Je suis trop jeune pour être papa ! [PV Diavolo]

Tu veux que je te raconte une autre de mes nuits à Dreamland ? Désolé Ismaël mais j'ai rien sous la main qui puisse rivaliser avec ton affrontement avec un groupe de titans. Bah ouais, je suis encore dans la première zone, moi !
...
Bon, okay, fais pas cette tête. Je vais au moins essayer de te faire rire. Tu vois qui c'est, Claire ? Tu sais, la blonde avec qui je suis pour le projet du cours d'expression ? Eh bien l'autre jour, je lui ai proposé d'aller chez elle afin de bosser sur le projet. Sans sous-entendus, ni rien !

Une blonde d'une vingtaine d'années, plutôt mignonne, adressait un clin d'œil au brun qui lui faisait face.

- Bosser, tu dis ? Tu veux pas plutôt qu'on fasse des bébés ? demanda la jeune femme, provoquant le rougissement du jeune homme.
- Euh non, du tout ! Enfin, c'est pas que tu sois pas jolie ou quoi, hein ! Je te trouve très charmante mais c'est un peu précipité... Et puis on a ce projet à rendre Et j'ai promis à mon ex de faire ma première fois avec une fille que j'aimerais vraiment

Le corps du brun s'aplatissait au fur et à mesure qu'il parlait, jusqu'à se transformer en flaque de chair.

Quoi, tu sais pas ce que ça veut dire "se liquéfier" ? En gros, je suis devenu liquide, c'est une manière imagée de dire que plus je parlais, plus j'avais l'impression d'être une grosse merde. Elle est partie en riant et j'étais trop content d'être seul pour me soucier du fait qu'elle m'avait pas donné de réponse. Sauf que cette histoire de bébés, ça m'a trotté en tête une bonne partie de la nuit et j'ai pas réussi à dormir.

Je me suis demandé si j'étais capable de devenir papa. Pourquoi tu rigoles ? Putain, je savais que j'aurais pas dû te raconter cette histoire. Tu veux qu'on discute de ta première rencontre avec un titan femelle, monsieur le vibro humain ? Bref, j'ai commencé à réfléchir à ce que c'était qu'être un parent. Forcément, j'ai pensé à mes parents et tu sais dans quel état ça peut me foutre. Je me suis demandé où ils avaient merdé, ce que j'aurais fait si j'avais été à leur place. Et puis, je me suis endormi...

La première chose que remarqua Edgar, c'était l'odeur sucrée et envoûtante de la barbe à papa. Elle emplissait l'air et lui rappelait les fêtes foraines de chaque été.

Il vit ensuite qu'il se trouvait au milieu d'une plaine verdoyante, dont la couleur était digne de celle d'une carte postale. À moins d'une centaine de mètres de lui, deux bambins de moins d'un an étaient en train de brouter l'herbe. Il se précipita dans leur direction et éloigna les deux petits du sol.

- Hé ! Ne mangez pas ça, c'est sale ! s'exclama Edgar, en agitant son doigt devant eux.
- Papa ! fit le bambin de droite, d'une toute petite voix.
- Maman, commença le second, avec la voix d'un quarantenaire en phase avancée de cancer du poumon. Détends-toi et goûte un peu ça, c'est de la bonne.

Le bébé fourra ensuite sa petite main pleine d'herbe dans la bouche d'Edgar, que la surprise avait entrouverte. Le sucre verdâtre fondit sur la langue du Voyageur et il dut se faire violence pour se ressaisir, assailli par d'autres souvenirs de son enfance.

- Désolé les petits gars, je pensais que c'était de l'herbe. Evitez de trop en abuser, toutefois, vous risqueriez d'avoir des caries !
- T'inquiète pas, maman. Tout est prévu, héhéhé ! fit Al Couche-culotte, en souriant de toutes ses molaires édentées.
- Papa, papa, papa !
- Je crois qu'il te demande un câlin. Tu peux m'en faire aussi, voire plus si affinité, héhé.

Le bébé s'est ensuite mis à me faire des clins d'œil appuyés et à se passer la langue sur les lèvres. C'était super gênant. J'avais envie de fuir mais celui qui savait que dire "Papa" me regardait avec une petite boue toute mignonne... Ses lèvres et son menton tremblaient... Impossible de résister. Je l'ai donc enlacé, et fait une petite tape sur la tête de l'autre gamin puis je les ai posé et j'ai commencé à m'éloigner et à chercher un truc à faire.

Sauf que les bébés avaient pas envie de me lâcher. Ils se sont mis à me suivre à quatre pattes, tout en me faisant des "Papa" et des "Maman" avec des petits trémolos dans la voix, comme si j'avais une énorme importance à leurs yeux. J'aurais pu sprinter mais ils étaient vraiment trop mignons et j'ai donc décidé de les prendre avec moi. Après tout, ils étaient plus en sécurité avec moi que seuls, non ?

- Oh ! Edgar ! Tu as retrouvé Katniss et Peeta ? Je suis tellement heureuse, tu fais un père formidable !

C'était Claire. Elle courait vers Edgar, ses formes mises en valeur par la robe de mariée qu'elle portait. C'est au moment où il se retrouva avec la langue de la blonde dans sa bouche qu'Edgar comprit pourquoi il était apparu à Babyland avec un smoking assez classe.

La morale d'Edgar l'intimait de repousser la jeune femme mais... Disons qu'il n'avait pas souvent eu l'occasion d'échanger sa salive, ou même son numéro, avec un membre de l'autre sexe. Il savait pas trop comment s'y prendre alors il donnait de timides coups de langues, à droite, à gauche, tout en pressant maladroitement la jeune Rêveuse contre lui.

- Oh oui, Maman, vas-y ! Bouffe lui la bouche, c'est ça... Mmmh... fit la voix la plus malaisante depuis la création du monde.

Ce fut comme si Edgar avait plongé le bas de son corps dans une baignoire remplie de glaçons. Il en profita pour repousser la jeune femme, la maintenant à bout de bras.

- Ecoute, Claire, tout cela est un peu précipité et...

Le regard d'Edgar, qui s'était éloigné de celui de Claire, s'attarda sur quelque chose qui se trouvait derrière la jeune femme. Et qui approchait.

- Oh, oh, oh ! laissa échapper Peeta le baryton.

Attends... Le mec a balancé un bébé ? Putain, mais c'est trop drôle, ahahahahah ! Et t'as juste pu rattraper sa tête, c'est ça ?

Arrête Ismaël, c'est pas drôle ! C'est un être vivant et un bébé qui plus est ! Tu touches pas à un bébé, même s'il cause bizarrement, bordel ! Et non, le bébé était encore entier : sous le choc, assommé, mais entier. La tête est partie loin mais le corps a suivi. Bref, c'est la partie de l'histoire qui peut légèrement rivaliser avec ton affrontement avec des titans, car le mec cognait dur...

Edgar poussa Claire sur le côté et la lâcha, afin de réceptionner du mieux qu'il pouvait le bébé volant. C'était un peu comme un ballon de rugby sauf que ça braillait, et ça avait des bras et des jambes. Et c'était encore vivant et pas juste une tête de bébé, comme certains le prétendaient

- Mais c'est Weinnie ! Maman, va démonter l'enculé qui a fait ça ! s'exclama Peeta en martelant le sol avec ses petits poings.
- Qu'est-ce qui se passe, chéri ? fit Claire en revenant à la charge.

Edgar lui fourra le bébé assommé dans les bras, sans quitter le bodybuilder et la foule de bébé des yeux. Bien lui en prit car un second bébé est balancé dans leur direction. Cette fois, le bébé est conscient et il cesse de gueuler quand il est rattrapé par Edgar.

- T'es un Voyageur, c'est ça ? Tu veux combien pour maraver la tronche de cet enculé qui emmerde mes amis ? 500, 1000, 2000 EV ?
- Euh, un merci aurait suffi. Maintenant, reste tranquille avec les autres, je vais régler ça.
- Essaie pas de l'acheter, Stein. Contente-toi de l'appeler Papa ou Maman et il se battra pour nous jusqu'à la mort, murmura Peeta à son oreille.
- Je vous ai entendu et je suis loin d'être con. Mais je laisserais pas ce type vous faire du mal, c'est pas comme ça qu'on doit traiter les sales gosses. Claire, tu t'occupes d'...

La rêveuse semblait pas l'écouter, elle était dans son monde. Elle avait mis le bébé assommé à côté de Katniss et tentait de leur faire avaler de l'herbe barbe-à-papa.

- Tant pis, y a pas de temps à perdre.

Edgar fonça donc dans la direction de la brute et de son assistance, d'abord à allure modérée puis à vitesse croissante. Quand il fut à moins d'une cinquantaine de mètres, il s'assura qu'il n'y avait pas de bébé dans sa trajectoire et se lança droit sur le type, à vitesse maximale. Objectif : le ceinturer en bon petit rugbyman, afin de le plaquer violemment au sol. La cathédrale était offerte par la maison.

Edgar avait compris que c'était un méchant (c'était gravé sur sa gueule, ouais c'est du délit de faciès) mais il comptait tout de même rester fairplay pour le moment. Si ça réussissait, le jeune homme allait s'éloigner et attendre qu'il se relève pour la suite des festivités.

Hahahaha ! Et là, tu vas me dire que le bébé était encore en vie après avoir été réduit en sang... Gulp, Ed', tu fous quoi, là ? J'ai payé ce tee-shirt trente balles !

Okay, j'ai compris que tu t'en balançais pas mal des créatures de Dreamland, que tu les voyais comme les PNJs de tes putains de jeux-vidéos. Mais j'vois les choses différemment, donc soit t'écoutes mon histoire en évitant de rire aux éclats quand je raconte qu'un psychopathe écrase un crâne de mioche, soit on s'arrête là car j'ai pas envie de m'énerver.

Commence par me lâcher, déjà. Voilà, c'est mieux. Si on était à Dreamland, je t'aurais déjà refait le portrait !

Sauf qu'on est dans le monde réel, où tu m'arrives à l'épaule. Désolé de m'être emporté, c'était con de ma part de t'agresser juste parce que t'as réagi ainsi. T'es libre de trouver drôle ce que tu veux tant que t'évite d'éclater des gosses devant moi.

Non mais c'est moi qui m'excuse. J'te paie un verre, on fait la paix et tu me racontes la suite ? Que je vois si ça valait mon combat avec les titans.

Edgar avait pensé que les bébés auraient la présence d'esprit de lâcher leur bus humain alors qu'il approchait d'eux. Il s'attendait même à se prendre une riposte dans la gueule. Il se trompait sur tous les tableaux. Les gosses n'avaient pas envie d'être sauvés ou de sauter de leur véhicule, de quoi vous dégoûter de jouer les héros.

Il avait donc échoué dans sa tentative de déséquilibrer sa cible et des bébés étaient tombés sur le sol et dans ses bras, ce qui les avait peut-être blessé. Bref, la loose quand on s'efforçait de sauver les êtres faibles et sans défense. Il s'était retrouvé à plat ventre, comme un gueux devant son seigneur, essayant de se relever aussi rapidement que possible pour ne pas prendre trop cher.

Sauf que le psychopathe n'était pas resté en place. Il avait compris qui était le cerveau (ou qui pensait être le cerveau) de l'histoire. Il avait donc invectivé le mioche à côté de Peeta, celui-là même qu'il avait balancé dans la direction d'Edgar. Puis il s'était lancé sur lui, à toute vitesse, pendant que Claire assistait à la scène, impuissante.

Quant à Edgar, il voulait intervenir mais les gamins se mettaient en travers de son passage et continuaient de chialer. Il risquait de les blesser en les écartant trop brusquement.

- Claire, attrape les gosses et casse-toi ! s'écria-t-il, les dents serrés de rage.

Edgar n'eut pas besoin de répéter, la jeune femme attrapa Peeta et sprinta. Elle n'avait pas pu attraper Katniss car la gosse s'était accrochée au tueur de nouveau-nés. La brute s'acharnait sur le corps du bébé et Edgar comprit qu'il ne pouvait pas le sauver. C'était trop tard. Il jeta un regard à la queue noire qui se dandinait derrière-lui : elle représentait son incapacité à sauver tout le monde.

Il devait maintenant réfléchir : la créature n'avait pas l'air de vouloir tuer tous les nourrissons. Elle s'était contenté de ceux qui parlaient bizarrement et risquait de s'en prendre à ceux qui étaient encore en vie si Edgar la laissa faire. La décision fut donc vite prise : Edgar allait se préparer à l'affronter afin de protéger ceux qui pouvaient encore l'être.

Il enleva son blazer, arracha sa chemise et s'aida de ses dents pour la tailler en bandes, qu'il s'enroula autour des poings. Comme ça, même s'il se brisait les poings, il pourrait continuer à frapper son adversaire jusqu'à l'inconscience. Pendant qu'il se préparait, il regarda le crâne du bébé se faire écraser sans sourciller, malgré la colère qui grondait en lui.

Il se devait de garder son sang-froid s'il voulait faire payer ce meurtrier pour ses crimes. Crâne plus fragile ou pas, un gars capable d'écraser le crâne d'un bébé comme une noix n'était pas à sous-estimer.

L'invective du dénommé "Diavolo Mayor" irrita encore davantage Edgar, qui fit craquer ses phalanges.

- Tu t'en prends à des gosses et tu t'prends pour un homme, respectable qui plus est ? Tu me dégoutes. Viens donc me buter, Diabolo, j'ai pas plus peur de la mort que de ton corps fini à la pisse.

Et Edgar fondit sur son adversaire, sautillant et balançant de rapides directs du gauche afin de gêner son adversaire et de l'énerver davantage. Ses coups étaient rapides mais peu puissants et, en admettant qu'ils touchent Diavolo, ils ne devraient guère lui faire de mal. Sa garde était plutôt haute, afin de protéger son visage : il ne voulait pas finir comme le poupon défiguré.

Edgar cherchait à tester son adversaire et l'analysait froidement, comme un torero devant un taureau particulièrement gros et énervé.

La réplique d'Edgar n'avait pas fait mouche, bien au contraire. Le type avait éclaté de rire puis déclaré ne pas être un homme mais un seigneur de guerre, et on sentait les majuscules dans sa voix.  Il avait ensuite lâché quelques provocations qu'Edgar n'avait pas relevé, se contentant de passer à l'assaut.

Sauf qu'après avoir mitraillé son adversaire de jabs rapides mais peu puissants, Edgar se sentait faible et inutile. Il s'était attendu à ce que son adversaire tente de parer ses coups ou même riposte. Sauf que son adversaire s'en battait juste totalement les couilles. Edgar avait l'impression d'être au club Med, en train de donner un massage au visage d'un homme. L'image manqua de le faire rire, tant il était sur les nerfs.

Diavolo déclara ensuite se faire chier, qu'il avait autre chose à foutre [qu'à se faire masser]. Edgar s'arrêta donc de le frapper et le laissa filer. Il était sous le choc et il réfléchit au nom que lui avait donné le type. Mayor. Diavolo Mayor. Mayor. Les frères Mayor... C'était pas les seigneurs cauchemars qui régnaient sur deux des plus puissants royaumes de Dreamland ? Et il avait bien dit être seigneur de guerre, non ? Le tableau commençait à se dessiner dans la tête d'Edgar.

Attends, mais t'as affronté un mec de la famille Mayor ? J'avais pas percuté... T'es sûr que c'était pas un imposteur ?

Honnêtement, j'en sais rien. Mais il encaissait drôlement bien, c'était rageant !

En tout cas, si c'était bien lui, j'vois pas en quoi c'est moins épique que mon combat avec des Titans !

Bah toi, tu les as éclaté, non ?

Ah oui, pas faux.

Edgar réalisait qu'il venait de se confronter au membre d'une des familles les plus puissants de Dreamland. C'était un peu comme s'il avait tenté de prendre Mike Tyson en un contre un dans la réalité, et il se sentit un peu taré. Sauf que Mike Tyson s'en serait jamais pris à un enfant et, si ça avait été le cas, Edgar aurait tenté de l'abattre avec une arme ou un truc du genre.

Une arme... Oui, mais quoi ? Il fallait un truc qui puisse blesser un type aussi balèze car la fuite n'était pas envisageable et le suicide... Bof.

Tout en réfléchissant, il observait Diavolo. L'un des bébés venait de lui balancer une espèce de liquide avec son biberon, et la chair de la créature avait légèrement fumé. Le liquide n'était pas passé loin de la chair tendre et rosée de l'un des bébés qui étaient accrochés au seigneur de guerre.

Edgar grimaça. Il considérait Diavolo comme un ennemi et un fou dangereux, mais il était recouvert de bébés plus mignons les uns que les autres, et n'en avait blessé aucun. Et là, il faisait face à des bébés qui semblaient louches et qui le menaçaient avec des biberons qui semblaient remplis d'acide.

Le jeune homme était confus tandis que le seigneur de guerre gueulait et s'apprêtait à passer à l'attaque. Il vit que l'un des bébés s'apprêtait de nouveau à presser la détente et Edgar sentit son cœur s'arrêter.

Il n'était peut-être pas bien fort, ni super résistant. Par contre, il était extrêmement rapide. En moins d'une seconde, il parcourut les mètres qui le séparaient de Diavolo et de son armure pouponne et se jeta... sur le liquide qui était projeté.

La chair de son torse lui brûlait terriblement et il serra les dents. Son dos était exposé à une attaque de Diavolo, mais c'est pas comme s'il pouvait faire grand chose contre lui, avec toutes ces victimes collatérales possibles.

- Arrêtez avec vos biberons, vous allez blesser vos congénères ! Et toi, Diavolo, ne les réduis pas en miettes par pitié, ce ne sont que des gosses !

Edgar se sentait blessé dans son orgueil d'implorer un type qui l'avait souillé verbalement et qui se comportait aussi mal. Mais il préférait qu'on lui marche dessus plutôt qu'on écrase des gamins devant lui.

C'est le vent qui fait bouger les étoiles... et c'est Edgar qui fait bouger les enfants.

Edgar se fit attraper comme une loque par un Diavolo assez remonté et se retrouva à voler dans les airs. C'est à ce moment qu'il réalisa qu'il y avait une lourde différence de puissance entre eux. La réception du vol plané fut plutôt rude, il tomba lourdement sur le dos, pile à l'endroit où l'avait touché l'acide. Cela fit double choc et il ne put retenir un hurlement de douleur. Serrant les dents, il hésita à se relever d'un bond... Mais pour faire quoi ? Se jeter sur Diavolo ? Sur les bébés ? Reprendre une giclée d'acide ?

Pendant ce temps, Diavolo lui mettait un méchant "Toi ta gueule !"... et fit une remarque intéressante. Il voulait qu'Edgar s'occupe des bébés qu'il avait sur le dos et se penchait au-dessus de lui à ces fins, se secouant comme un chien plein de puces. La comparaison, déjà peu flatteuse, n'était pas très réaliste puisque les enfants étaient plutôt calmes, certains dormaient même. Edgar se retrouva rapidement enseveli par une montagne de petits corps plus mignons les uns que les autres, tandis que Diavolo encaissait stoïquement des décharges d'acide.

- Putain, avec tous ces jets, il devrait déjà danser la tectonik... Pourquoi reste-t-il debout, l'enculé ? Vous êtes certains que le bibi est chargé ? pestait le tireur en couche-culotte.
- J'suis sûr et certain, Big Baby. Je l'ai chargé moi-même avec les pastilles d'Heisenbeurk, il doit plus sentir son d... ATTENTION !

Pendant que les bébés basculaient de la pause café à la panique la plus totale, en voyant un abribus de viande leur foncer dessus pour transformer l'un d'eux en torchon, Edgar se remettait debout et constatait que les bébés s'étaient accrochés à lui. Dans leur sommeil, ils n'avaient peut-être pas vus la différence entre papa Diav' et oncle Ed'. Ou alors, ils aimaient bien s'accrocher à tout ce qui bouge, ces traîtres. Toujours est-il qu'Edgar fut heureux de s'être entraîné car le poids supplémentaire était quand même conséquent et se mouvoir n'était pas ultra facile, sa vitesse en était diminuée.

Edgar avait un plan. C'était pas le plus complexe ou le plus brillant des plans, mais il avait le mérite de remplir son objectif principal, à savoir protéger le plus d'innocents possibles. Diavolo venait de le démontrer, il était capable de péter les plombs et de rentrer dans des furies meurtrières.

Il fallait donc lui retirer la garde de ses gosses.

Si Edgar avait été plus fort, il aurait mis les enfants de côté et aurait affronté le seigneur de guerre. Sauf qu'il savait ne pas faire le poids et ne comptait pas mettre les petits bibous innocents en danger pour une question d'ego.

La stratégie était donc très très simple, mettre un maximum de distance entre les bébés et Diavolo. Et vu que les gosses étaient sur son dos, il fallait qu'il s'éloigne en trottinant : pas trop vite pour ne pas réveiller les gosses et cramer son endurance en deux secondes, mais pas trop lentement pour pas que Diavolo le rattrape en deux deux lorsqu'il se sera rendu compte de la supercherie.

Enfin, peut-être que Diavolo se foutait de ces gosses comme d'une guigne ? Dans ce cas, la mission serait plus facile et Edgar en serait soulagé.

Il marchait d'un bon pas quand il vit l'objectif secondaire de la nuit : des cavaliers. Mais pas n'importe lesquels, des chevaliers de Fantasia. Il agita la main dans leur direction et s'approcha d'eux. Il comptait raconter la situation en détaillant les actions et laisser les autorités se faire leur propre opinion. Il avait vécu dans les rues de Marseille depuis son enfance et ça se faisait pas de balancer un gars aux forces de l'ordre, mais quand on ne pouvait régler la situation seul et que des vies étaient menacées...

Lorsqu'il s'approcha, il vit que l'un d'eux transportait une jeune femme derrière lui.

Une jeune rêveuse, pour être précis. Et pas n'importe laquelle.

Edgar se sentit vraiment nul. Il valait pas mieux que ces types, au collège, qui avaient peur du lui juste parce qu'il était d'origine arabe et qui le traitaient de voleurs. En effet, il s'était laissé tromper par l'apparence de Diavolo Mayor, ainsi que par sa vulgarité, et l'avait catalogué immédiatement dans la catégorie des méchants. Au contraire, il avait tout de suite placé dans celle des gentils à protéger les bébés qui parlaient comme des adultes.

Il s'était fait avoir comme un... Baby.

Un rapide entretien avec les chevaliers révéla que Diavolo avait mis fin aux agissements de bébés plutôt vils et retors qui rackettaient et arnaquaient beaucoup d'habitants de Babyland. Certes, il avait employé des méthodes expéditives mais ses adversaires le méritaient. En effet, en plus de leurs activités criminelles, ils avaient "liquidé" selon leurs termes beaucoup de Voyageurs et de créatures de Dreamland, à l'aide de biberons chargés d'acide.

De plus, les chevaliers avaient été dans l'incapacité de mettre fin à leurs agissements car leur code d'honneur les empêchait de porter la main sur un enfant, aussi maléfique soit-il.

En bref, Diavolo avait nettoyé le royaume d'une sacré vermine.

- Merde alors, dire que j'ai éloigné ces enfants en étant persuadé qu'il allait leur faire du mal... J'suis vraiment un blaireau. Merci beaucoup de m'avoir appris tout ça, va falloir que je m'excuse. Vous auriez pas une idée d'où il pourrait se trouver ?

Edgar s'adressait au chevalier avec lequel il était monté et dont il tenait la taille. Il avait l'impression d'être le passager d'une moto et ne sentait plus ses fesses.

- Des messages envoyés par certains de nos camarades disent qu'il a été vu à plusieurs endroits et qu'il a notamment chassé un lion pédophile qui nous donnait pas mal de fil à retordre. Je serais prêt à mettre mon honneur en jeu qu'il se dirige vers le Geyser des rêves. Je ne vois pas ce qu'il compte y faire mais je te propose de nous accompagner, puisque nous comptons aller à sa rencontre.
- Merci, messire. C'est très aimable à vous. répondit Edgar.

Au bout d'une bonne vingtaine de minutes de chevauchée, ils finirent par arriver en vue d'une espèce de gigantesque puits d'où s'échappaient des bulles de toutes les couleurs. Diavolo avait la tête plongée dans le geyser. Il semblait dégager une violente aura meurtrière qui fit frissonner Edgar. Il eut soudain l'impression d'être un minuscule bébé qui regardait un géant armé d'une hache et qui avait envie de se réfugier dans les jupes de sa mère.

Diavolo se mit à gueuler qu'il s'appropriait le royaume jusqu'à ce que son fils ait atteint la majorité royale et puisse régner dessus. Edgar imagina un Diavolo junior et frémit : mieux vaudrait ne pas se mettre en travers de la route du gosse.

Les chevaliers et Edgar finirent par arriver devant lui alors qu'il finissait sa revendication. Claire ne les accompagnait pas, elle avait préféré rester en arrière et s'occuper de la cinquantaine de gosses ramenés par Edgar.

Le chevalier auquel était accroché Edgar s'arrêta à quelques pas de Diavolo et leva son gantelet droit en signe d'apaisement.

- Bien le bonjour, roi Diavolo. Nous avons entendu parler de vos faits d'armes et nous sommes ravis de constater que ce royaume s'est enfin trouvé un nouveau protecteur. Nous n'obéissons qu'aux ordres de notre Reine, et nous allons continuer à les suivre en protégeant ce royaume jusqu'à ce que nos ordres changent. Nous ne jouerons pas les trouble-fêtes à moins que le royaume ne soit en danger, il n'y a donc aucun problême de ce côté-là. Que votre quête soit glorieuse et semée d'obstacles !

Il remonta ensuite sur son cheval, suivi d'un seul même mouvement par ses hommes, puis fit signe à Edgar de monter derrière lui.

- Merci de la proposition, monsieur, mais je vais rester ici. Passez une bonne journée !
- Soit. Que tes ennemis connaissent un trépas mérité, Edgar ! Je donnerais de tes nouvelles à Sir Kaï.

Edgar le remercia d'un signe de tête puis d'approcha de Diavolo. Il ne connaissait pas l'étiquette à Dreamland, ou dans le monde réel, aussi prit-il le parti de s'agenouiller devant lui.

- Je vous prie de m'excuser, seigneur Diavolo. Je me suis laissé abuser par les apparences et j'ai tenté de vous empêcher de protéger ce royaume. Si j'avais su, je vous aurais plutôt aidé ! Je sais que je ne suis pas en position de vous demander quoi que ce soit, mais connaîtriez-vous un maître d'armes ou un endroit où je pourrais m'entraîner afin de diminuer l'écart de puissance qu'il y a entre nous ? J'ai besoin de davantage de puissance si je veux un jour me montrer aussi utile que vous.

Le regard d'Edgar était rivé dans celui de Diavolo. Il était déterminé et ne flanchait pas. Edgar s'attendait à ce que Diavolo refuse ou même lui envoie une solide mandale : après tout, la créature l'avait plutôt malmené verbalement et physiquement depuis leur rencontre.

Mais qui ne tente rien n'a rien. Et puis, il l'avait bien cherché à jouer les abrutis.

L'un des chevaliers sembla mal prendre le vocabulaire assez injurier de Diavolo mais l'un de ses camarades le calma d'une main sur l'épaule. Il n'y avait pas d'honneur à s'abaisser au niveau d'un animal bon que pour la guerre, mieux valait l'ignorer. L'attaquer risquerait de créer un incident diplomatique pour pas grand chose, d'autant plus que Diavolo n'avait rien fait de mal hormis quelques insultes.

Le chef des chevaliers fit un signe de tête qui pouvait être pris pour un assentiment, puis se mit en route avec ses chevaliers, après avoir rapidement échangé avec Edgar qui avait décidé de venir s'excuser auprès de Diavolo.

La réponse fut salée. Edgar se fit tour à tour traité de footeux (le foot est-il populaire même à Dreamland ?), de débile, de suceur, de faux-cul et de baltringue. Vu comment était le personnage, fallait peut-être le voir comme une marque d'affection. Edgar encaissa les insultes stoïquement et essaya de ne pas les prendre au premier degré. Il savait ce qu'il valait : il avait été prompt à juger mais n'était pas non plus un abruti fini. Pas plus qu'il n'était un faux-cul, puisque ses excuses avaient été sincères.

Diavolo semblait avoir fini et sortit une bouteille de lait. Pendant quelques secondes, Edgar s'attendit à ce que l'héritier Mayor la lui verse sur la tête afin de l'humilier davantage, mais le seigneur se contenta d'en boire. Le Voyageur hésita à se relever mais Diavolo reprit la parole.

Cette fois-ci, il se montra beaucoup plus sympathique si on omettait son langage plutôt injurier. Il déclara à Edgar que leurs forces ne seraient jamais égales. Soit, il était prêt à l'entendre. Il n'était qu'un Voyageur, après tout, qui ne vivrait à Dreamland qu'au maximum 80 ans. Cela aurait été injuste de devenir plus puissant qu'une créature ayant plus d'un siècle. Edgar trouvait donc ridicule que des Voyageurs ait mal pris cette information et se soient attaqué à Diavolo.

La suite du discours était plus didactique même si Diavolo étalait sa méconnaissance d'Edgar. Une grande partie de ce qu'il disait était faux, mais il y avait pas mal de conseils bon à prendre, comme l'apprentissage à travers la défaite ou au travers des autres, ou encore de s'entraîner à Fightland mais d'éviter les armes.

Ensuite, et ce fut la partie la plus intéressante pour Edgar, Diavolo lui apprit qu'il tenait un Fight Club dans plusieurs royaumes et lui indiqua de dire qu'il venait de la part de l'Antivirus. Un endroit où se battre contre des adversaires plus expérimentés afin de progresser et de mieux assurer son rôle de protecteur de royaumes, sans craindre pour la vie d'autrui ? Edgar était carrément preneur !

Il se releva et adressa un léger sourire à Diavolo.

- Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et de me donner votre analyse pas super fiable, hélas ! J'espère que votre soirée se passera bien, je vais vous laisser si on a fini...

- C'est ça casse-toi, bébé. Laisse les grands causer un peu ! fit une voix venue de derrière Edgar.

Un homme d'une trentaine d'année, à la chevelure longue, blonde et au corps finement musclé s'approchait d'eux. Il était nu hormis une couche trop petite, et tenait à la main un gigantesque hochet. De grandes lunettes de soleil dissimulaient ses yeux et il souriait d'un air goguenard.

- Moi c'est Ray Babe, n°896 de la ligue M et Voyageur originaire d'ici. Pour être honnête, je m'en suis toujours battu les couilles de ce royaume, me contentant d'une visite par-ci, par-là, mais ne dit-on pas que l'on ne se rend compte de la valeur d'une chose que lorsqu'on la perd ? Désolé mon pote, tu peux chercher à briller devant des Babys autant que tu veux mais les créatures qui se prennent pour des seigneurs, je leur mets des fessées avant de les mettre au lit.

Il claqua des doigts, prenant une pause qui se voulait dramatique, et une dizaine de bébés se mirent à tomber du ciel, pleurant et geignant. Edgar, qui avait suivi la diatribe du nouveau-venu avec un intérêt poli, en tomba sur le cul. L'enculé invoquait des bébés et ces derniers risquaient de se blesser en tombant ! La question de s'ils étaient réels ou pas ne se posaient pas, Edgar se devait de les sauver.

Il se précipita sur le plus proche de lui et l'attrapa par la couche, le rattrapant de justesse. À son contact, le bébé explosa, lui emportant le bras.

- Gyahahahaha ! T'es vraiment trop con, toi !

Edgar tremblait de rage et lança un regard furieux à l'invocateur. Il avait compris la leçon, il n'allait plus tenter de sauver les bébés car s'il crevait, personne ne pourrait les protéger hormis Diavolo.

Il allait directement éclater la tronche de l'invocateur.

Il fonça sur lui puis changea de direction au dernier moment, se servant de sa vitesse boostée par son pouvoir pour apparaître sur le côté et lui balancer un violent crochet dans la mâchoire.

L'invocateur allait très certainement lui balancer un coup de hochet, mais qui n'est pas prêt à prendre des coups n'en donne pas.

Le coup d'Edgar porta et la tête de son adversaire partit légèrement en arrière. Toutefois, Ray répliqua d'un violent coup de hochet qui frappa Edgar dans l'épaule gauche et l'envoya voler sur le côté.

Un bébé apparut ensuite au-dessus de lui et Edgar dut se jeter sur le côté, sans prendre le temps de récupérer son équilibre, pour ne pas se le manger en pleine face. Cela lui fendait le cœur mais mieux valait pour lui qu'il les ignore.

- Ouh, mais c'est que ça cogne presque dur pour un gosse ! fit Ray, en se massant le bleu sur sa joue gauche. Je t'ai entendu, Druss la Légende. Je m'occupe du gamin, des chevaliers et je te refais le portrait ensuite, parole de Ray. Quant à toi, gamin, gaffe à ne pas te prendre un second coup de mon hochet. C'est le Hochet du Réveil, artefact de rang A de Babyland dont seule une poignée de personnes connaît l'existence. Si tu te fais toucher une seconde fois, tu te réveilleras et ne pourras plus revenir à Dreamland avant un moment. Gyahahahaha !

Un artefact capable de réveiller les voyageurs ? Mais que fait la police anti-abus ? C'est un peu off-limit, tout ça ! Edgar tressaillit : c'était la première fois qu'il faisait face à un Voyageur avec un pouvoir et un artefact aussi puissant. Comment pouvait-il l'attaquer sans se faire toucher par le hochet ? En plus de ça, Diavolo n'avait pas l'air de vouloir l'aider.

Au loin, des explosions et des cris de chevaux se firent entendre. Une épaisse fumée noire était d'ailleurs apparu et il était difficile

-Vous entendez ces bruits ? Bien sûr que vous les entendez, vous êtes cons, pas sourds ! C'est ce qui arrive à la cavalerie quand elle laisse le temps à un méchant de faire ses préparatifs. Amusant, non ?

Pendant que le Voyageur causait et faisait un clin d'œil à Diavolo, Edgar s'est saisi d'une poignée d'herbe-barbe à papa qu'il s'est mis à réduire en miette, afin de créer une espèce de sable sucré et collant. Il continue de le frictionner, jusqu'à ce qu'il perde partiellement ses propriétés collantes. Diavolo lui avait conseillé de faire davantage travailler son cerveau ? C'est ce qu'il allait faire.

Il fonça de nouveau sur l'invocateur de bébés mais, cette fois-ci, il ne changea pas de direction et lui balança la poignée de sucre vert vers le visage, avec pour objectif de l'aveugler ou d'occuper son attention. Puis il se déplaça rapidement de manière à se retrouver dans son dos. Ray avait eu le temps de le voir agir et avait commencé à pivoter. Edgar frappa le Voyageur de toutes ses forces au niveau de l'oreille, s'explosant les phalanges au passage.

Cette fois-ci, Ray accusa le choc et recula d'un bond, une grimace de douleur sur le visage. Il jeta ensuite son hochet sur Edgar, qui n'eut pas le temps d'esquiver, ne s'y attendant pas.

- Touché ! fit Ray, alors qu'Edgar recevait le hochet sur le flanc droit.

Edgar attendit, mais il ne se réveilla pas. Il entendit un cri de bébé et se jeta au sol. L'instant d'après, il n'entendait plus rien et sa vision se brouillait. L'explosion avait eu lieu beaucoup trop près de ses oreilles.

- Tu peux garder le hochet, il n'a aucun pouvoir. Oups, tu m'entends sans doute pas, dommage pour toi.

Ray se tourna ensuite vers Diavolo.

- Quant à toi, t'es aussi crédule que lui. Pas étonnant que tu t'attendes à ce que les gens gobent tout ce que tu dis si t'es incapable d'avoir le moindre esprit critique. Je suis pas plus de ce royaume que tu n'es son roi. Bon app', seigneur du Dimanche !

Une espèce de bombe ronde apparut et roula en direction de Diavolo. Mieux valait ne pas rester dans son champ.

Quant à Edgar, il avait le visage noirci, les mains plaquées sur les oreilles et l'air hagard. Il vit, sortir de la fumée, des chevaliers à l'armure noircie et à pied. La lame au clair, ils avançaient à vive allure vers... l'invocateur d'explosifs ? l'invocateur de bébés ? le PNJ qui n'aurait jamais dû exister ?

La bombe s'élança en direction de Diavolo, prête à... à se manger un homme-dauphin en pleine face ? Mais son destin était d'exploser au premier obstacle rencontré et c'est ce qu'elle fit, transformant un homme-dauphin en confettis. Enfin non, la démarcation entre les deux parties de son corps fut transformée en confettis. Un tour de magie non réversible, hélas, au grand dam d'un cavalier éploré.

Ô rage, ô désespoir, ô terrible infamie, Diavolo montra que derrière son apparence de grand guerrier ténébreux se cachait un petit coeur.  Un petit organe violet qui battait pour les montures qu'il martyrisait adorait.

Quant à Ray, il applaudit des deux mains.

- Ahahahahah, c'est juste trop drôle, le type se cache derrière Flipperman maintenant ?! fit-il, tout en essuyant les larmes qui coulaient le long de ses yeux. J"en chiaves de la bite, putain !

Et il balança une autre bombe, histoire de voir si un Ducmont pouvait en cacher un autre.

Et c'était le cas ! Parce qu'Edgar, qui se sentait tout patraque et avait un avion de morve collé dans les cheveux, se retrouva soudain avec une centaine de muscles sur le dos. Et au lieu de finir écrasé sous la charge et de pousser un dernier râle, ou de ruer comme un beau diable pour se débarrasser de ce seigneur qui le prenait pour un canasson... Bah Edgar, déjà bien affaibli, se laissa affecter par l'aura belliqueuse de Diavolo, qui était sous ses trois formes.

Il avait donc l'impression d'être chevauché par une espèce de seigneur de guerre mi-homme, mi-animal et se sentait galvanisé. Il n'était plus un Voyageur sourd, manchot et hagard, il était une putain de machine de guerre, un bipède qui valait bien quatre pattes.

Hokuto no chevaluuuuu !!!

La bombe s'approchait dangereusement d'eux mais Edgar fit un écart brusque sur le côté, sa vitesse et sa force semblant boostée par la présence de Diavolo. La bombe explosa derrière eux, sans leur causer le moindre dommage.

Derrière le Voyageur, le chevalier le plus proche s'exprima.

- Retournez vous, saltimbanque démoniaque ! Affrontez la mort en face comme un homme, je n'occirais pas un homme par derrière !

Sans se retourner, le Voyageur leur fit un "fuck". Attention, la suite est l'expression de la pensée de Ray et pas du narrateur : leur honneur était ridicule et ils pouvaient bien aller se faire foutre".

Edgar et son cavalier se rapprochaient à toute vitesse de l'invocateur de bombes. Ils étaient trop près pour que ce dernier puisse leur envoyer une bombe sans se prendre des dommages collatéraux.

Voyant que son seigneur poussait une sorte de cri de guerre, Edgar-lobotomisé-par-son-aura tenta d'en improviser un. Vu qu'il n'avait pas trop le temps de réfléchir, il sortit le premier truc qui lui passait par la tête.

- J'SUIS TROP JEUNE POUR ÊTRE PAPA !!!

Il ne sentait pas la morsure des coups donnés par Diavolo pour le faire avancer, pas plus qu'il ne ressentait la fatigue qui alourdissait ses membres. Son champs de vision était réduit à un torse musclé et imberbe qu'il voulait réduire en bouillie.

Hahahahaha, tu mytho, c'est pas possible ! T'as servi de monture à une créature ? Putain, c'est encore plus humiliant que le jour où on s'est servi de moi comme groupe électrogène de sec... Merde, pourquoi j'te raconte ça ?

J'étais pas moi-même ! Et puis, apparemment, j'ai pas le monopole des situations embarrassantes. Rassure-moi, personne ne t'a branché de câble dans le cul ?

Ce qui se passe à Dreamland reste à Dreamland...

Ray trouvait que la situation commençait à sentir la poudre à canon et, pour une fois, il n'y était pas pour quelque chose. Les chevaliers risquaient de faire le tour de lui pour le frapper, et un duo de mecs gueulards et rapides lui fonçaient dessus sans se soucier de ses capacités explosives. Soit ils étaient juste débiles, soit ils avaient un plan et cette dernière possibilité ne plaisait pas au Voyageur.

Il ne pouvait pas leur balancer de bombe sans prendre le risque de s'exposer à des dommages collatéraux et ne pouvait pas se retourner sans avoir à gérer un groupe de chevaliers. Il était pris entre l'enclume et les mecs complètement marteaux, et c'était pas agréable.

Edgar, quant à lui, était loin de se poser des questions. Il voulait juste défoncer le méchant qui faisait s'écraser des bébés sur le sol. Il ne restait plus que trois mètres et Diavolo s'éjecta d'Edgar pour se lancer dans un violent drop kick qui cueillit le Voyageur dans la gueule et l'envoya voler en arrière, passant au milieu des chevaliers qui eurent la bonté de s'écarter.

Edgar continua sa route et s'apprêta à se lancer à leur suite, afin de satisfaire ses besoins d'hémoglobine nouvellement développés mais...

- Reste-là, Edgar. Ne diminue pas ton honneur en t'interposant entre deux hommes, tu as joué ton rôle de monture à la perfection !

Là Edgar vit rouge et tenta de bousculer les chevaliers afin de passer, mais ça ne fonctionna pas. Les hommes en armure étaient étonnamment plus lourds et stables que lui.

- Oh un dragon !
- Cette supercherie ne fonctionnera pas. Respecte-toi, s'il te plait.

La distance avec Diavolo a diminué les effets de l'aura de ce dernier sur lui, et il est plus calme et réfléchi. Il souhaite toutefois prêter main forte au seigneur.

- Mais non mais c'est vrai, y a une sorte de grand ver de ferraille ! fait Edgar, en pointant l'horizon du doigt.
- Diantre ! N'avions nous pas occis toute sa progéniture ?

Le chevalier et ses compères se retournent et dégainent leurs épée d'un seul mouvement.
Edgar passe au milieu à toute vitesse et se fait cueillir par le souffle d'une explosion qui le projete à quelques dizaines de mètres.

Revenons quelques instants en arrière et écoutons les derniers mots de Ray Babe :

- Je vais crever... mais pas tout seul !

Suite à quoi il a utilisé toutes ses dernières miettes d'énergie pour invoquer des bombes au-dessus d'eux et a essayé de bloquer la tête de Diavolo en lui faisant un collier avec ses bras.

HRP: