Recif, 16h53, une voiture, certainement volée s'arrêta près du musée d'art de la ville, lequel était entrain d'être braqué par le complice jusqu'ici méconnu du conducteur. Ils ne se connaissaient pas, non! Ils bossaient juste pour le même gars, Manuel Batista, le type par qui il fallait forcément passer si on espérait un jour gravir les échelons dans cette maudite ville ...
La sirène retentit dans le bâtiment, deux coups de feu s'en suivirent, le conducteur tourna la clé, c'était le signal! L'homme cagoulé sorti avec ce qui semblait être une toile sous le bras et un desert eagle dans l'autre main. Il se rua vers la voiture qui enclencha la seconde puis la troisième, et la quatrième avant de disparaître à l’horizon... Ils bifurquèrent dans une ruelle bien connu des deux, c'était le point de rendez vous de tous les malfrats. Luciano enleva enfin sa cagoule et dans un long soupir se montra à son nouveau comparse...
C'était un gars bien sombre, pas seulement de par sa couleur de peau, il avait de ça le regard d'un chien qui, battu, serait devenu loup. Ses yeux traduisait la haine qui se lisait sur son faciès, mais qui parfois laissait penser qu'il était victime d'un strabisme, lesquels couronné par d'épais sourcils naturellement et parfaitement dessinés.
Il enfila sa paire d'imitation Ray Ban, et ses deux grosses lèvres se mirents à danser à ces mots:
"
J'ai du en buter un ou deux mais ça valait le coup, à ton avis ça se revendra à combien sur le marché noir, un vrai Botticelli?"
Puis de ses doigts malicieusement fins il tira une tige d'un gros paquet de cigarettes la porta à sa bouche et la pompa, avant d'expirer la fumée par son nez épaté, cela lui donnait une expression des plus cynique, car dès lors il arborait une mine inquiétante, ses joues décharnés, son visage long et son menton arrondi lui donnait des airs psychopathiques si l'on pouvait caractériser ces malades mentaux physiquement.
Il retira son sweat et son sur-pantalon découvrant une tenue emprunté aux années 70 qui se relayait à sa coupe afro, on aurait pu penser à s'y méprendre qu'il sortait d'une boite disco, à tort, il en avait juste le goût vestimentaire. Un bon mètre soixante et quinze une absence de musculature une grosse chaine en or qui semblait le tasser de son poids, et vous aviez contre toute attente devant vous un des voyous les plus recherchés des favelas environnant Recif...
Le complice, qui demeurait un parfait inconnu pour Luciano, lui, l’appréhendait de par sa réputation, de l'aspect du dit braqueur, il ne savait trop quoi penser. Seulement la suite des évènements lui permirent d'en dresser un nouveau portrait.
Il braquait son flingue sur la tempe de l'homme aux commandes en s'exclamant:
"
Bon, tu parles ou quoi, je t'ai posé une question ? Moi les types silencieux je trouve ça louche, et ceux que je te trouve louche ben je les descends!"
Le gars trembla un peu nerveusement, et tourna la clefs pour repartir jusqu'au QG de Manuel, et notre serviteur retira le calibre en lançant un
"
J'me fous de ta gueule t'aurais du voir ta tête, haHAhaHA..." des plus dédaigneux.
Complétement bipolaire le type, avec une soif de sang à peine masquée, ce n'était rien comparé à la façon obscène dont il humidifiait ses lèvres avec sa langues lorsqu'il riait ainsi...
D'ailleurs quel spectacle quand il riait, cela avait une dimension horrifique, non, Luciano n'avait rien à envier à Manson ou autre détraqué...
Et tous ces tics qui habillait ses traits... son regard fuyant qui semblait s'arrêter uniquement là où les yeux ne se posent jamais... Pas de doutes c'était bien le fou qu'on lui avait décrit...
Pourtant parfois, songeur il laissait place à de longs silences, il semblait cogiter toujours, en produisant de petits spasmes inquiétant... Et certaines de ses réactions trahissait une schizophrénie latente, comme-ci le mal en lui avait pris le dessus sur toute la bonté qui avait un jour animé le gosse qu'il était... Le temps avait une fois de plus flétri le cœur d'un énième individu... Ce n'était pas juste un de ces brigands qui voulait toujours plus. Non Luciano lui il était de ces types que le vécu a changé du tout au tout, comme si il y avait eu UN évènement qui l'avait fais bousculer...
Mais le chauffeur préféra ne pas lui poser les questions qui lui traversait l'esprit, de peur qu'il le prenne comme une insulte...
En même temps imprévisible comme il l'était...
Et à peine avait-il eu le temps de le penser que Luciano ouvrit la portière fauchant un jeune homme tout juste majeur, puis il ordonna à la voiture de s'arrêter... Il en sortit braqua son flingue sur le minot qui se tordait de douleur et prononça à peu près
"
J't'avais pas dis de pas revenir en ville merdeux?!"
"
PA... PArdon m'sieur Luciano, je vais disparaitre je vous le promet..."
"
Pour sûr! HAHAHAH" répondit-il.
précédant le coup de feu, dont la balle se logea dans la tête du tout jeune gamin, gisant au sol, empourprant le trottoir. Luciano ne se pressa même pas pour rentrer dans la voiture et jeta un:
"
Quand je profère une menace, je vais au bout, ce gamin là il a voulu me baiser, personne me baise moi!" sensé répondre à l'air plus qu'inquiet du chauffeur...
Ouais, il n'avait pas peur de tuer, c'était la veille de son éveil... Il n'avait peur que de lui... Il n'avait pas encore visité son subconscient avant "ce soir là" qui changerait peut être à jamais cet aspect de sa personnalité, avant sanguinaire, il s'adoucirait...
Mais ne le poussez pas à bout, un ancien loup devenu agneau peut se révéler en tigre carnassier.
Le fondement de sa personnalité demeurait ce balancement de funambule sur la corde entre la folie furieuse et la pureté de son enfance, vous comprendrez en l'accompagnant à Dreamland pour sa première nuit, "ce soir là"...
Vous avez déjà fais ce genre de cauchemars, des plus réalistes, mais si! Vous savez! Un de ces rêves conscients aux allures plus que lugubres, une sorte de descente aux enfers terrible, où il vous faut fuir mais vos jambes ne veulent plus répondrent, dont vous vous réveillez parfois pris de spasmes ou alors en paralysie du sommeil, non ?
On se demande quel genre de cauchemar pourrait hanter un monstre comme Luciano...?
Lui!
C'était, pas des moindre, mais c'était bel et bien la seul peur du bonhomme.
Lui!
Partout, des centaines, des milliers de lui, là même apparence, la même démarche, les mêmes expressions... Quand il se mis à cauchemarder il n'avait plus l'assurance tyrannique qu'on lui connaissait du réel, non il était redevenu cet enfant de 5 ans qui voulait aider les autres rejetés, piégé dans le corps de l'homme de 32 ans, il était redevenu un cœur pur innocent et sensible, dont les mains n'avait pas encore été souillées de sang. Sa vraie Nature.
Il était encerclés par ses milliers de démons, tous à son effigie, il émanait d'eux une aura noire, plus que l'onyx et le charbon, un même sourire mesquin dont la langue se pourléchait d'avance du sang du pauvre agneau...
Ils tremblaient, commençaient à entrer en transe, comme lors des ses crises, leurs yeux s’injectèrent de sang et...
Le "pauvre" Luciano, se transforma en son défunt père et il vit avec quelle monstruosité son "lui de 14 ans" avait trucidé son parent, il ne se contenta pas de le voir, il le vivait ressentait la douleur du massacre, ainsi que la terreur, il allait jusqu'à pleurer les mêmes larmes...
Puis il devint sa mère et la suite était assez répétitive, les deux flics, son ancien gang et toutes les victimes de ses pulsions, il endossait leur peau leur douleur et leur peur...
Une fois tous passé en revue, il redevint lui même, mais conservait de graves blessures, il fit face à un seul de ses reflets démoniaque... Il tremblait, il avait véritablement en horreur le spectacle qu'il lui avait été offert, il aurait voulu se repentir, mais il était bien trop tard...
L'autre s'approchait, il trainait la jambe comme boitant, laissant présager une mort lente et douloureuse, bien trop longtemps qu'il était en conflit intérieur, et ce soir on allait détruire l'infime partie de bien en lui, il serait annihilé et à jamais le démon il deviendrait...
Mais il ne pouvait le concevoir, pourquoi ?
Dans sa vie il avait toujours laissé ce coté là dominant, alors pourquoi?
Pourquoi le reniait-il maintenant, ça n’avait pas de sens...
Mais si c'était sa seule chance de repentir? Si il pouvait à jamais faire de lui un homme meilleur?
Maintenant,il en était certain, il pourrait combler ses manques affectifs, et non par la violence,il pourrait sans doutes songer à une famille ou à créer des liens ... Il en avait le droit, malgré tout ce qu’il avait fait, les nazis avait bien des familles eux aussi...
il pouvait l'envisager sans avoir peur de leur faire du mal, et de se faire du mal, parce qu'au fond c'était ce qui le rongeait, d'être incapable de contrôler ses pulsions, de "SE" contrôler...
Il Banalisait le mal comme dirait Anna Arendt, mais en acceptant sa partie de bien en lui. Quel bijou de la psychanalyse son esprit était il ! Le cas Luciano, c'était de la fascination psychologique, il était de ces fous qui construise une société, ceux qui était assez cinglé pour la façonner en s'en écartant.
Le pur Luciano se leva, ses yeux fixèrent ceux du démons, et devinrent presque lumineux, il pouvait mettre sa colère, sa rage au service de quelque chose de meilleur, et la lumière se diffusa, repoussant toute l'ombre. Il le savait maintenant il était capable d'avoir un self control, avec sa simple volonté, pas besoin de médicament son esprit était sa seule médecine.
Et plus il devenait confiant plus il voyait sa puissance croître...
Un sublime spectacle lumineux se dessinait, si bien que bientôt toute la volonté du pur Luciano s'équilibra avec toute la noirceur des autres et un mur transparent s'errigea entre eux.
D'un pas sûr Luciano avançait maintenant vers ses démons...
"
V..Vous êtes moi, mais n'oubliez pas que JE suis vous!"
Dès lors il pris conscience de la dimension onirique qui l'entourait, le décor se changea, songeant tout d'abord à un rêve lucide, il aurait bien voulu que rien ne perturbe le calme et la sagesse qu"il avait atteint dans sa folie, mais c'était sans compter sur un autre voyageur qui l'interpella:
"
Ne me prends pas pour un voyeur mais je n'ai pas pu m'empêcher d'assister à ton éveil, je dois dire que c'était on ne peut plus impressionnant"
"
Qui êtes vous ?" songea Luciano à voix haute sans se retourner vers son interlocuteur.
"
Moi ? C'est Adam Fool, invocateur de lions, tu veux peut être que je t'éclaire sur tout ça ?" résonnant avec ce que Luciano ne connaissait pas, mais se révélait être de la vraie sympathie, pas juste le ton que prenait les mafieux en lui passant un bras sur l'épaule avant de parler boulot.
Ici personne ne le connaissait, personne ne savait et ne le jugerait; L'occasion de se refaire...
S'en suivit une longue nuit d'explication où Luciano percuta réellement l'enjeu que représentait Dreamland, et l'opportunité d'une nouvelle vie, ici, il pouvait être un "héros", à son réveil il pouvait ré-endosser sa carrière de malfrat... Un escroc fidèle à ses principes...
Adam lui expliquait dans les moindres détails et avec application tout ce qu'il avait retenu de ses aventures qu'il conta également minutieusement.
Plusieurs détails retinrent l'attention du nouveau voyageur notamment la notion des objets sacré de Dreamland, l'essence de vie et les pouvoirs...
"
Tu veux dire que moi aussi j'ai un pouvoir ?" demanda-t-il à Adam impressionné par le fait qu'il vienne d'invoquer un Lion, qui plus est doué de parole.
"
Et bien pas tous les voyageurs en ont un, mais on est sensé en affrontant sa peur en obtenir un, mais toi, si j'ai bien compris ça à un rapport avec ton fort intérieur, j'aurais bien envie de te voir à l’œuvre Haha..."
...
Si tôt dit, Luciano sentit par une sorte d’instinct un projectile arriver dans sa direction, le bruit du projectile déchirant l'air semblait bourdonner à ses oreilles malgré la distance, dès lors il l'esquiva et se retourna pour voir un autre voyageur, celui-ci ne semblait pas animé par la même bienveillance que Adam, non il avait plus le regard de Luciano, dans le monde réel... Et notre antihéros n’eut pas besoin de mettre de mots là dessus, car il avait caché à Adam la vérité sur ses actes et sa peur...
Il comprit juste que sa première nuit donnerait lieu à son premier combat!
Le voyageur s'avançait à toute vitesse, son bras se transforma en pierre taillé et malgré l'espèce de qui permettait à Luciano de prévenir certains coups, la vitesse de celui-là était tel qu'il fut gravement blessé aux côtes... Adam ordonna au Lion de l'attaquer, il s’exécuta..
Pendant que Adam retenait le voyageur rocailleux, Luciano à terre, vit qu'il perdait beaucoup de sang, et s’inquiétant de son sort, Adam sorti un objet de sa besace qu'il jeta a Luciano!
ce dernier se releva et d'un bond sauta sur l'ennemi pour lui asséner un coup dans la mâchoire, l'armure de pierre s'effrita un peu, le poing de Luciano aussi, mais il s'en fichait il avait attrapé l'objet, par réflexe l'ennemi lança un uppercut qui projeta le Brésilien en l'air avant qu'il ne se ré-écrase au sol... Puis se relève difficilement... le rocailleux commençait à prendre conscience du potentiel de ses adversaires.
Adam sans le savoir venait de mettre un flingue entre les mains d'un Mafieux, et pas n'importe lequel...
"
Alors c'est quoi ton pouvoir?" s'écria Adam qui pendant cette seconde d’inattention ne vit pas un nouveau coup lui arriver au visage...
Dont Luciano venait de dévier la trajectoire en tirant dans le bras de leur adversaire, une fissure se dessina d'ailleurs...
Le lion d'Adam en profita pour croquer là tête du gars de pierre quitte à se briser les crocs, l'autre qui se débattait, projetait des pierres tout autour de lui, blessant tantôt le lion, Adam et Luciano.
Alors concentrant toute son acuité visuel en un point sensible, Luciano visa et exerça une pression sur la gâchette la balle partie rencontrer la poitrine de l'ennemi, perçant sa carapace qui se dissipa un instant, assez longtemps pour donner l'occasion au Lion d'Adam de lui dévorer la tête d'un seul coup...
Seuls ils seraient mort, mais les deux forces unis ils étaient parvenu à en venir à bout... Luciano le comprit et cette nuit changea beaucoup de chose chez lui, il savait malin, qu'il ne pourrait pas évoluer seul dans cet environnement, et pour la première fois de sa vie accepta de l'aide, mais surtout on lui en proposait.
Décidément quel monde merveilleux et plein de ressources était-ce!
Essoufflés et blessés les deux voyageurs maintenant complices se retenait l'un l'autre, Luciano tendit le flingue à son premier propriétaire, Adam s'exprima :
"
Tu peux le garder...Dreamland...Hm... est peuplé de gens comme ça, qui te défie... juste pour avoir un certain rapport de force, sans doute pour se faire mousser... s'attaquant aux plus faibles comme nous"
"
Tu veux dire que je ne suis pas fort ?" souris-t-il pensant à ce que cela voulait dire.
Adam le regardait étonné, et pensa 'le type est en sang presque à l'agonie et il sourit et me parle normal...' quel drôle de personnage... puis il lança:
"
Crois moi, j'ai beaucoup arpenté ce monde, et j'ai vu tellement de pouvoirs et de voyageurs tu n'as pour l’instant aucune réelle maitrise tu est trop lent et tes coups sont encore hasardeux... Mais ça viendra avec le temps... En revanche quel tir ! Ce flingue te seras plus utile qu'à moi, je ne sais pas m'en servir..."
Alors il y avait donc des voyageurs bien plus fort, Luciano ne put s'empêcher d'esquisser un sourire des plus malsains...
"
Merci en tout cas!" se surprit-il à dire;
Merci, il ne l'avait plus dis depuis tellement longtemps...
Le reste de la nuit était calme, avec la naissance de sa première complicité, ce flingue , son pouvoir ,son premier combat remporté avec dommages collatéraux, comme une grande promesse du Funky Cop envers ce monde, ici, il serait amené à faire de grandes choses pour le meilleur et surtout pour le pire.
Il jubilait d'avance.
- Spoiler:
La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas.