Pouvez-vous m'indiquer où se trouve le plus proche morceau de ma corne ?
Wow, wow, wow. Attends, tu débarques et tu poses ta questions, tranquillou pipou. À sec, sans lubrifiant ? Ta maman t'a pas expliqué ce que sont les préliminaires ?
Je m'appelle Edgar. J'ai entendu dire que l'esprit qui habite ce carnet est un médium capable de retrouver les personnes disparues. Est-ce bien vous et pourriez-vous faire de même avec un objet rare ?
Non mais mec, t'arrives à lire ou mes réponses sont écrites trop petit ? Je te demande de donner davantage de caresses avec ton stylo, là ça chatouille à peine. Dis-moi un peu d'où tu viens, c'que tu fais... Bref, raconte moi ton histoire, bordel ! Te fais pas de sang d'encre, j'la garderais pour moi. Et si j'ai des pistes, je t'en ferais part. Deal ?
Je sens une perturbation dans la... hum... façon dont vous écrivez. Vous dissimulez quelque chose.
Roooh, ça va. On te la fait pas, à toi ! Je fais partie d'une conscience collective, le club des EBoucs. Aucune idée d'où vient le blaze, paraît que ça vient du monde des voyageurs. En tout cas, on aime bien s'raconter les histoires qu'on nous grave dans l'bide. Faut bien s'occuper, pas vrai ? D'ailleurs, un de mes collègues est tombé sur une nymphomane et elle raconte de ces trucs... Mais je m'égare, Edgar. Promis, je garderais ton histoire pour moi. Deal ?
Cette fois-ci, vous dites la vérité. C'est donc d'accord. Vous êtes certain de vouloir tout lire ? Il est fort probable que ce soit long.
J'aime quand c'est long, alors balance la sauce, Morray !
Pour commencer, autant vous dire qui je suis réellement. Vous me percevez peut-être sous les traits d'un homme mais je n'en suis pas un. Pas plus que je ne suis le cheval blanc dont je peux prendre l'apparence. J'appartiens à l'un des peuples les plus anciens de Dreamland, dont les représentants ont peu à peu été décimés au fil des siècles. Il s'agit de celui des licornes. Cette histoire, avant d'être la mienne, est tout d'abord celle de mon peuple.
Au commencement, il n'y en avait qu'une et elle vivait au beau milieu d'une immense plaine où elle pouvait galoper autant qu'elle voulait. Il y avait de nombreuses rivières à l'eau aussi pure que claire, et des papillons de toutes les couleurs embellissaient les cieux de leur vol majestueux. Partout où s'arrêtait sa course, des lumières de toutes les couleurs jaillissaient du sol et formait un arc-en-ciel. La Première Née, sans le savoir, avait un pouvoir d'évocation qui lui permettait de créer.
Elle ne vieillissait pas, ne tombait pas malade ni même de fatigue, ne ressentait pas la faim, ni même la soif. Mais elle s'ennuyait terriblement. Un jour, alors qu'elle buvait dans l'eau limpide d'une rivière, son sabot s'enfonça dans sa glaise et fit une profonde empreinte. Les anciens racontent qu'elle eut alors une idée : celle de créer des êtres à son image, afin de partager son paradis avec eux.
C'est ainsi que les premiers chevaux furent créés, son pouvoir permettant à la licorne originelle de leur donner vie. Elle les traita comme ses égaux et galopa avec eux, pendant de nombreux siècles. Mais si les chevaux lui ressemblaient, ils n'avaient pas ses dons. Ils n'étaient pas capable de traverser les siècles sans vieillir, tomber malade ou mourir. C'est ainsi que la Première Née découvrit le vieillissement, la maladie, la mort et la tristesse. Mais aussi l'amour, le désir et le partage, puisque les chevaux développèrent la capacité d'enfanter.
Elle se sentit de plus en plus isolée, alors qu'elle traversait les générations sans prendre une ride. Son paradis était un fardeau pour elle, puisqu'elle ne pouvait le partager. Elle tenta donc de s'en débarrasser. Pour cela, elle se concentra comme elle l'avait fait pour insuffler la vie aux chevaux. Une boule se forma sur son crâne : plus elle se concentrait, plus la boule s'éloignait de sa tête, comme s'il s'agissait de l'incarnation de son pouvoir. En s'éloignant, la boule perdit de la largeur et c'est ainsi que la première corne fut créée.
La licorne finit par réussir à concentrer une grande partie de sa puissance dans cet appendice osseux. Et remarqua qu'il affectait son entourage : l'eau dans laquelle il était plongé semblait plus claire, les chevaux qui s'en approchaient en sortaient rajeunis. Ce changement était toutefois éphémère et, après avoir découvert l'espoir, la première licorne ressentit l'abattement et la fatalité.
Des siècles passèrent et une idée germa dans la tête de la licorne : peut-être y avait-il un moyen de rendre sa corne plus puissante afin d'affecter durablement son entourage ? Elle décida de rassembler toutes ses forces et de les concentrer dans sa corne. Son cuir et sa peau se desséchèrent et disparurent, tout comme sa chair : seuls restèrent sa corne et ses ossements.
On raconte que de ses ossements poussèrent les montagnes qui bordent les plaines. Et que sa corne se trouve profondément enfouie en dessous d'elle. Ce sacrifice exauça le vœu le plus cher de l'Originelle : toutes les cinq générations de chevaux, une licorne naissait.
Je fais partie de la cinquième génération. Les générations précédentes avaient découvert que leur monde était bien plus vaste que les plaines dans lesquelles ils gambadaient. Ils avaient découvert les éléments, la guerre, la richesse. Les traités de paix, la politique et la musique. Les ténèbres, et même la peur.
Les licornes avaient la capacité de partager leurs facultés de guérison avec les autres créatures et d'ainsi les guérir. La plus terrible des maladies ou le plus virulent des poisons ne pouvaient survivre à une semaine de traitement. Elles avaient également la capacité de charger ou de recharger en énergie des artefacts magiques. Toutes ses compétences en faisaient des alliés de choix et elles développèrent leurs connaissances du monde en échange de leurs services.
Bien entendu, certaines créatures tentèrent de s'en emparer par la force ou la ruse. Et même s'il est difficile de tuer une licorne, beaucoup de mes congénères succombèrent. Il fut rapidement découvert que le pouvoir des licornes provenaient de leur appendice et la chasse fut ouverte. Les licornes décidèrent donc de former un clan soudé, afin de se protéger. Elles prirent la décision de ne plus envoyer leurs consœurs explorer Dreamland.
Cette politique n'était pas la mienne. Dès que je fus suffisamment âgé pour réfléchir par moi-même, je décidais de partir à l'exploration de Dreamland, à la grande tristesse de mes congénères. Il m'arriva bien des déboires : le seigneur du royaume du feu se servit de moi comme d'une pile pour alimenter une machine capable de cracher des météorites à la vitesse d'un cracheur de noyaux pro, celui du royaume de la guerre tenta de faire fondre ma corne pour en faire une épée et celui de la luxure tenta de... Enfin bon, on aurait pu penser que toutes ces mauvaises expériences m'auraient mis du plomb dans le crâne mais elles ne firent que renforcer mes convictions. Si j'étais encore en vie et que je m'en étais sorti, c'était que j'avais raison, non ?
Lorsque je revins parmi mon peuple, je tentais de les raisonner mais sans succès. Ils considéraient que se cacher était notre meilleure chance de survie. Plutôt que de conclure de mon expérience qu'il était possible d'interagir avec d'autres peuples, comme par le passé, et de s'en sortir, ils tirèrent des conclusions qui ne me plurent guère.
Les licornes devaient se séparer et se dissimuler sous l'apparence d'un humanoïde. Ainsi, elles éveilleraient moins de soupçons et conserveraient leurs cornes sous l'apparence d'un objet banal. Toutes n'étaient pas d'accord mais les anciens avaient tranché et ce fut la fin de notre clan.
Le but de cette manœuvre n'était pas seulement de se dissimuler. Mon peuple ne se cachait pas seulement parce qu'il avait peur pour la vie de ses représentants. Il se dissimulait car il craignait que nos cornes tombent entre de mauvaises mains et que cela perturbe l'équilibre de Dreamland. Ainsi, toutes les licornes, moi y compris, durent faire le serment de protéger notre corne au péril de notre vie et de ne jamais la transmettre.
Je suis un parjure car je n'ai pas honoré ma promesse. Je ne sais pas si des licornes ont survécu à tous ces siècles de guerres, de trahisons et de massacres. Tout ce que je sais, c'est que la marque en forme de croix sur mon crâne est la preuve de ma trahison. Si j'en croise une, elle sera en droit de me provoquer en duel et de mettre fin à mon existence.
Je vais vous raconter comme cela s'est passé. J'avais choisi comme forme humaine celle d'un guerrier et je m'étais intéressé de prêt au maniement des armes. Je trouvais qu'il n'y avait pas plus romantique que de conquérir sa liberté et de se battre pour elle à l'aide de sa lame. C'est ce qui m'a trahi.
Etant devenu une sorte de chevalier errant au service du bien, je libérais un jour les esclaves d'un marchand. L'un d'eux, qui ne devait avoir qu'une dizaine d'années, me supplia de l'aider à sauver sa famille, à la merci d'un terrible tyran. L'innocence et l'honnêteté que je sentais en lui me conquirent : elles se faisaient de plus en plus rares dans ce royaume perpétuellement ravagé par la guerre et je ne la percevais que chez les nouveau-nés. Les persécutés, aussi malheureux soient-ils, étaient souvent avides de vengeance, de revanche ou de pouvoir.
Mais lui semblait au-dessus de tout ça. Il nourrissait des idéaux de justice, au point qu'il en semblait simplet. Par certains aspects, il me faisait penser au jeune idéaliste qui était parti à la conquête du monde, persuadé que tout le monde n'en voudrait pas à sa corne. Je décidais donc de le former au maniement des armes et il se révéla un élève aussi appliqué que doué.
C'était tout simplement un génie, et ça en devenait écœurant. Alors qu'il était issu de l'une des familles les plus modestes du royaume de la guerre, il apprenait en quelques mois ce que j'avais mis plusieurs dizaines d'années à maîtriser. Il fut rapidement meilleur que moi, sauf si j'utilisais les pouvoirs de la corne. Mon enseignement dura cinq ans et je tentais de ne pas l'étouffer avec mes propres idées. Je voulais qu'il soit capable de faire ses propres choix, et j'étais fier de lui comme d'un fils.
Ce fut difficile pour moi de l'envoyer délivrer, seul, une famille qui n'avait rien fait d'autre pour lui que de le vendre comme esclave. Mais c'était nécessaire à son passage à l'âge adulte. Le village où vivait sa famille était sous la domination d'un seigneur de guerre, vassal du seigneur du royaume. Un être tyrannique, sournois mais une excellente lame. Mon élève s'en débarrassa en quelques passes, libéra le village, initia un mouvement de rébellion à l'encontre du seigneur cauchemar de la guerre et revint me voir pour me demander d'en faire part.
Il était toujours aussi sincère à mon égard mais ses mains étaient à présent pleines de sang. J'aurais dû percevoir le danger, mais je n'ai pas été sage. Je savais que le seigneur cauchemar de la guerre était un être tyrannique et avide de conquêtes, à l'instar de feu son vassal. Une menace pour Dreamland et un être bien trop puissant pour moi, pour mon élève ou même pour son armée.
Mais je savais également qu'en cédant mon pouvoir à mon élève, lui et son potentiel latent m'éclipseraient. Si je me comparais à une luciole, lui serait le Soleil. Cette idée m'effrayait et me fascinait à la fois. Et puis, il y avait dans cette notion de don de soi, de sacrifice, un romantisme qui m'obsédait. Je me pensais l'égal de la première licorne, capable de faire passer le bien commun avant son propre désir. Je ne me rendais pas compte qu'en agissant ainsi, je ne faisais qu'assouvir un caprice et satisfaire un égocentrisme que je n'assumais pas pleinement.
Je transférais mon pouvoir dans la corne et je la lui cédais, après qu'il m'ait fait la promesse de ne jamais blesser ou tuer des innocents. J'avais perçu la vérité dans ses propos et cela m'avait conforté dans ses intentions. Je pensais avoir le contrôle total de la situation et c'est mon orgueil qui m'a perdu.
La lame née de ma corne se modifia afin de répondre aux besoins de son propriétaire. On raconte que nos cornes sont le catalyseur de la volonté et des désirs qui habitent ceux qui la manient. Ce gosse était un puits sans fond de désir, le diamant dissimulé dans une poignée de boue. Les soldats qui l'affrontaient finissaient par gonfler nos rangs et son nom fut rapidement synonyme d'espoir pour le peuple opprimé. Lorsqu'il arriva aux portes de la forteresse de Kratos, le seigneur cauchemar de l'époque, son armée faisait trembler les montagnes.
Mais il n'en avait pas besoin.
Sa lame tranchait dans la pierre la plus résistance comme dans du beurre, et pouvait se transformer en arc-en-ciel pour frapper telle la foudre un homme situé à plusieurs milliers de mètres. De plus, sa dextérité et sa vitesse faisaient paraître lourdauds et maladroits les meilleurs guerriers du royaume de la guerre. Le seigneur cauchemar était bien plus fort et résistant, mais il ne frappait que le vide ou nos soldats... Et mon disciple, ou plutôt devrais-je dire mon maître, finit par l'abattre et prendre sa place.
Pendant un temps, le royaume fut pacifique et, malgré que ma puissance ait grandement diminué et soit dérisoire en comparaison de celle de ses autres vassaux, Optimus me garda comme conseiller. Il unifia son royaume et instaura une paix en employant la force lorsque c'était nécessaire.
Mais au fil des siècles, sa perception de qui était innocent et de qui ne l'était pas changea et, en conséquence, son comportement également. Il se mit dans le crâne qu'il ne pourrait faire régner la paix dans Dreamland qu'en l'unifiant et que les dommages collatéraux étaient nécessaires. Je tentais de le raisonner, en vain. Il finit par se méfier de moi, voire à me mépriser. Je lui rappelais l'enfant modeste qu'il avait un jour été. J'étais donc une menace pour l'être qu'il était devenu, Optimus Mayor, le premier d'une longue dynastie. Il me confia donc à l'un de ses alliés de l'époque, le seigneur du royaume des glaces, et le chargea de ne pas me tuer mais de m'emprisonner éternellement.
C'est ainsi que je me retrouvais prisonnier d'un bloc de glace tout en restant conscient, pour près d'un millénaire. Je préfère ne pas m'attarder sur ce passage, où j'ai eu le temps de regretter mes choix puis de les accepter et de réfléchir. Je fus libéré l'année dernière, lors de révolution de succession initiée par Frost. Le seigneur précédent libéra tous les prisonniers, dans l'espoir de créer une diversion pour battre en retraite, mais il fut mis à mort par sa successrice et je pus profiter de l'agitation pour m'enfuir.
Quitter le royaume des glaces ne fut pas une partie de plaisir, surtout sans posséder la moindre arme. Je galopais de nombreux jours et de nombreuses nuits afin de mettre le plus de distance entre mes anciens geôliers et moi. J'avais réussi à garder mon intégrité mental durant toutes ces années d'enfermement mais en être libéré m'avait fait goûter à l'espoir. Il n'y avait pas soupe plus cruelle et la peur d'être de nouveau enfermé me fit traverser toute la troisième et seconde zone, pour finir par arriver à Fantasia. Là, je trouvais refuge dans une petite auberge et, après avoir dérouillé quelques soudards un peu trop avinés, j'ai été exempté de faire la plonge pour obtenir le droit d'y séjourner.
Le tenancier est un homme bon et honnête, incapable de se servir d'une arme mais avec des vertus dont peu de rois peuvent s'arroger. J'ai été séduit par son honnêteté et sa vivacité d'esprit et j'ai fini par lui raconter une partie de mon histoire. Il a eu du mal à me croire au début mais une démonstration des capacités que j'ai conservées a suffi à le convaincre, et il a décidé de m'aider. Il m'a instruit des bribes de l'histoire des royaumes de la guerre, qu'il tenait de marchands de passage.
J'appris ainsi que la dynastie d'Optimus avait prospéré et qu'Optimus était mort depuis longtemps, tué des mains de ses fils. Le reste de l'histoire, je la découvris par moi-même, au fil des siècles, en traversant Dreamland à la recherche d'ermites et de sages disposés à m'éclairer sur le sujet. Beaucoup étaient des charlatans mais ma capacité me permit de les découvrir sans peine. L'un d'eux m'apprit que la lame d'Optimus avait été enterrée avec lui car il avait répandu les rumeurs qu'elle transformerait en pucelle quiconque la manierait sans son consentement.
Et vu que ses fils avaient choisi de s'allier pour l'éliminer tous ensemble (le poison ne marchant étrangement pas), ils n'avaient pas suffisamment de testicules pour risquer de vérifier si la malédiction était vraie. En même temps, je peux les comprendre : en plusieurs siècles, Optimus ne m'a jamais dite une chose qui ne soit réalisée.
La lame fut ensuite dérobée par des pillards puis fondue, personne n'étant capable de déceler l'origine de ce métal qui la composait et qui semblait précieux. Elle servit d'abord à orner des bagues, quand on lui découvrit des propriétés curatives. De nombreux souverains avaient coutume de plonger une bague ainsi faite dans leur verre, afin d'y éliminer toute éventuelle trace de poison. Puis on s'en servit pour orner les pommeaux d'épée, de calice, de colliers... Mon héritage s'est ainsi dispersé au fil des siècles et l'angoisse me saisit alors que j'écoutais le récit du médium. Comment allais-je pouvoir retrouver tous ces objets dont beaucoup avaient été certainement perdus au fil des siècles ?
Il me parla ensuite de vous, le carnet rouge du Grand Sage. Un carnet capable de détecter la présence de ce métal, pour peu que je lui en apporte un échantillon. Ou de m'informer des rumeurs du moment, comme de l'acquisition d'une nouvelle bague par une duchesse ou la présence d'un trésor mystérieux au fond d'un lac. Maintenant que vous savez tout de l'histoire, êtes-vous disposé à m'aider ?
HEIN ? EUH ? QUOI ? Désolé, j'me suis assoupi ! J'ai manqué beaucoup de choses ? Tu parlais d'une licorne qui s'faisait chier, j'crois. Un peu comme moi, quoi !
D'une, je perçois votre mensonge. De deux, je vais jeter ce carnet dans un lac de lave si vous n'avez pas l'intention de m'aider, même si c'est mal. Et comme vous le savez, je dis toujours la vérité.
Rooooh, ça va ! Tu plaisantes jamais, toi, t'as vraiment un balais dans le cul... T'es sûr que ta corne s'rait pas là, par hasard ? Et puis, même si je te dis où chercher, comment tu vas faire pour les récupérer ces morceaux ? T'as pas l'air si fortiche que ça, canasson !
Chaque jour, je me jette dans une rivière glacée pour me réveiller, puis j'en remonte le courant à la nage jusqu'à la succession de cascades qui se trouve à sa naissance, à plusieurs kilomètres de là. Ensuite, j'entreprends de gravir la paroi rocheuse derrière la cascade, dont les arêtes sont tranchantes et glissantes. Je ne compte plus les fois où j'en suis tombé mais, depuis un mois, j'arrive l'ascension du Mont aux Cascades de Fantasia en moins de quatre heures. Cela me permet de travailler mon adresse, mon équilibre, ma respiration et mon endurance.
Ensuite, dans une grotte dissimulée par une cascade où j'ai découverte l'épée qui pend dans mon dos, je communie avec les âmes des chevaliers qui s'y sont entraînés, en secret, à travers les siècles. Je me bats contre eux, en esprit, et je récupère peu à peu, les compétences que j'avais jadis. Puis, sous forme de cheval, je descend la montagne en sautant de versant en versant, en travaillant sur mon équilibre pour ne pas me briser les pattes. Et je percute avec force les roches que les multiples éboulements ont semés par-ci par-là, histoire de fortifier tout ça.
Je ne serais pas de taille face à un Lord ou même un Voyageur très expérimenté, mais je suis loin d'être faible et pathétique. Je vais récupérer chaque éclat de corne, jusqu'à redevenir une véritable licorne. Et ce faisant, je mènerais mon enquête pour prendre la température de Dreamland et statuer sur mon objectif à long terme.
Je vous donne l'occasion de m'aider à accomplir les objectifs que je me suis fixé, et j'ai apporté avec moi cette bague que j'ai dérobé à un marchand cupide et malhonnête. Elle contient un éclat de ma corne et cela devrait vous permettre de percevoir ce que je recherche.
Alors, préférez-vous le bien ou le feu ?
Ce putain d'entraînement épique, putain ! I'M ON FIREUH ! LET'S GO, CANASSON, VERS L'INFINI ET L'AU-DELA !
Plaît-il ?
Votre GPS est en train de se mettre à jour. Votre destination programmée est "le morceau de corne le plus proche". Dans 500 mètres, tournez à droite puis tournez à gauche.
Euh, carnet ? C'est toujours toi ?
Dans 500 mètres, tournez à droite puis tournez à gauche.
Il doit bien y avoir un volcan, dans ce pays de chevaliers, de fées et de magie.
NOOOOOOON, JE SUIS LÀ MON GARS ! Okay, deal ! T'appose ta signature, tu me racontes tes aventures, on se biture et on récupère ton exossature ! Mélange d'excroissance et d'ossature, moi aussi j'connais des mots complexes, Morray.
Je suis Edgar. Qui est ce Morray dont vous parlez tant ?