi de pouvoir te combattre.

Elle ne répondit apparemment pas et prit position. Zéphyr lui portait se sourire de gamin arrogant, comme à son habitude. Il était euphorique de combat et se retenait de sautiller partout. C’était un magnifique ressenti pour lui. Les combats étaient clairement une passion qu’il s’était découverte dans ce magnifique monde onirique. Il tapa dans se mains gantées et arma son bo. Prenant une pose ou son bras gauche était droit et perpendiculaire à son adversaire, sa main elle présentait gracieusement la paume de sa main ouverte et ses 5 doigts fermés. Le bo de Z’ était à l’horizontale dans le dos du voyageur. À peine le temps qu’un léger silence s’installe et le gong retentit. Le combat commença et Zéphyr perdit tout sourire pour laisser filtrer son intense concentration. Il devait veiller à ne pas se faire expulser de l’arène. Être au sol, pas de problèmes. Mais ne pas se faire sortir. Un point c’est tout.
Zéphyr passait cependant en mode défense et répondant, c’est là qu’il se situait le mieux dans un combat à enjeu. C’était la manière qu’il avait de se sécuriser ses combats dans lesquels il ne voulait pas prendre de risques. Elle s’avança et tenta un coup de pied rapide sur son flanc gauche. Il dévia habilement le coup de son bo et se replaça dans sa position initiale avec un petit clin d’œil en prime. Ce qui eut forcément le don de l’irriter, mais qui au passage surpris bonnement le public. C’était le but et ça amusait notre petit Moréas. Elle lança un autre coup de pied sur la droite de Zéphyr qu’il tenta à nouveau de dévier, sauf qu’il dévia dans le vide et ouvrit sa garde puis se prit un violent autre coup de pied dans son autre jambe. Les gens qui excellaient dans l’aïkido avaient vraiment des jambes en béton c’est fou. Ils reprirent tous deux un léger écart. Zéphyr tenta en suite un coup sur le flanc gauche de Bae, faisant disparaitre le bâton avant qu’il ne se fasse stopper par la garde de son adversaire, la déstabilisant et ouvrant l’autre côté à un violent mawashi geri. Elle l’encaissa et manqua de tomber. Ils étaient à égalité, ayant tous deux prit un fort coup après avoir joué de ruse.

Les minutes qui suivirent fut un enchainement continu, chacun se répondait quasi également. Bae reprenait peu à peu l’ascendant sur le combat et Zéphyr s’en rendait compte. Il commençait tous deux à fatiguer et des douleurs se faisaient sentir dans les bras de l’un et les jambes de l’une. Zéphyr allait devoir marquer le coup. Et on met bien en gras ‘’le’’. Si les prochains échanges de coups ne l’éliminait pas et qu’il ne prenait pas un avantage sérieux, il ne tenterait plus de gagner sans son pouvoir. Son karaté avait ses limites comparé aux connaissances et à la force de Bae. Elle était surement prête à en finir et Zeph’ n’avait pas eu une seule occasion de bien répondre et de la sortir. Elle était vraiment forte. Seulement bon, comme il le pensait, il continuèrent de combattre encore pendant une longue minute et pas d’avancée spectaculaire pour notre voyageur à part un violent coup dans l’avant-bras gauche. Si elle avait choppé son avant-bras droit c’était la fin du combat pour Z’ et il n’aurait eu aucun moyen d’éliminer sa vaillante adversaire. Il profita donc d’un instant de bâillement après l’échange, une dizaines de seconde ou Zéphyr se mit à sourire et à charger son lazer dans son gant droit. Il recula légèrement, Bae se doutait qu’il préparait quelque chose. Malheureusement elle se lança trop tard et tenta un coup de pied qui fut moins précis et rapide que ses précédents. Zéphyr avait légèrement bougé sur la gauche et lancé son coup de poing dans l’estomac de la combattante. Une expulsion d’un laser noir de mélasse passa à l’arrière de son bras droit et partit derrière Zéphyr disparaissant en suite comme Bae qui se fit littéralement expulser de l’arène, sonnée. La foule fut silencieuse quelques secondes, encore une prouesse du gamin et une nouvelle surprise de sa part. La foule se mit à gueuler de nouveau juste après l’annonce.

-VICTOIRE FULGURANTE DU DOJO AKAGEEEEE À LUI LA FINALE !
Zéphyr salua le public et partit vers les vestiaires en lâchant un dernier clin d’œil à Bae qui s’était relevée et le regardait partir en soupirant de sa provocation. Elle passa cependant le rejoindre dans les vestiaires et lui dit bien clairement.

-Magnifique combat voyageur, mais tu n’auras aucune chance en finale. Elle est d’un tout autre niveau.

-Et bien je l’avais déjà remarqué mais merci de l'avertissement l’amie. Ce fut effectivement un superbe combat. 
 
Elle partit ensuite et Zéphyr s’assit pour boire, il haletait toujours légèrement de son fameux combat.

Bae avait perdu, face à une utilisation d'un pouvoir particulier. On n'était plus dans la pratique des arts martiaux, mais dans le combat d'un voyageur contre une créature jouant le jeu. Joy se prit à sourire, consciente elle des règles qui n'existaient que dans les têtes des créatures de ce monde. Le jeune karatéka ne faisait ça que pour la frimer, la forme, et sans doute un peu de célébrité malgré la gruge évidente. Elle se dit qu'elle était pareil, sauf qu'elle n'était pas là pour ça. Le fameux Dan fut cherché, trouvé et emmené dans une morgue, tandis que la rumeur circulait qu'il avait abandonné puis qu'on l'avait tabassé dans un coin de la ville. Des témoins étaient recherchés, et quelqu'un parlait d'un homme encapuchonné venu régler des comptes avec le tigre. Ils étaient à des kilomètres de trouver Joy, qui était rompue à toutes les techniques de dissimulation et de camouflage, de pertes d'indices et de filature ratée depuis des années. Ce fut donc sereinement qu'elle aborda son prochain combat. Après la défaite par forfait du tigre, il restait un maître sumotori. Mitsuda-san, un énorme balèze qui balançait ses adversaires dans les gradins pour se faire respecter.


Que dire de ce combat ? L'ambiance était folle et Joy n'avait pas envie de traîner. Elle se décida de laisser un indice au voyageur qui devait sûrement la regarder pour apprendre des choses sur son pouvoir. Elle leva une bille de bois et la fit traverser le genou de son adversaire qui poussa un énorme cri de douleur. La suite était aussi limpide qu'un marché entre un mafieu et un innocent les mains pleines : l'autre genou fut brisé, Joy envoya la sauce d'un coup de poing sur le crâne gisant sur le tatami. Une demi-finale qui n'en avait que le nom. Les applaudissements du dojo Futago furent riches et nourris, mais le vieux maître n'avait pas l'air jouasse. Cette fois, c'était plus une question d'aïkido, mais plutôt une question à régler entre voyageurs. Joy n'en avait pas terminé, l'assassinat du tigre lui avait ouvert l'appétit, et elle sentait les effluves de violences monter en elle d'une manière irrépressible. Alors que les préparateurs dégageaient le sumotori, elle attendait. Le public mit du temps à la remarquer, statique et inflexible, mais au fur et à mesure, les voix s'élèvèrent pour l'acclamer, et demander immédiatement la finale.


- Hey jeune fille, la finale est dans une heure, tu peux aller te reposer avant !


Le regard que lui envoya la voyageuse suffit amplement comme réponse. C'est-à-dire qu'elle l'ignora superbement, elle attendit le voyageur d'un pied ferme, en pensant à dix mille stratégies pour l'avoir. Futago s'approcha des tatamis et essaya de lui parler, mais après un monologue sur la compassion du combattant et sur l'univers condensé dans toute sa puissance, Joy lui répondit simplement.


- Taisez-vous. Je vais vous tuer, je finirai par vous tuer. Vous le savez depuis quand ?
- Oh, je l'ai deviné depuis le début. Quelqu'un de ton niveau, avec de tels yeux, ça n'est pas là pour apprendre, ni pour créer ou honorer son vieux maître.
- Et vous m'avez éduquée tout de même ?
- Les réponses que tu demandes sont dans ton corps qui pratique l'aïkido, et pas dans ton pouvoir. Tu m'as battu, et mes mots n'ont aucun sens pour toi. Mais je sais que tu peux faire l'effort de comprendre mon art, et qu'il te sauvera de toi-même.


La matheuse pensait qu'il partirait, fier de sa leçon, mais il resta auprès du ring pendant l'heure, en attendant avec son élève, comme pour la protéger, ou comme pour se rendre disponible pour elle. A un moment, elle voulut lui hurler quelque chose, mais le gong retentit et la finale était désormais lancée. Le voyageur qui était maintenant son adversaire s'approcha pour se mettre en place, et Joy posa des formules de poids sur ses vêtements, sans rien dire. Puis elle trancha.


- J'sais pas ce que tu comptes faire, mais tu es déjà sous mes techniques. Abandonne maintenant, sinon je te brise en deux, comme la Pologne en 39.

- A toi de choisir : soit tu veux me voir énervé, et je te brise genoux, coudes, poignets, chevilles. Soit tu abandonnes ici et on arrête là. Tu ne peux plus te lever, mes formules exponentielles rendent tes vêtements de plus en plus lourds. Je n’ai qu’à activer une formule et tu voles du ring...mais il y autre chose.

Il ignora juste la phrase un peu plus flippante et resta plaqué au sol. Il était échec et math. Pas de doute elle était véner en combat rapproché. Il voulait applaudir, mais n’avait clairement aucun moyen de bouger, il répondit donc depuis le sol. Victime du pouvoir de gravité ? De son adversaire, ça devait être un truc du genre parce que ça y ressemblait trop. De toute façon s’était finit. Il rigola très fort, elle était bizarre, une vraie psychopathe heh. Presque comme lui quand il est énervé.

- Hahahahaha ! J’abandonne elle est réellement une virtuose du combat !

Gueula t’il, désormais entièrement visible sur le sol précédemment fracturé par son rayon. Il ne trouvait pas l’intérêt qu’elle pouvait avoir à frapper un mec qui ne pouvait pas répondre, ça devenait juste malsain. Mais il comprenait que si elle le décidait c’était sa fin ici. C’est tout. Il s’exprima en suite.

- T’as vraiment tant soif de sang que cela pour frapper un mec qui ne peut pas répondre ? M’enfin c’est toi qui le décide, je n’ai plus ma parole tu m’as battu de A à Z. Tu es une virtuose. Bravo.

Il restait au sol, attendant la suite, attendant la mort ? Ouais il ne savait pas s’il était prêts à abandonner Dreamland aussi tôt, mais il ne pouvait réellement plus rien faire. Joy était maitresse de son futur. Elle pouvait décider de l’effacer. Lui se contentait de sourire et de rigoler toutes dents sorties.

- Hahaha ! Ça aura été marrant en tout cas !

Il n’allait pas se morfondre, il avait bien vécu et ne savait pas ce qu’il ferait en vrai, si ça se trouve il pourrait redevenir voyageur en rebattant une phobie. Mais bon tampis. À toi Joy.
Bourreau si elle le choisissait, meilleur adversaire de Zeph' depuis certains types chelous.