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Les démons du nô [Lucas & Joy]

Ashoka
Roi des Rêves
Ashoka
Pouvoir : Docteur en parchemins curatifs
Messages : 595
Les démons du nô [Lucas & Joy] Mar 18 Juin - 15:15

Tenue de la nuit




Ce furent les shamisens qui accueillirent directement la voyageuse à son éveil. Pandaland, encore une fois ! Le Royaume des pandas était l’un des favoris de la matheuse car elle n’avait encore jamais vu de vrais pandas dans le monde réel, et leur profusion à Dreamland lui donnait une curiosité vivace, et une satisfaction très particulière car partagée. Les créatures étaient généralement comme les vrais animaux, donc en train de pioncer, de manger, de glander ou de regarder dans le vide en ne faisant rien. Bien sûr certains pandas comme son ancien maître Yojiro, un expert en aïkido, remuaient et faisaient des choses afin de les confondre avec le décor, mais tout de même, le royaume valait tellement le détour ! Joy s’éveilla en portant directement un kimono bleuté de fête, car elle n’avait pas poppé là par hasard. Après la rencontre avec un nouveau voyageur prénommé Lucas, la matheuse lui avait donné rendez-vous par sms dans le Royaume des pandas quelques jours après leur passage à Cyber. Un festival avait lieu, du nô, du kabuki et des concours de shamisen et de danses folkloriques étaient programmés, dans une ambiance chaleureuse. On disait que Panda, le gérant du royaume, allait venir, mais Joy ne crut pas un seul instant cette rumeur, car la créature ne bougeait jamais de ses siestes. Enfin ce serait une première, et dans un festival de nô les premières étaient forcément historiques.


Parmi les étalages qui bordaient les boutiques et les petites maisons traditionnelles inspirées d’un univers asiatique, quoi que ça voulait dire, Joy cherchait déjà de la nourriture traditionnelle, des soupes, des pâtes de riz et des mochis à la pâte de haricots rouges, mais aussi des aliments plus exotiques. Elle savait que les pandas aimaient les babous, mais ils cuisinaient également avec toutes sortes d’algues et d’épices qui emportaient la gueule sans demander ton avis. Elle prit dans son sac certaines de ses épices, en prenant bien soin de ne pas les toucher car certaines pouvaient attaquer directement la peau nue. Les pandas avaient besoin de ça pour se réveiller ou pour se booster, voire même se mettre dans une colère qui s’apaisait plutôt vite en raison de la flemme de vraiment se mettre en colère pour de bon. Elle mangea des soupes à base de bambous et des poissons, cuits, puis crus, avec des champignons noirs qui poussaient dans la forêt de bambous qui entourait les habitants. Le champignon devait aspirer la soupe pour gonfler et apporter alors ses arômes dans le breuvage, pour le magnifier. Les champignons les plus chers pouvaient totalement changer le goût d’une soupe, alors qu’ils étaient de la même espèce.


A côté d’un étalage, elle repèra un vendeur de masques, notamment des démons et des esprits de la forêt de bambous. Le vendeur, un panda souriant aux yeux fatigués la regarda scruter les masques, cligna d’un œil pour se motiver et lui parla d’une légende en prenant un masque noir aux arabesques argentées et vertes.



- C’est le masque d’un légendaire démon, l’Onibaque. Un ancien professeur devenu criminel car un groupe de brigands a tué toute sa classe, ainsi que sa femme et ses deux enfants dans son village. Il a tué le groupe de brigands et s’est donné la mort dans un étang où des cygnes noirs venaient la nuit pour admirer la clarté de la lune et son reflet verdâtre sur l’onde…
- Vous dites ça à tous les voyageurs qui passent, je me trompe ?
- Ah ah, pas tout à fait, je choisis les masques en fonction de ce que je ressens en vous voyant, et vous êtes la deuxième personne cette nuit qui m’inspire ce masque...vous le voyez, j’en ai une centaine, ils ont tous des histoires à eux, des personnalités...indépendantes, même, oui je vous le dis, indépendantes ! Si jamais un masque que j’aurais vendu ne correspond pas à la personne, c’est moi en tant qu’artisan et vendeur qui suis maudit ! Et je joue avec les esprits, ce ne serait jamais dans mon intérêt ! Et….ouuuuuuuaaaaaaaaah...excusez-moi, la fatigue…


Le panda baillait à s’en décrocher la mâchoire. Manifestement le fait d’avoir raconté des contes pour enfants l’avait fatigué. Joy acheta tout de même le masque pour quelques milliers d’essences de vie et elle continua de déambuler dans les rues du festival. Elle reçut une estampe qui annonça du théâtre nô bientôt dans la soirée. Avec un peu de chance, Lucas arriverait à temps pour voir la pièce. Elle espérait aussi discuter avec lui autour d’un bon saké et d’une nourriture saine et délicieuse dans quelque échoppe comme il y en avait des centaines cette nuit. Patientant, elle écouta une chanteuse qui avait des musiciens plus variés. De ce qu’elle comprenait de la présentation de la chanson, c’était encore des histoires entre les esprits et les vivants. Cette fois, la chanteuse parlait d’une jeune fille et d’une colombe blanche magique qui vivaient ensemble, jusqu’à ce qu’un beau guerrier ne vienne faire fuir la colombe...



Lucas Moreas
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Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mar 18 Juin - 16:04

Tenue de la soirée:


J’avais reçu un message d’Angélique quelques jours après notre rencontre à Cyber. Bien que j’avais à l’origine d’autre plans pour ma nuit, je m’étais engagé et ce n’était pas dans mes habitudes de déroger à une promesse, notamment dans un monde ou vous retrouver n’était pas bien compliqué. De plus, dans le cas présent, si la jeune femme voulait me régler mon compte, au vu de ce que j’avais pu constater lors de notre affrontement avec les malfrats du royaume technologique, je ne ferai pas le poids. Et puis qui sait, ce serait peut-être une soirée plus calme. Après tout, je n’arrive pas à voir quel intérêt la Famille aurait à PandaLand.


Je m’endors donc, quelques heures plus tard que prévu, décalage horaire oblige, ayant constaté que son numéro était français, pour me réveiller dans le royaume des Pandas J’y suis déjà allé plusieurs fois, mais sans jamais m’y attarder. Toutefois, mes précédentes expériences ici s’étaient toujours bien conclus. Il ne se passe pas grand-chose, mais c’est le lieu rêvé pour manger et se reposer, ce qui est finalement le but d’une nuit, en réalité. Habillé alors d’un kimono blanc et noir, je me mets à la recherche de la jeune femme. Je ne devrai pas être loin d’elle, étant donné que pour plus de facilité, j’ai essayé de me calquer sur sa position pour mon réveil et non le Royaume en lui-même. La retrouver aurait alors été bien trop compliqué et demanderai trop de temps.

Me voici donc dans la gigantesque ville du royaume, visiblement enjoué dans une ambiance de fête. Je n’avais pas fait attention mais très vite, en voyant les différentes affiches et en écoutant des bribes de discussion, je comprends qu’un festival a lieu. Toujours dans l’incompréhension de la raison de la demande de ma présence de la part d’Angélique, j’erre dans les ruelles, sachant qu’elle ne doit pas être très loin, observant les différentes échoppes et magasins, m’attardant parfois sur quelques spectacles de rues qui ne manquent pas. Mon attention demeure toutefois plus longue sur les différentes échoppes de masque. Une attraction presque contre-nature pour moi, faisant désormais parti de mon quotidien. Dreamland était un monde hostile ou il fallait être le mieux armé possible pour s’en sortir. Je devais toujours apprendre à confectionner mes propres masques, alors pour l’instant, en obtenir de nouveau me contentait. D’autant plus que là ou certains n’y voient qu’une valeur marchande ou émotionnelle, chaque masque peut, entre mes mains, offrir des capacités diverses et variées.


Finalement, ce fut une chanteuse qui attira mon attention et, comble du hasard, je reconnais celle qui s’était battu à mes côtés, pour ne pas dire à ma place, quelques nuits plus tôt. Glissant mes mains dans mes manches, je viens donc me placer à ses côtés, un sourire aux lèvres.


«
Etonnant endroit que tu as choisi là, pour notre deuxième rencontre. Au moins, tu es en meilleur état que la dernière fois.»


Deuxième, un mot non pas choisi à la légère, car supposant qu’il y en aurai d’autres. Et, comme je l'avais dit, le fait qu'elle n'ai pas disparue montrait que son état ne lui avait pas été fatale la dernière fois. J'en avais passé des jours à soigner des gens, et même si elle avait tenté de le cacher, j'avais pu observer qu'elle se contenait pour éviter de paraître blessée face à moi. Toutefois, je ne savais toujours pas sur quel pied danser avec elle. Du peu que j’avais vu, c’était une combattante aguerrie, officiant pour une organisation dont la morale était très questionnable.  La raison de ma présence n’avait toujours pas trouvé de justification. Heureusement pour moi, mon pouvoir ne demandait aucune préparation, aucun objet à transporter, comme pas mal de voyageurs de Dreamland, me direz-vous. Gardant mon sourire, je lui tend un petit verre de saké, payé quelques minutes plus tôt pour une poignée d’essences de vie, levant le mien, trinquant à distance avant de le porter à mes lèvres. Ce ne serait certainement pas ça qui me rendrait saoul, mais tant qu’à discuter avant de faire quelque travail que ce soit, autant le faire dans de bonnes conditions.


Je toise alors la jeune femme, la regardant de haut en bas, attendant une réponse, puis porte mon regard sur la chanteuse, ne captant que les quelques mots de la fin de sa musique avant qu’elle ne s’achève. Pas d’applaudissement, ça ne se faisait pas ici, ça faisait bien trop de bruit, mais l’esprit y était. Sans arrière-pensée, voilà comment j’étais venu. Peut être que nous ne ferions que passer une bonne soirée, qui sait.

«
Et ou allons-nous maintenant ? »

Clairement, j'étais la comme un touriste, me faisant guider par Angélique. Logique, non ? C'est elle qui m'avait demandé de venir, je n'allais donc pas lui imposer quoi que ce soit et me contenterai, pour l'instant, de voir ce qu'elle avait prévu pour cette nuit.
Ashoka
Roi des Rêves
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 19 Juin - 10:29

Le voyageur au pouvoir des masques venait d’arriver près de la chanteuse panda qui régalait la foule de badauds de sa voix et un rythme rapide pour la population. Il avait la même sérénité apparente et le calme de leur première rencontre à Cyber, ce qui était une bonne chose car elle n’était pas sûre qu’il en sorte tout à fait indemne. La vie parmi les malfrats, petites frappes et ordures de grande envergure pouvait tuer un homme, pas forcément violemment mais de manière plus insidieuse. Les meurtres, les combats et les exécutions changeaient éventuellement la vision du monde des rêves. Cependant, Lucas semblait avoir de l’expérience, de quoi encaisser pour pouvoir passer à autre chose. La nuit à Pandaland promettait d’être radicalement différente, une occasion aussi de discuter d’autre chose, et peut-être de commencer à se faire confiance au final. La chanteuse finissait sa prestation et le voyageur se tourna vers Joy pour lui demander ce qu’ils faisaient ensuite. Elle but le saké et l’emmena dans une échoppe pour manger un bol de ramens avec des bambous et des aliments divers, avec des algues arrosées de sozu. Une fois servis ils pouvaient déambuler jusqu’au lieu choisi par la matheuse pour la suite. Elle en profita pour faire le point sur ce qui s’était passé à Cyber.


- Bien remis de tes émotions de l’autre fois ? Je sais que j’ai pu paraître un peu dans le mal, mais t’en fais pas, je finis souvent mes nuits de cette manière. Mon pouvoir est puissant mais il me demande beaucoup d’énergie à chaque utilisation. Je dois souvent me mettre en danger pour aller vite et bien à la résolution d’un combat...Au fait, pour ce soir, tu peux m’appeler Joy. J’évite de donner ma véritable identité, certains voyageurs décident de me tester ou de me tuer pour leur gloire personnelle, je pense que tu comprendras aisément…


Elle parlait un peu nonchalamment, en zieutant les produits exposés en vente à gauche à droite, dans une légèreté particulière aux festivals et aux festivités oniriques, avec quelques instants de folie et des amuseurs publics qui garantissaient une bonne ambiance. Joy était attentive aux réponses du voyageur et elle espérait que lui aussi serait un peu plus franc envers elle...dans le cas contraire, elle hausserait sans doute les épaules et n’en tiendrait pas rigueur, mais bien souvent une confession en appelait une autre. Elle arriva devant un établissement qui se démarquait par ses couleurs vives, la musique qui se dégageait de la cour indiquait au moins un orchestre, la foule de rêveurs et de voyageurs se pressaient comme au Multiplex. Joy avait réservé deux places au début de la nuit, par précaution, mais elle ne s’attendait pas à un tel monde pour du théâtre nô, une des attractions principales du festival qui mettait en avant les comédiens et les artistes des arts théâtraux asiatiques, comme le nô ou le kabuki. La matheuse avait choisi le nô pour la présence des masques et leur symbolique, afin de montrer au voyageur un autre univers que celui de Maskaria. Dans la file d’attente elle expliqua un peu son idée à Lucas.


- On dit que les pandas qui font du nô sont formés de génération en génération, un art ancestral conservé et surtout protégé par quelques clans qui donnent des représentations chaque année, les mêmes pièces, une par soir avec des thèmes différents et des personnages qui sont dans les légendes du royaume, pour s’adresser à tous ses habitants. On dit que ce théâtre possède un millier de masques, chacun dédié à un personnage précis, avec une histoire, des relations, et aussi des réécritures qui ont continué leurs vies officielles. C’est un peu comme Netflix, avec des séries infinies, rejouées, réécrites, revues et adaptées sur plein de sujets plus actuels. Je me suis dit que tu serais intéressé pour rencontrer la lignée qui fabrique les masques depuis des siècles !


Tandis qu’elle causait joyeusement de ses petites trouvailles touristiques, des cris de voix retentirent devant eux. Les guichets étaient pris d’assaut et certains spectateurs partaient en râlant . Selon la rumeur qui courait, la pièce de ce soir était annulée et celles prévues dans la semaine également. La cause était inconnue mais les ragots allaient bon train, jusqu’à ce que les pandas chargés de l’ordre arrivèrent, avec deux pandas en kimono noir et un symbole royal. Des commissaires. La matheuse ne connaissait pas les coutumes du royaume, mais la présence de ces deux créatures n’indiquaient qu’une seule chose : du sang venait d’être versé quelque part dans le théâtre. Joy regarda Lucas, en soupirant. Les nuits se suivaient pour mieux se ressembler. Elle lui fit un signe de tête et tenta de se frayer un chemin vers les commissaires.
Lucas Moreas
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Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 19 Juin - 14:12

À peine lui ai-je donné son verre que je vois qu’il est vide. Sacrée descente. La chanson achevée, nous nous dirigeons donc vers une échoppe qu’elle avait dû repérer plus tôt.  Visiblement, elle connait mieux le royaume que moi et je la laisse commander à ma place, lui faisant confiance sur les choix à faire ici. Finalement, peut être que nous allions passer une soirée dans une ambiance radicalement différente de celle de la dernière fois, ce qui n’est pas pour me déplaire. Parce que devoir soigner les blessures d’une jeune femme qui vient de descendre un gang entier et qui se balade la joue ouverte sans ciller en me demandant à chaque instant si je ne vais pas prendre une balle dans un angle mort, j’aime bien éviter ça. Très vite, alors que nous nous promenons dans les rues de la ville, en direction d’un endroit précis, vu comment elle me tire ou m’indique la direction à prendre, la discussion s’engage, sur des bases bien plus franches que la dernière fois. Joy donc. Je ne suis pas dupe, en ayant entendu la dernière fois qu’elle travaillait pour la Famille, je me suis douté que le nom qu’elle m’avait donné n’était qu’un nom d’emprunt, donc aucune raison de lui en tenir rigueur, j’ai l’habitude de mentir sur mon identité régulièrement.

«
J’ai vu pire, mais merci de t’inquiéter. » lui dis-je en souriant, pour lui faire comprendre que pendant ces dernières années, j’ai déjà rencontré des situations plus extrêmes, bien que notre derrière rencontre fut d’une violence rare.

«
Tu sais, si tu finis toutes tes nuits dans cet état, j’vais finir par me reconvertir en aide-soignant. Je n’ai pas pour habitude de laisser les gens agoniser devant moi » répondis-je avec une pointe d’ironie, mais avec un fond de vérité. Si à chacune des nuits que nous passons ensemble, elle fini dans cet état, je n’ai pas fini de veiller longuement pour m’assurer qu’elle se réveille bien. Je note par ailleurs les différentes informations qu’elle me donne sur son pouvoir dans un coin de ma tête, non pas pour l’utiliser contre elle, mais pour ne pas être ignorant lors de sa prochaine démonstration et ainsi la supporter du mieux possible.

«
J’m’en doute, je m’appelle vraiment Lucas pour le coup. Mais pour ce que ça vaut, j’m’en fiche un peu de la gloire ici. Je n’essayerai pas de te poignarder quand t’as le dos tourné.  Mais, pour ce soir seulement ? »

Taquiner les gens sur la manière dont ils emploient les mots m’a toujours fait sourire, bien que ça ne finisse pas toujours bien. Ici, c’était simplement ironique, sans plus, mais je devais enchainer. Elle m’avait fait une confidence, c’était à mon tour de lui rendre la pareille, histoire qu’une véritable confiance s’établisse entre nous.


«
Et encore merci pour l’autre fois. Avec celui-là, ça me fait sept masques. Mais je n’ai pas encore trouvé comment m’en servir. Il faut que je retourne voir Personae. C’est lui qui m’a enseigné comment me servir et invoquer les masques. »

Associant la parole aux mots, afin d’être plus explicites, lorsque je dis « Celui-là », le masque de la dernière fois apparait dans ma main. Une fois assuré qu’elle a remarqué que je pouvais invoquer les masques, il disparait aussi vite. Dans la conversation, je lui ai également fait comprendre que je travaillais pour le seigneur de Maskaria. Cela dit, je sais que ces informations valent bien plus chères que les miennes, logique quand on travaille dans l’ombre, alors que je n’ai - presque - rien à cacher. Toutefois, si elle voulait en savoir plus, je ne vois pas bien ce qui m’empêcherait de répondre.

Nous continuons donc à nous diriger vers un lieu sur lequel je ne sais toujours rien puis, en voyant que nous nous engageons dans une fille d’attente pour une pièce de théâtre, je réalise qu’elle avait prévu de nous emmener ici quelques heures auparavant, étant donné que nous étions dans la file « place réservée ». J’écoute donc le petit cours d’histoire auquel elle se livre, notant avec amusement qu’elle avait fait ses devoir sur le sujet, mais surtout, qu’elle n’avait, pour elle, aucun intérêt à venir ici. Ça me déstabilise un peu. Je lui devais un service, et voilà que c’est elle qui se débrouille pour me mettre de nouveau dans une position de remerciement. Je lui réponds par un sourire et, hochant doucement la tête, répond :

«
Carrément. Ça fait des mois que j’essaye d’apprendre comment fonctionne les masques, sans succès. Et ici, ça me changera de Maskaria. Les gens ne se rendent pas compte des différentes facettes de ces objets. Mais du coup, la prochaine fois, ce sera à mon tour de te faire découvrir quelque chose. »

Ca commençait à bien faire. Recevoir de l’aide sans être capable de renvoyer l’ascenseur m’agaçait, mais jusque-là, la soirée se passait bien, plus détendue, plus joyeuse que la dernière fois. Même Joy, qui semblait presque être quelqu’un d’autre lors de notre nuit à Cyber, paraissait s’amuser et prendre du plaisir à sortir un peu de ses habitudes. Mais très vite, nous allions déchanter. La présence des gardes officiels signifiait qu’un incident avait eu lieu. C’était quelque chose de rare, voire historique à PandaLand. Les habitants n’ont aucun intérêt à tuer, ne sont pas cupides ni avare et se contentent de vivre en communauté. C’était donc l’œuvre de quelqu’un d’extérieur au royaume. Soupirant, mon regard croise celui de la voyageuse à mes côtés et nos pensées se synchronisent : on allait devoir s’en occuper si on voulait terminer cette soirée comme elle avait commencé. Elle me devance, passant entre les spectateurs énervés tandis que je reste dans son sillage. Très vite, nous voilà devant le premier commissaire, entrain de retenir la foule et leur dire de se dissiper. J’attrape la manche de Joy, la tirant sur le côté, vers le second panda chargé du respect de l’ordre.

«
Que s’est-il passé pour que le spectacle soit annulé ? »

Il me regarde, marmonne quelque chose dans sa barbe, baille longuement puis rétorque, sur un ton las et fatigué :

«
Cela concerne le Royaume, pas les voyageurs. Nous nous occupons de tout. »

Nouveau soupir de ma part, puis un regard vers Joy. Je ne crois pas qu’elle ai une quelconque autorité ici, pas plus que je n’en ai. Si nous voulions tirer cela au clair, il fallait pour commencer que nous entrions dans le bâtiment. Nous nous écartons de quelques mètres puis, une fois un peu à l’écart, je reprends la parole :

«
Bon, je nous fais entrer et on voit ce qu’il se passe ou on attend 5 minutes qu'il ai la flemme de s'en occuper et on se retrouve avec l'enquête sur les bras ? »
Ashoka
Roi des Rêves
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 19 Juin - 16:11

Un aide soignant ? Elle ne dirait pas non, si ses nuits n’étaient pas aussi dangereuses. Quoique, il y avait un lien de causalité entre la dangerosité et les fins de nuits complètement épuisantes, bien évidemment. Elle pourrait bien réfléchir à la proposition du voyageur, s’il ne plaisantait pas. Après avoir eu l’habitude de voyager seule et de finir les missions d’assassinat seule, être accompagnée lui apparaissait comme un luxe inaccessible. Même avec Kahina avec qui elle faisait les 400 coups, c’était quelque chose qui n’était pas franchement évident. La réputation passant avant toutes les autres considérations amicales, bien souvent. Elle s’était faite à cette idée, cependant, et ne se plaignait pas de son sort. Comme disait Lucas, il y avait pire. Le voyageur parlait de son Seigneur, ce qui confirmait bien les soupçons de la matheuse, qui ne réagît pas plus que ça à la mention d’une nuit unique, car avec ce qu’elle avait comme casserole, c’était souvent des allers simples vers les emmerdes et ses contacts ne revenaient pas la voir pour se remuer encore une fois la merde qu’elle attirait comme un aimant.


Dans la file le voyageur semblait content de voir un théâtre folklorique, une réaction étonnante quand on se rendait compte qu’on allait assister à quatre, cinq, six heures de nô, mais enfin c’était toujours un plaisir pour Joy qui raffolait des représentations de Pandaland, pour le pittoresque et le bucolique des pièces qui ne passaient uniquement qu’ici ! Mais il fallait reconnaître que le savoir-faire et la manière d’utiliser les masques des comédiens valaient le détour, en plus de voir des pandas actifs, mouvants et plein d’énergie...c’était pas forcément dans le royaume, et selon les ragots qu’elle connaissait ici et là, on disait que c’était mal vu parmi les pandas. Le voyageur semblait fonctionner au don équivalent, ce qui fit sourire la matheuse, sans moquerie. Les gens étaient souvent étonnés de la dévotion qu’on pouvait apporter à leur donner des cadeaux, des visiters, des ouvertures nouvelles sur le monde. C’était pourtant une nécessité, entre voyageurs, si on comptait un jour peser dans la balance. Travailler ensemble et s’entraider, ce serait la base d’un royaume voyageur, un jour, plus tard...quand elle arrêterait aussi de tuer à tour de bras bien sûr.


Dans la foule des spectateurs rageurs d’apprendre l’annulation de la pièce, les deux voyageurs arrivèrent rapidement devant les forces de police des lieux. Devant la question du voyageur, le flic en chef répond d’un ton monocorde et fatigué par la vie. Ouep, l’enquête était lancée mais elle allait sans doute bientôt se fermer, qoiqu’il ait pu se passer...Les forces de Pandaland n’étaient pas spécialement réputée pour leur zèle et leur énergie débordante, à l’instar du royaume. Joy esquissa quand même un sourire amusé en voyant la scène. Lucas se tourna vers la voyageuse en lui demandant la suite des opérations. Il avait de la suite dans les idées et la matheuse pouffa. Pour l’heure l’annulation n’avait aucune cause et elle restait dans l’ambiance festive. Les pandas rendaient tout terriblement comique, à commencer par le filet en ruban qui bloquait les entrées, installé en trois minutes, et le temps et la minutie qu’ils prenaient à passer en-dessous pour parler à leurs collègues. Elle avisa le commissaire, puis l’autre, essaya d’avoir un plan en tête mais la marche de manœuvre était mince, il en fallait d’autres.



- Les deux mon capitaine ! Tu rentres pour voir ce qui se passe et je vais le tanner pour qu’il laisse l’enquête sur les bras. J’ai mené des interrogatoires, j’dois encore avoir de bons restes pour essayer de le piéger en me faisant passer pour une journaliste du Dreamag. Si toi tu peux rentrer, essaie de voir ce qui se passe, de quoi on parle, et peut-être de voir des suspects potentiels. Je ne sais pas ce qu’il y a eu, mais la troupe doit être secouée à mon avis. On se retrouve dans...vingt minutes ? Ça te va ? Du moins, on se retrouve ici quoiqu’il arrive.


Elle se tourna et scruta le commissaire qui discutait avec ses pandas, d’une flemme et avec une lenteur exaspérantes. C’était l’heure du direct et de la première interview.
Lucas Moreas
Ligue M
Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 19 Juin - 20:51

Pour le coup, ma proposition était plutôt sincère. Si le courant passait bien entre Joy et moi, l’accompagner ne me dérangerait pas. Au contraire, j’ai passé trop de nuits à écumer les royaumes seuls. Et ce ne serait certainement pas ses démonstrations de violence et les effusions de sang qui m’effrayeraient d’emprunter une telle voie, tout comme le fait qu’elle semblait attirer les emmerdes. Une soirée supposée lambda commençait à prendre la tournure d’une enquête. Mais ça m’amusait, pour l’instant. Le danger étant un frisson que l’on pouvait éprouver à DreamLand avec moins de risques que dans le monde réel. Mais pas le temps d’appuyer ma proposition, il était temps de s’occuper de la situation qui se présentait comme un cheveu sur la soupe.

Une fois le refus de donner des informations essuyé, il était évident que nous ne nous arrêterions pas là. Je dois bien avouer que constater que Joy était du même avis que moi, c’est-à-dire essayer de comprendre ce qu’il c’était passé, m’assurant, si ça en venait aux mains, d’avoir une alliée de taille. Et bien, séparons-nous. J’hoche donc la tête lorsque la jeune femme m’explique comment elle veut procéder, et jusque-là, je n’y vois pas d’inconvénient. Je lui réponds donc, avant de m’écarter pour faire le tour du bâtiment :

«
Alors en avant soldat. Evite de revenir ensanglantée cette fois. »

Une légère pique, mais sincère. Je n’avais pas spécialement envie qu’elle s’attire des emmerdes, écrase ses opposants et me revienne dans un état déplorable comme la dernière fois. Je jette un regard à l’horloge de la tour face au théâtre. Vingt minutes. En avant alors. Je m’écarte donc de la foule, trouvant un endroit un peu à l’écart et enfile le masque du puzzle. Je pose ma main sur le bâtiment, histoire de modifier sa structure et de laisser, au pied du mur, un petit trou d’une dizaine de centimètres. Une fois cela fait, il fallait que je réduise ma taille, ce que je fis, en utilisant le masque du pygmée pour rentrer. Et une fois-là, il fallait que j’évite de me faire repérer. J’avance prudemment, pas à pas, me cachant derrière les piliers en bois du bâtiment, m’approchant de la source des différentes voix que j’entends, probablement non loin de la scène de crime. Woops. Un garde. Je m’adosse au pilier, m’assurant de ne pas être vu, puis décide de changer d’approche.

J’enlève alors le masque que je porte pour le remplacer par celui de l’acteur, reprenant ma taille originale au passage. Mon corps, mon visage et ma peau se déforme alors, jusqu’à devenir plus grand, plus large et plus.. poilu. Me voilà dans le corps d’un panda, d’un des commissaires vus à l’entrée. J’ai modifié quelques traits, pour qu’on ne comprenne pas la supercherie et m’approche alors, d’un pas lent, très lent, baillant régulièrement. Je ne dis rien, me contentant d’observer et d’écouter.

Quatre soldats, si on peut les nommer ainsi, sont regroupés autour d’un corps. C’est donc un meurtre, à priori. Et visiblement, pas le premier. Son estomac est ouvert, les tripes sorties et les intestins déchirés. Je me glisse derrière l’un des gardiens de la paix et écoute leur discussion, lente et fatigante, ponctué de longs bâillements.


-C’est le cinquième en un mois.
- Et toujours de la même… mwaaaah… manière.
- Il faudrait le … trouver.
- Mais ça prendrai du teeemps.
- Je ne vais pas crapahuter partout
- Moi non plus.
- Et moi donc.
- Le roi oubliera vite.

Bon, visiblement, compter sur les forces de l’ordre dans ce royaume était une erreur incommensurable. Il nous incombait donc, à Joy et moi, de régler cette histoire, étant donné que cela ne s’ébruiterait pas. Qui sait ? Nous gagnerons peut-être les faveurs du seigneur de ce royaume, pour ce que ça vaut. Je fais quelques pas puis trouve un masque ensanglanté. Je le prend et l’observe quelques instants. Un regard à droite, à gauche, puis retourne vers les autres.


- Vous avez vu ça ?
- Oui, il y en a un à chaque… fois.
- Un masque d’aa..
- D’acteur ?
- D’acteur, oui.
- Et c’est le cinquième ?
- Exaaact.
- C’est Han Doe, qu’il se fait appeler.



Bon, et bien on avançait. Je repars d’où je viens, de toute manière, ils sont trop occupés à réfléchir à comment rentrer chez eux pour s’endormir au plus vite et, gardant le masque avec moi, repasse à ma petite taille en un instant, retournant vers le trou d’où je viens. Fort heureusement, les objets que je touche peuvent changer de taille avec moi. Je ressors donc, faisant disparaitre tout mes masques, sauf celui que je viens de récupérer, que je glisse à l’intérieur de mon kimono, puis retourne au point de rendez-vous. Avec leur manière de parler si lente et ma petite infiltration, ça fait bien un quart d’heure que je suis parti. J’espère juste que Joy ne s’est pas attiré d’emmerde. Je retourne donc à l’entrée, la cherchant de nouveau dans la foule.
Ashoka
Roi des Rêves
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Jeu 20 Juin - 19:29

La matheuse fit un clin d’oeil et émit un petit rire en entendant la pique gentille du voyageur. Sa réputation allait vite aux oreilles des voyageurs avec qui elle passait ses nuits, manifestement. Cela étant, Lucas n’avait pas tort, la soirée n’était pas forcément placée sous le signe du combat, et la voyageuse devrait peut-être se mesurer pour ne pas finir dans un état lamentable comme à Cyber. Ce serait un bon exercice pour elle, d’ailleurs, se conserver, modérer son comportement pour ne pas finir sur les rotules à cracher du sang. Le voyageur part et elle ne se faisait pas forcément de souci pour lui, il avait montré qu’il était capable à la fois le rythme et la distance dans une nuit agitée, comme tout bon voyageur qui se respecte. Joy se concentra donc sur sa partie de l’auto-mission qu’ils venaient de se donner, et de tirer au clair cette annulation qui cachait sûrement un truc pas net. Comme un ermite, par exemple. Oui je sors.

Joy s’approcha du deuxième commissaire qui demandait de retenir la foule tout en baillant à s’en décrocher le bambou. Elle vint vers lui, cette fois avec un air déterminé dans le regard et une posture qui se voulait proche de celle d’Elise Lucet, la fameuse enquêtrice tout-terrain de Relouland qui avait trouvé la première l’identité de Carvey le marchand de Rokhan. Depuis, les parties à scandales de Relouland ont parlé d’une idylle secrète et lui et la Reine de la Richesse, mais rien n’était encore officiel...Elle accosta donc le commissaire avec l’idée de ne pas le lâcher jusqu’à obtenir l’enquête.



- Bonsoir, commissaire, je travaille pour le Dreamag, je devais couvrir le festival mais on m’a dit qu’il se passait quelque chose d’intéressant ici.
- Il...il n’y a rien de...boaaaaarf...excusez-moi...d’intéressant ici, mademoiselle.
- Pourtant on vous envoie uniquement dans les affaires un peu graves, votre symbole indique que vous êtes chargé de la sécurité, de la criminalité, en lien avec la justice du Royaume. Votre poste vous honore, vous ne vous permettrez pas de vous faire l’affront de vous sous-estimer, je me trompe?
- Que...quwaaaaaaa...oui, sûrement, oui...enfin, peut-être.
- Admettons qu’il y ait...un corps sans vie derrière vous, vous ne croyez pas que ça demanderait une enquête rapide, express, concise, efficace, en quatrième vitesse ?


Elle parlait très vite, comme agitée du bocal ou comme si elle avait un train à prendre, vous essayez de faire lâcher le panda qui la regardait non plus comme une étrangère, mais comme une pestiférée. Joy sentait qu’elle l’avait ferré, il restait maintenant à le fatiguer encore plus.


- Non ne répondez pas ! Je sais que votre boulot est prenant. Parce qu’admettons qu’il y ait un corps, ça veut dire que de suite, immédiatement, sans plus tarder, irrepressiblement, ça emmène les auditions des témoins, dressage des premiers suspects à partir des mobiles, études scientifiques, analyses, reconstitutions et premières descentes pour former des interrogatoires et tenter d’établier les causes, raisons, motifs et déroulés de l’assassinat ! Vous devez commencer de suite !
- Heu...pour l’instant oooooon...bah on maintient la foule quoi. C’est pas...enfin ça peut fatiguer...c’est sûr. Oui. Vous avez...oui vous avez raison.
- Maintenant, imaginez que vous avez deux personnes en consultants extérieurs, qui vont doubler votre force de travail. Je vous fais un papier, vous aurez un droit de regard dessus, et mon collègue est un fin limier. A la fin de la nuit, vous aurez votre coupable.
- A la fin de la nuit ? Mais...on va aller dormir un peu avant….Huuuuum…J’ai les yeux qui piquent, ayé.
- Ah ça les yeux qui piquent, c’est terrible. Terrible. Donc, vous êtes d’accord, on bosse avec vous et on comble vos heures de sieste ? D’ailleurs vous pourriez prendre toutes vos heures de sieste, pendant que vos consultants avancent, non ?
- C’est pooooossible. Enfin il faut que…
- Tut tut tut, vous m’avez convaincu, je vais vous aider, avec mon collègue qui est déjà en train de faire des recherches.
- Déjà ?
- Oui oui ! D’ailleurs le voilà ! Vous indiquerez à vos hommes qu’on est dans l’enquête, sinon on leur dira maintenant ! A bientôt pour la réunion sur les premiers éléments, dans 2 heures pétantes !
- Mais c’est pendant ma sieste !
- Disons 4 heures, 6 heures...bon on improvisera selon votre réveil, c’est pas un souci !
- Le royaume est fier de compter sur des gens comme vouuuuus...je vais aller me coucher un peu et vous seconder moi…


Elle avait aperçu Lucas dans la foule et expédia vite le commissaire qui baillait en boucle et qui regardait s’il pouvait partir pioncer à tout moment. L’affaire était conclue, il ne restait plus qu’à laisser passer le mot, ce qu’elle surveilla en insistant pour que les autres pandas ne les dérangent pas, jusqu’à ce que le voyageur parvienne à son niveau.
Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Ven 21 Juin - 1:32

Me revoilà donc aux côtés de Joy. Etant donné sa mine réjouie, je suppose qu’elle a réussi à nous mettre en charge de l’enquête. Bon, ça devrai donc nous permettre de gagner du temps et nous éviter que les pandas, pour ce qu’ils pouvaient faire, ne nous mettent des bâtons dans les roues. Elle avait fait son job, à moi de lui exposer ce que j’avais pu constater. Mais pas ici, pas alors que tout le monde peut nous entendre. Je pousse alors légèrement son épaule, désignant d’un geste de la tête un endroit un peu plus isolé, sur le côté du bâtiment.  Je ressors donc le masque récupéré plus tôt sur la scène de crime et le lui tend, commençant mon rapport, une fois assuré que personne d’autre ne laissait trainer ses oreilles.

«
Donc c’est un meurtre. Je n’ai pas l’identité de la victime, mais c’est un habitant d’ici. J’ai aussi appris que c’était l’œuvre d’un tueur en série. Han Doe. Ce serait son nom. Et le masque que je t’ai filé était la-bas. D’après les « enquêteurs » sur place, il y en aurait un à chacun de ses meurtres. Enfin, faudrait que tu puisses vérifier le corps vu que t'as une bien meilleure expertise que moi, de ce que j'ai compris. Mais sinon..  J’ai une idée, mais te moques pas. »

Bon, retracer la piste du tueur, avec les maigres indices que nous avions, bien que je ne doute pas que Joy puisse en récupérer d’autres en voyant le corps elle-même. Après tout, elle avait bien plus de connaissances dans ce milieu que moi, et son analyse pourrait probablement être plus précise que la mienne. Cela dit, je doute qu’elle ai une capacité semblable à la mienne pour ce qui est de traquer précisément une personne. Je reprends donc mon discours :

«
Je peux suivre son odeur à la trace et essayer de remonter sa piste, tant qu’elle est fraîche. Et étant donné que ça a eu lieu dans la dernière heure à priori, ça devrait le faire. Le seul problème, c’est… disons que je prends une apparence que je n’apprécie pas trop. »

Ce masque. Je n’arrive pas à me faire une idée dessus. Il est certes très pratique, m’octroyant des capacités physiques supérieures et un odorat sur-développé, mais impossible d’être pris au sérieux en le mettant, peu importe qui j’ai en face. Ça, et les différentes tendances que j’ai lorsque je le porte, qui me tourne vraiment en ridicule. Et à vrai dire, je n’ai pas vraiment envie de flinguer mon image face à Joy. La perspective de faire équipe avec elle et de pouvoir découvrir d’autres aspects, d’autres lieux de Dreamland est particulièrement alléchante. Je me suis toujours, à de rares exceptions, évolué en solitaire, ainsi, former un binôme durable changerait pas mal de chose.

« Et de ton coté, qu’est-ce que t’as eu ? »

Cette nuit, plus elle avançait, plus elle semblait s’éloigner du projet de départ, c’est-à-dire de passer une soirée tranquille. Nous sommes désormais en charge d’une enquête. Toutefois, si on s’en sortait, nous pourrions nous retrouver dans une bonne situation, surtout dans ce royaume, bien que je ne sois pas certain des avantages que cela pourrait nous procurer. Le point positif dans tout cela ? Et bien, au vu de la propreté du meurtre, bien que je doute que des pandas puissent s’opposer à un meurtrier, si on mettait la main sur le type en question, qui semblait donc disposer de pouvoirs, ou à minima, de capacités de combat, avoir Joy avec moi pour s’occuper de mon cas me rassurait. Mes qualités de combattants étant loin d’être adapté à un duel. Mais cette pensée est accompagnée d’une crainte, de retrouver, une seconde fois, la voyageuse dans un état déplorable. Je me passe alors une main dans les cheveux, gardant un léger sourire, assuré que nous allions réussir à tirer cela au clair.
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Ven 21 Juin - 13:46

Le voyageur revenait et semblait avoir les infos qu’il fallait pour la suite de la nuit. L’excitation montait, maintenant que le commissaire avait donné l’affaire urgente à la matheuse, et que Lucas revenait avec des infos sans doute croustillantes. Elle adorait les enquêtes et elle sentait que celle-ci avait son lot de tout ce qui en fait une bonne, savoureuse et croqueuse sous la dent du détective en herbe qu’elle était. Le masqué affirma donc qu’il s’agissait bien d’un meurtre, Joy se retint de taper dans ses mains en souriant. Il était question d’un nouveau corps, d’un tueur en série...effectivement c’était maintenant à elle de mener une expertise légiste, à base de formules plates et de plans géométriques cherchant automatiquement des anomalies éventuelles sur la chair. Elle avait déjà appliqué des formules efficaces à Aquarya pendant une enquête dans le milieu des sirènes, elle avait hâte de pousser un peu ses capacités au théâtre.


- Han Doe, tu dis ? Le nom ne m’évoque rien, mais c’est peut-être un nom de code. Il laisse toujours le même masque, c’est donc un message qu’il envoie, ou une signature. Il faudra donc savoir ce que le masque veut dire, ça nous donnera des pistes.


Lucas parla de pister l’assassin, ce qui était un énorme avantage, et ils ne pourraient pas vraiment attendre...la matheuse devrait donc faire vite. Il disait qu’il n’aimait pas prendre cette apparence, donc Joy eut une idée, il fallait temporiser, le préparer psychologiquement le temps qu’elle examine rapidement le corps. Lucas demanda ce qu’elle avait eu, et elle constata qu’elle avait bien moins avancé que son compère en si peu de temps. C’était un voyageur vraiment très efficace.


- Le commissaire a une flemme monstrueuse, on a donc carte blanche et ses hommes sont prévenus. Je suppose que ça donne aussi certains...privilèges, comme celui d’entrer sur une scène de crime, de poser des interrogatoires costauds...ou encore de tuer s’il le faut.


Elle dit cela tout en passant dessous le ruban qui limitait les entrées et les sorties. Pour confirmer le mot du commissaire, Joy passa avec Lucas devant un panda qui lui fit un signe de tête, s’endormit sur place et se réveilla brusquement en faisant de nouveau un signe de tête. Elle avança, demanda aux quatre pandas en surveillance du corps de s’écarter. L’un d’eux demanda des garanties pour se pousser, mais un regard agacé et noir de la voyageuse le fit bailler et il se retira de la pièce pour faire le planton et plisser des yeux, fatigué par sa tentative d’opposition. Joy regarda le corps, et posa ses premières formules, les yeux brillants, écarquillés ; elle était concentrée et tentait de comprendre comment avait fonctionné l’assassin. En tant qu’ancienne tueuse de la Famille, elle savait lire les plaies et les intentions post-mortem. Estomac ouvert, la découpe était nette, précise, chirurgicale, et cachée par les intestins qui avaient été déchirés...après. Ou avant ? Difficile à date précisément, mais quelque chose avait déchiré ces intestins, et selon les formules, c’était avant, et après. Un poison, un acide ? Et une courte lame...Joy ne comprenait pas l’idée derrière ces hypothèses, si bien qu’elle les mit en suspens, le temps d’accumuler des indices. Elle revenait sur la découpe, tout indiquait l’arme et la façon dont c’était coupé. Elle se releva et annonça son verdict, d’un ton à la fois péremptoire mais aussi intrigué.


- Katana. Environ quarante centimètres, une belle lame, propre, efficace, soignée, aucun défaut sur la découpe. Les intestins ont souffert avant et après. Pourquoi ? Je n’en sais rien mais si c’est un tueur en série, il y a un message dans cette manière de tuer et…


Elle s’arrêta, elle comprit qu’elle avait fait une erreur en commençant son expertise. Ils avaient le masque, ils avaient l’arme du crime, du moins une des armes, et ils avaient le nom de code ou le vrai nom du tueur. Il manquait les morts. Pourquoi des acteurs de théâtre, avec leurs masques ? Joy revint sur le corps et l’observa en dehors du meurtre et du ventre ouvert.


- J’ai failli oublier la base...on a donc une créature panda, un homme, corpulence moyenne, pilosité importante si je ne m’abuse, même pour un panda. Un acteur, souple et véloce, il n’a pas mangé depuis quelques heures, âge du défunt...ah oui c’est vrai qu’avec les créatures c’est chiant.. 
- Il s’appelait Hiketori Yama, c’était uuuuuun... des acteurs principaux de la pièce de ce soir. Il faisait partie de la troupe...la célèbre troupe des Onis. Hourf je suis crevé moi maintenant, j’ai trop parlé…


L’un des pandas en planton avait pris la parole de lui-même. Joy se tourna vers lui et haussa un sourcil. En temps normal elle aurait harcelé le type, mais là le panda venait de se rendormir l’air de rien, imperturbable.


- La troupe des Onis...les autres morts en faisaient partie ?
- Voyons...Yuke Akise, Sozu Mori, Kishimata Hikyu, Ryuna Demba, et ce soir Hiketori Yama. Le cinquième mort de l’ancienne fameuse troupe des Onis, les démons du théâtre. Waaaaaah...j’ai jamais autant travaillé mwaaa...
- Ils étaient combien ?Au total avant, ils étaient combien ?
- Ils étaient...c’est quoi déjà après sept. Neuf ? J’ai pas appris à tout compter je m’endormais en calcul.
- Huit, ils étaient huit. Cinq sont morts, il en reste trois en vie. Vous savez s’ils sont encore dans les parages ?
- Zzzzzzzzzz…


La matheuse regarda maintenant Lucas. Il était temps de faire parler le masque.
Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Ven 21 Juin - 18:04

Une vraie gamine. C’est la première pensée qui me traversa l’esprit en voyant à quel point Joy trépidait d’impatience à l’idée de prendre en charge l’enquête et d’avancer dans sa résolution. Cela dit, un tel optimisme ne pouvait être que bon signe, non ? Toutefois, le nom que je lui avais donné ne fait pas écho à ses oreilles non plus. En même temps, être au courant de l’identité des légendes urbaines, tueurs et personnalités de chaque royaume était un travail éternel. Pas vraiment de surprise à cela. Néanmoins, sa dernière phrase me fait tiquer. « Le droit de tuer ». À croire qu’il n’y avait pas vraiment d’autres solutions dans une situation un peu extrême. Enfin, je commence à m’habituer à la personnalité de la voyageuse et peu à peu, ce genre de remarque ne me fait plus réagir. Je la suis alors, passant sous le bandeau à mon tour, retenant difficilement un sourire en voyant le panda s’activer ponctuellement pour finalement se retenir. Vu l’ambiance qui régnait, on se croirait plus dans un escape-game, dans lequel on s’amuse, que dans une enquête. Mais c’était aussi tout le cachet de DreamLand. Les gardes nous laissent donc passer, et je reste en arrière, laissant Joy observer le cadavre. L’analyse terminée et le bilan achevé, j’écoute son échange avec le commissaire. Donc les cibles sont les acteurs d’une ancienne troupe. La conclusion la plus naturelle serait donc que ce soit l’un d’entre eux qui, dans une quête étrange, souhaite assassiner les autres. Seulement, ce raisonnement ne tient que dans le monde réel. Ici, on parle de pandas qui ne s’attachent pas, ou presque pas, à des biens matériels et qui s’endorment toutes les trente secondes, incapables d’avoir une discussion. Alors tuer quelqu’un. Mai déjà, voilà que mon sursis est terminé. Je vois le regard de Joy se poser sur moi et comprend ce qu’elle attend. Je lève les yeux au ciel, soupire puis fait apparaitre le masque du chien dans ma main. Avant de l’enfiler, je dis simplement, d’un ton accablé :

«
Pas de moqueries. »

Et on est parti. Je pose donc le masque sur mon visage. Il s’enfonce dans ma chair pour ne faire finalement plus qu’un avec moi. Et… me voilà dans un costume de chien. Gros. Blanc, à taille humaine. Je tiens toujours sur mes pattes antérieures et regarde la voyageuse avec qui je fais équipe d’un air incroyablement blasé. Clairement, la moindre remarque et je lui aboyais dessus. Aboyer. Et merde. En plus d’avoir une apparence flinguée, je pense comme un clébard. Je prie intérieurement pour ne pas m’arrêter en pleine rue pour uriner sur une boutique.

Apparence avec le masque de chien:

J’amène ensuite le masque récupéré un peu plus tôt jusqu’à mon museau et le renifle plusieurs fois. Je m’arrête, le renifle une dernière fois pour être sur puis commence à m’agiter, me mettant à quatre pattes, tournant la tête à droite, puis à gauche et finalement, d’un signe de tête, je fais comprendre à Joy que j’ai trouvé la trace de l’auteur du meurtre.

«
Grimpe sur mon dos. »

Une fois Joy installée, je pars comme une flèche à travers les rues de Pandaland. La rue est bondée ? Pas de soucis. Je prends appuis sur mes pattes arrière et saute sur le toit d’un bâtiment, avançant le museau au ras du sol, pour ne pas perdre la piste. Nous voilà donc sautant de toit en toit. L’odeur est de plus en plus récente, mais à force de jeter des coups d’œil pour vérifier qu’il n’y a pas d’obstacle, je constate que nous nous approchons de plus en plus du centre de la ville. Finalement, quelques instants plus tard, je saute au sol, face à une porte que je me mets à gratter, comme pour qu’on m’ouvre, avant de m’arrêter, reprenant mes esprits.

«
Ca s’arrête là. Mais ça m’étonnerait qu’il se soit contenté de se cacher ici.»

Je relève la tête vers Joy, attendant de voir quel plan d’action elle voulait entreprendre. S’il était à l’intérieur, le fait d’avoir gratté devait l’avoir alerté. On pourrait donc se jeter littéralement dans la gueule du loup. Cela dit, nous n’avons pas d’autres et sommes bien obligés de nous risquer à entrer dans cette maison. J’ai bien envie d’enlever ce foutu masque, mais une fois la porte ouverte, si il y a un passage dissimulé, ou qu’une personne nous ouvre, j’ai besoin de pouvoir l’identifier. Pas d’autre issu.

«
Tu toques, je suppose. Parce que je doute qu’un panda fasse confiance à un gros chien à tête d’humain. »
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mar 25 Juin - 10:39

Le voyageur semblait affecté par le port de son masque, si bien que ça attisait la curiosité de la matheuse qui étirait un long sourire impatient. Il apparût comme s’il était dans un costume de chien, assez grand, blanc, pas tant ridicule que surprenant. Joy haussa un sourcil amusé en voyant la tête du voyageur dépasser sous celle du chien. C’était vraiment surprenant, et elle ne savait pas si ça relevait du pathétique ou du comique, donc dans le doute elle ne fit aucun commentaire, surtout qu’il devait bénéficier de quelques avantages...enfin, c’est qu’il en fallait…


La matheuse grimpa sur le dos du voyageur maintenant canin et ne sut vraiment se comporter. Est-ce qu’elle devait le considérer comme un cheval et mettre des coups de talon, se cramponner à son garrot, à des poils, ou se laisser amener sans pression l’air de rien, comme si tout était normal ? Lucas prit son élan et sauta sur un toit, ce qui permit à Joy de se cramponner sans poser plus de questions. Le pouvoir du masque était utile car il pouvait aider dans pas mal de situations. L’esprit pratique de son utilisation en couteau-suisse permettrait à Lucas de varier les plaisirs dans Dreamland, avec des masques peut-être plus offensifs, plus dangereux.


La piste s’arrêtait devant une porte en bois. Après être passé de toit en toit, l’assassin aurait tenté de passer par une maison pour brouiller les pistes ? Ou se reposer, se croyant à l’abri de tous soupçons ? Si c’était un panda, il pouvait être juste fatigué et ce serait l’enquête la plus courte jamais réalisée. Lucas lui demanda de toquer et elle sauta de son dos pour aller devant la porte. Elle posa l’oreille contre le bois et entendit de la musique et des rires. Une soirée ? Après tout, c’était la nuit du festival et les gens devaient s’amuser entre eux...Joy toqua et une longue minute passa avant qu’on vienne lui ouvrir. Un petit panda avec deux monocles et en kimono traditionnel vint leur ouvrir. L’odeur de l’intérieur de la maison leur assaillait les narines. Un barbecue ou une viande était à cuire et sentait le sanglier rôti. Le petit panda leva doucement la tête d’un air impassible, redressa ses deux monocles et parla d’une voix monocorde.



- Oui ? C’est à quel sujet ?
- On vient poser deux trois questions au sujet d’un meurtre au théâtre nô y’a quelques minutes. La piste nous amène ici. Police de Pandaland, pas besoin de monter sur vos grands…
- Alors ma maîtresse est en pleine réception avec des amis, elle a demandé de ne pas déranger sous aucun prétexte, et j’insiste sur le aucun.
- Et si on ne dérange pas vraiment ?
- Je regrette, c’est impossible.



La matheuse vit le geste du domestique pour fermer la porte, qu’elle alourdit d’une formule. Yeux brillants, pouvoir activé, elle regarda une nouvelle fois le panda avec un air déterminé, et aussi un peu passif agressif. Le panda soupira un bon coup et ouvrit la porte en demandant de s’asseoir dans un coin jusqu’à ce que sa maîtresse ne vienne leur parler, et pas avant. Joy entra la première dans une belle demeure d’inspiration japonaise, avec des décorations étonnantes, des kimonos, des masques, des affiches et des feuilles manuscrites et stylisées par la calligraphie qu’elle n’arrivait pas à lire. Ils étaient donc chez une femme, une femme riche manifestement. Les rires venaient vers eux régulièrement et donnaient une impression de grandeur à la demeure. Effectivement, après une minute de traversée de pièce en pièce, ils débouchèrent sur un jardin japonais rempli d’une trentaine de personnes, dans une réception qui se voulait mondaine. Ici les pandas ne dormaient pas, ils étaient tous en kimonos, mangeaient, buvaient, et discutaient haut et fort un peu partout. Le domestique ploya son dos pour se voûter et présenta sa maîtresse, perdue dans la foule, invisible.


- Bienvenue chez Kaori Mansô, l’actrice, comédienne et femme de lettres. Vous pouvez vous asseoir.
Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 26 Juin - 0:15

En arrivant devant la porte, très vite, je dois faire un choix. Est-ce que je garde ce masque en prenant le risque d’une part d’être la risée des propriétaires, bien que dans une telle situation, ça ne compte pas tellement, et d’autre part d’être simplement refusé, au cas ou ils me prennent pour un vrai chien, ce qui ne manquerait pas d’humour. Toutefois, si je l’enlève, je ne peux pas pister les odeurs à l’intérieur. Bon, je le garde pour le moment. Cependant, dés que la porte s’ouvre et que la douce odeur de viande arrive jusqu’à mes naseaux, c’est fini. Je me retiens de japper. Instinct de clebs de merde. Dans tous les cas, impossible de tracer quelque odeur qu’il soit étant donné la force du fumet venant de l’intérieur de la demeure. Je fais donc un pas de côté, pendant un instant et apporte ma patte près de mon visage. Le masque, bien que non visible, est tangible, et en l’enlevant, je reprends mon apparence plus classique. Je fais un petit non de la tête à la voyageuse, lui faisant ainsi comprendre qu’il sera impossible de pister le meurtrier avec des odeurs si fortes.

Nous rentrons ensuite dans la bâtisse. Un grand bâtiment, complétement dans la lignée des autres de la ville, dans la plus pure tradition nippone. Et bien que l’entrée nous soit refusée de prime abord, je ne doute pas des capacités de persuasion de Joy, et à raison, puisque quelques instants plus tard, nous voilà entrain de traverser de nombreuses pièces avant d’être amené dans un lieu un peu à l’écart. Nous ne sommes pas bien avancés. On nous a explicitement dis de ne pas bouger et d’attendre ici pour la maitresse de maison qui, à n’en pas douter, ne viendra pas avant un moment, vu comment la fête bat son plein. Sauf que la piste était fraiche. Une poignée de minutes. Le meurtre n’a pas eu lieu il y a bien longtemps. Le meurtrier n’est donc pas bien loin. Il est même plus que probable qu’il soit dans les parages. Mais un détail me fait tiquer. « Actrice » ? Je ressors le prospectus que Joy m’a donné plus tôt, regardant dans l’historique de la troupe et, parmi les membres fondateurs, retrouvent les noms des autres victimes ainsi que celle de notre hôte. Kaori Mansô. Si on l’enlève, ainsi que les cinq autres qui se sont fait assassiner, il ne reste que Hasegawa Haru et Amano Oki. Forcément, les trois encore vivants font partie des suspects, mais plus que cela, noter venue nous permettra d’en apprendre plus sur l’histoire qui lie tous ces protagonistes. Néanmoins, il faut que nous restions objectifs. Ce qu’elle nous racontera ne peut être qu’une vision tronquée, destinée à nous tromper. Le domestique parti, je me tourne vers Joy et reprend la parole.


«
Techniquement, il est encore là, sinon j’aurai senti son odeur autre part. Sauf que si c’est Kaori, elle a un alibi en béton. On peut donc se dire qu’elle nous racontera une version objective de ce qu’il s’est passé et n’essayera pas de nous tromper. Mais si elle est innocente, ça veut aussi dire que c’est une potentielle victime tant que le tueur est en liberté. »

Je soupire longuement, agitant légèrement la tête de droite à gauche puis je rattache mes cheveux. Ça fait beaucoup de masque en un soir. Trop peut-être. Plus j’en change en une nuit, plus mon esprit s’embrouille. Techniquement, mon esprit fusionne avec celui des créatures et voyageurs dont les masques me donnent les capacités et forcer à faire cohabiter trop d’esprit dans un laps de temps restreint n’est jamais bon. Ça me fait aussi penser que plus je passe de temps avec Joy, plus elle en apprend sur mes capacités. Non pas que je soit parano, mais nous semblions partir sur une relation de confiance, et dans DreamLand, ça passait par la connaissance de nos aptitudes respectives, non ? En attendant donc qu’on vienne nous chercher, je me permets une nouvelle question.


«
Quand ce sera fini, tu pourrais m’expliquer comment ton pouvoir marche ? Parce qu’à part de la télékinésie, je ne suis pas certain d’avoir tout capté. »

Cela sous-entendais que je fasse de même et que je lui dévoile les masques que j’avais en ma possession. Certains pourraient dire que je lui faisais confiance bien vite, mais si elle avait voulu disposer de moi, elle en avait eu la possibilité à de nombreuses reprises. Ca et le fait qu’au départ, cette nuit ne devait pas être aussi agitée, me laisse penser qu’établir un duo avec elle ne serai pas une mauvaise chose, ou qu’au moins, je ne me trompais pas sur ses intentions. Bien sûr, la possibilité que tout ça soit un stratagème n’est pas à écarter, mais ça ferait beaucoup. Trop gros pour un gars qui n’a jamais aspiré à grand-chose au sein de ce monde. Enfin, j’y repenserai plus tard. A l'instant ou j'achève ma pensée, les lumières s'éteignent toutes. La foule panique et, la seconde d'après, la lumière est rétablie. Un grand cri strident se fait entendre. C'était évident. Nous sommes au pays des pandas. Jamais un meurtrier ne penserait être pris en chasse. Il allait simplement continuer sa série de victime. Faisant fi de l'ordre qui nous a été donné, je fais un signe à Joy puis me dirige vers l'origine de la panique et, sans surprise, retrouve le corps sans vie de l'hôte de la maison. Cela dit, cet acte montrait que le tueur ne savait pas qu'on était sur ses traces, et encore moins ici. Il ne devait donc pas savoir qu'on peut le pister, s'il repart, ce qui nous laisse un avantage évident.

«
On est vraiment trop cons. »
Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Ven 28 Juin - 16:06

Lucas cogitait de son côté, et la piste allait commencer à se perdre lentement mais sûrement, à ce rythme. La maison était soit un porte-avion, et l’avion était de retour pour s’y reposer, soit une partie du plan pour flouer les suiveurs. Dans les deux cas retrouver l’assassin dans la fête ne serait pas chose aisée. Le masqué avança ses hypothèses, qui avaient du sens. Si elle était innocence, la maîtresse des lieux était en danger, et dans une telle réception, difficile de lui faire comprendre qu’il faudrait tout annuler, se barricader dans une pièce et attendre...au risque de constater une autre victime, qui aurait été plus facile d’accès. A moins que d’autres future victimes soient présentes ce soir ?


Puisqu’ils étaient assis, Lucas en profita pour poser quelques questions...curieuses. Dévoiler son pouvoir, c’était quelque chose qu’on ne faisait pas habituellement, mais elle se dit qu’elle pouvait du moins en dévoiler une petite partie au voyageur, une partie de ses capacités et de ce qu’elle pourrait faire. Après tout, c’était donnant-donnant puisqu’il avait utilisé ses masques pour les faire avancer et leur procurer de nouveaux indices, rapides et efficaces. Devant ce dévouement, Joy décida de lui faire juste un petit peu confiance, si ça pouvait aider leurs futurs combats ou leur équipe d’enquêteurs de choc.



- Pas besoin d’attendre la fin, on observe pour l’instant...Je suis né dans Mathematica, dans le Labyrinthe de recherches du Seigneur Euclide. En utilisant mon pouvoir, le monde m’apparaît en formules mathématiques que je peux modifier comme je l’entends...dans la limite de mon énergie disponible…


Elle ne mentionna pas le problème que lui posait cette question de l’énergie disponible en rapport des formules à modifier, car ç’aurait été lui donner un point faible sans pression ni sans aucune forme de prudence, ce qui ne ressemblait pas à la matheuse. Tandis qu’elle avait fini d’exposer un peu son pouvoir, les lumières s’éteignirent et un cri de panique survint. Pas besoin de faire un dessin, la victime suivante venait de trépasser, et il y avait de fortes chances que ce soit l’actrice. La lumière revint, comme dans une bonne pièce de théâtre petit budget, et Kaori Mansô reposait au centre de ses invités, découpée en deux, avec des intestins sortant de son ventre. Joy ne posa même pas les formules, elle connaissait déjà la manière de procèder du tueur en série. L’assassin était sur les lieux, c’était une certitude, et il se pensait en sécurité pour tuer de sang-froid l’actrice. On la recouvrit d’un drap noir et les esprits commencèrent à paniquer et à vouloir rentrer chez eux. La matheuse ne l’entendait pas de cette oreille – si l’assassin était libre d’agir avec des lumières éteintes, une fois rallumées il était coincé. Elle s’éleva dans les airs et cria à la foule d’invités.


- Les forces de police de Pandaland sont déjà sur place ! Personne ne bouge ! Je demande à l’assemblée si Hasegawa Haru et Amano Oki sont présents ici ce soir !!


Une rumeur parcourut l’assemblée, puis un cercle se forma. Un jeune premier, kimono vert aux motifs de grues blanches et magnifiques, était cerné par les regards. Il sourit, comme s’il entrait dans un rôle soudainement. Le panda était mince, les yeux bleus et vifs et il regardait d’un air amusé son amie panda qui semblait choquée d’entendre son nom prononcé.


- Je sais pourquoi vous m’appelez et je sais que ma participation au théâtre des démons me rend très suspect, mais j’étais un ami de Kaori. Par contre, Haru, sa rivale de toujours , a refusé l’invitation de ce soir, soit-disant pour assister à une pièce de kabuki qu’elle a produit ! Hasegawa l’a toujours jalousée, et voilà où sa jalousie maladive l’a poussée ce soir !


S’il était en représentation, il était vraiment bon et convaincant. Joy soupira et revint au sol, maintenant que la foule d’invités semblait calmée. Elle s’approcha du jeune comédien plein de talents et le scruta, tandis qu’il souriait sans sourciller. La matheuse regarda Lucas pour avoir son avis, et pour savoir s’il comptait ajouter quelque chose de décisif dans la piste qui semblait se brouiller pour la voyageuse.
Lucas Moreas
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Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mar 2 Juil - 19:45

Joy était donc une personne ayant la phobie des mathématiques, si elle disait la vérité. Cela dit, je ne vois pas vraiment quel serait son intérêt de me mentir maintenant, excepté pour me trahir plus tard, et jusque-là, les scènes dont je fus témoin des utilisations de ses capacités semblaient coller. Je n’avais donc aucune raison de la suspecter de mentir. Toutefois, cela voulait également dire que dans la présente situation, c’est-à-dire retrouver un individu, elle ne serait d’aucune aide. Enfin, son pouvoir ne serait pas un atout. Il est également bon de noter qu’elle a mentionné que son énergie était limitée, et que donc elle pouvait tomber à court de batterie si elle utilisait trop son pouvoir, même sans avoir été blessée. Un détail qui ne payait pas de mine mais qu’il est bon de garder en pouvoir.  Tout aussi puissante qu’elle est, elle n’en demeure pas pour autant invincible, un fait que j’ai tendance à oublier après les quelques démonstrations de notre dernière soirée. Mais revenons à notre cas.

Nouveau meurtre donc, sauf que cette fois, il a eu lieu sous nos yeux, et nous n’avons pas réussi à l’en empêcher.  Une fois que la voyageuse nous a fait connaitre, je juge qu’on a assez de légitimité pour retenir les personnes présentes. Ça suffit les conneries, pas question qu’il s’enfui une seconde fois. Je revêts donc le masque du puzzle, m’accroupi et pose ma main sur le sol quelques instants. Avant de modifier la structure du bâtiment en lui-même, j’ai besoin de me souvenir des détails que j’ai pu observer plus tôt d’une part, mais aussi d’analyser la pièce ou nous sommes. De ce que l’on a pu voir, tous les invités sont ici et le meurtrier n’aurait aucun intérêt à partir, en tout cas, jusqu’à ce qu’il apprenne que nous soyons à ses trousses. Au contraire, il avait, si notre théorie est la bonne, d’autres cibles à abattre ici et plutôt que de s’isoler en prenant la poudre d’escampette, il aurait mieux fait de se cacher dans la foule. Les murs bougent donc, devenant plus fin et prenant la place de la porte et des fenêtres, ne laissant qu’un léger trou, juste en dessous du début du plafond, pour laisser les gens respirer. Maintenant, personne ne pourrait entrer ou sortir sans un pouvoir ou se faire repérer. Enfin, un autre membre de la troupe se montre à nous. Faute d’indice, nous voilà alors obliger de focaliser notre attention sur lui.


Cependant, quelque chose me met mal à l’aise chez lui. Son sourire alors qu’une de ses camarades vient d’être abattu, son aisance dans sa manière de parler, comme si tout cela était monnaie commune dans son monde. Sauf que son monde est censé être celui des pandas qui est pacifique, pas teinté par les meurtres et la violence. Mais soit. Après tout, c’est un acteur réputé, et sa qualité première est de ne pas montrer ses émotions et d’arborer une façade d’émotions. Peut être que j’allais un peu vite en sautant sur des conclusions hâtives. Enfin, une fois la présentation faite, je prends la parole, d’une voix forte pour que tout l’auditoire entende.


«
Mesdames et Messieurs, je vais vous demander de prendre votre mal en patience. Nous allons nous occuper de ce meurtre et comptons sur votre coopération afin d’accélérer le processus. Cependant, le risque que le coupable soit toujours présent n’est pas à négliger. Nous nous voyons donc dans l’incapacité de vous laisser partir tant que cette enquête n’est pas achevée. »

Je me tourne ensuite vers Joy, comprenant que ce n’est pas sa télékinésie qui va nous apporter des réponses puis, en enlevant mon masque, je me tourne vers Amano Oki, reprenant :

«
Il semblerait que vous partagez un lourd passé, dans votre troupe de théâtre. Avant de conclure quoi que ce soit, pourriez vous nous expliquer cet étrange lien que vous avez ? »


Bien entendu, aucun des mots qui ne sortiraient de sa bouche ne devait être pris à la lettre. Il était, à l’heure actuelle et bien qu’il pointe du doigt la seconde survivante de la troupe, l’un des deux principaux suspects de cette affaire. Il était entre nos mains et, si c’était bien lui, ne se priverait pas de nous mentir pour s’en sortir. Je me tourne ensuite vers Joy, lui demandant :


«
L’un de nous l’écoute et l’autre va à la recherche d’Haru, ça te va ? »

Quelle merde. Plus la nuit avançait, plus les emmerdes se superposaient, comme si on les attirait.

Ashoka
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Mer 10 Juil - 10:51

Lucas comprit rapidement le dilemme posé dans cette situation. Aller sauver la rivale ou bien s’occuper du jeune premier au sourire impeccable, même devant un meurtre ayant lieu devant ses yeux. Etait-ce un rôle ou voulait-il cacher quelque chose ? Difficile de placer un élément de réponse satisfaisant pour le moment, simplement Joy ne put que retenir une impression de malaise en scrutant l’acteur. C’était comme s’il s’était bunkerisé dans l’instant, emmuré dès que son nom fut prononcé, comme si...il s’y attendait ? Joy plissa les yeux et désactiva son pouvoir. Pour l’instant, selon elle et les connaissances qu’elle avait sur Lucas, elle était inutile, contrairement à lui. Son pouvoir lui permettrait d’aller bien plus vite, ce qui lui donna une piste de réflexion pour s’adapter à ce genre de situation dans le futur. Pour l’heure, elle répondit rapidement au voyageur.


- Tu es fait pour les filatures et tu auras beaucoup plus de ressource que moi en allant chercher Haru. Je reste ici pour connaître le fin mot de l’histoire de la troupe, on se retrouve dans une heure, si possible. J’espère qu’on aura les réponses adéquates d’ici là, sans quoi notre carrière chez les policiers pandas ne sera pas longue…


Elle suivait du regard le drap noir de Kaori Mansô et sentit que quelque chose la dérangeait en profondeur, la remuait, sans trop définir ce que c’était. Ce meurtre était trop étrange, un détail ne lui venait pas, comme s’il était dans le brouillard quelque part dans sa tête. C’était un élément de réponse, elle en avait la certitude, mais elle ne savait pas quoi, elle pataugeait. Plutôt que de se noyer, elle alla directement vers le jeune premier. Amano Oki l’observait, un sourire toujours affiché en façade. Elle lui fit un signe de tête et elle l’emmena dans une pièce à murs coulissants, une petite table où elle demanda un saké et du thé. Elle s’assit en tailleur, activa son pouvoir, fit briller ses yeux et lévita à mi-hauteur, un peu pour impressionner le suspect, mais aussi pour trouver un moyen de se détendre, et la lévitation était une position qui l’aidait à se poser dans l’immensité de son pouvoir.


- Hasegawa Haru et Amano Oki . Kaori Mansô. Yuke Akise, Sozu Mori, Kishimata Hikyu, Ryuna Demba. Hiketori Yama. Les Onis, les démons du nô.
- Vous me rappelez mes camarades pour guetter mes réactions ?
- Non. Je passe la liste des morts et des vivants, comme pour me rappeler de qui on parle. Maintenant, parlez-moi un peu de cette troupe.
- Les Onis ? D’accord. Par quoi commencer, pour parler simplement à une néophyte...nous sommes des amis d’enfance, nous avons grandi dans un petit village, Peche Dembaku, un village à la périphérie du royaume. Nous avons découvert le no par un artiste ambulant, un vieux panda qui s’appelait Edmundo. Enfin c’était son nom de scène, son nom d’avant.
- Il est encore en vie ?
- Je ne sais pas, on s’est fâché quand on est passé du no sarugaku au no dengaku. Il aimait qu’on joue pour la populace, alors qu’on voulait jouer pour les élites de notre royaume. Nous étions si jeunes, nous voulions percer, réussir, tout démonter dans la tradition de l’art qu’il nous avait appris.
- C’est un mobile pour lui, vous pensez ?
- Non, je crois qu’il nous a rayés de sa vie à contre-coeur. Donc on a formé une troupe et on a commencé à mélanger le style mugen avec le style genzai.
- Traduction ?
- Le mugen est fait de légendes, de démons, de guerriers, il est littéraire, puissant, poétique, ça tient de la légende d’un personnage qui peut la raconter, la revivre, la faire revivre. Le genzai est plus impudique pour nous, les sentiments des personnages forment les dialogues et les intrigues et se rapprocheraient plus de vos théâtres...mélangeant les deux styles, ce qui fut d’abord une hérésie fut ensuite une folie, les spectateurs accouraient et nous appelaient...les démons, les Onis du nô. Nous étions des dieux, des guerriers, des femmes de pouvoir, des courtisanes, des jeunes ambitieux et nous avons rapidement écrit notre propre légende, inspirée de toutes nos connaissances. L’histoire d’une dynastie, étalée sur 2 000 ans. Mansô était à l’écriture, aidée par Kishimata qui avait le don de tout adapter pour nos décors, nos costumes et la mise en scène. Hiketori corrigeait et on commençait les répétitions après validation de ces trois-là .
- Et Haru, elle le vivait comment ?
- Forcément, dans un groupe les drames ne sont pas que sur la scène, les sentiments, la poésie, mais aussi les fêtes après nos représentations, et la promiscuité...ça nous a tué, enfin...façon de parler. Haru sortait avec Kishimata mais il passait son temps avec Mansô. Haru était la plus grande actrice, comédienne, et improvisante que nous eûmes connu, je dois dire, mais elle ne portait aucune imagination, aucun univers en elle. Kishimata l’a délaissée au profit de Mansô, et ce qui était une passage pour lui ne l’était pour Haru.
- Et vous dans tout ça ?
- J’étais le plus jeune, et comme tout le monde j’étais amoureux de Haru. Mais j’étais considéré comme le petit frère de Mansô, car nos familles étaient voisines. Mori et Yama étaient mes meilleurs amis , à aucun moment je n’aurais pu les tuer, je peux vous le dire.
- Vous vivez de quoi en ce moment ?
- J’écris des articles en tant que critique d’art...mais je fais surtout des poncifs culinaires pour manger à l’oeil dans les bonnes adresses du royaume. C’est difficile de bien vivre après le no vous savez...tout le monde n’a pas le talent scénaristique de Kaori…
- Le manque d’argent peut-être un mobile, vous le savez ?
- Oui, mais je n’en manque pas, je mange à ma faim et je suis logé chez une amie. Nous autres, artistes du no, nous nous sommes toujours contentés de peu dans nos vies. Ce n’est pas que du théâtre, c’est une façon de considérer son mode de vie.
- Bien, je crois que j’ai toutes les informations nécessaires.


Joy plaça des formules de poids sur le kimono du jeune acteur et elle le fit léviter en ajustant les manches pour qu’elles forment une camisole de force. Elle fit sortir ses billes de bois qu’elle fit tourner en orbite autour de sa tête. Devant les cris de stupeur du jeune acteur, qui perdit d’un coup son sourire, des pandas ouvrirent une porte coulissante et Joy leur fit signe de rester où ils étaient.


- On passe à la phase deux de mon interrogatoire, veuillez rester en dehors ! Maintenant, Amano Oki, expliquez-moi comment vous savez que Yama Hiketori a été tué ce soir ? Où est Haru ? Où se trouve Edmundo ?? Je sais que vous mentez !
Lucas Moreas
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Re: Les démons du nô [Lucas & Joy] Ven 4 Oct - 7:20

Tandis que la jeune femme se chargeait d’interroger le jeune premier, j’avais une toute autre tâche. En effet, je devais désormais trouver la dernière de la troupe, celle qui avait fini par se détacher du groupe et qui n’était pas venu à la fête. Tout portait à croire que c’était elle qui se cachait derrière ces meurtres. Mais ce serait presque trop simple. Enfin, pour le moment, il fallait réunir des informations et sans réelle autre piste, la retrouver semblait être la meilleure solution. Je ressors donc de la demeure et, une fois en pleine rue, réfléchit à la manière de trouver Haru. Finalement, cela ne semblait pas bien compliqué. C’était une sommité ici, et les gens devaient donc naturellement savoir ou elle habitait. Je fais donc quelque pas, m’éloignant un peu plus de la scène de crime, prend la première grande rue qui est sur mon chemin hasardeux et me dirige vers une échoppe, demandant donc ou elle se dirige. Evidemment, la réponse m’est donné. Les pandas ne se méfient pas. Ils doivent simplement me prendre pour un énième fan qui souhaite la rencontrer. Cela doit être une demande courante, après tout, les démons du nô ont une grande renommée. L’adresse, ou plutôt la direction et la description de la bâtisse obtenues, je décide de remettre le masque le plus approprié pour se déplacer rapidement. Le temps nous était compté, il ne fallait pas l’oublier. Quelques minutes plus tard, après avoir bondi de toit en toit jusqu’à arriver devant une grande maison typique de Pandaland, j’ôte mon masque et me rend à la porte. Je frappe une première fois. Pas de réponse. Une seconde fois, toujours rien. Je commence alors à me demander si je ne devrais pas, une énième fois cette nuit, m’introduire par effraction. Troisième itération. Même réponse. Je pousse donc la porte, m’attendant à une résistance, mais non. Elle se laisse faire et s’ouvre sur un grand jardin. Méfiant, prêt à me défendre si cela tournait mal, un masque dans la main, je fais un pas, puis un second, à l’intérieur des lieux, refermant la porte derrière moi, mettant le verrou pour être certain que personne ne rentre après moi sans que je ne le remarque puis je commence à explorer les lieux.


Pas mal de chose ne colle pas. Déjà, je n’ai aucun élément qui me permette de m’assurer que je suis au bon endroit. Ensuite, la piste, l’odeur que j’avais senti n’est pas la même que celle que j’ai repéré en arrivant. Faisant confiance à ma mémoire olfactive, je conclus alors que le meurtrier et Haru, si c’est bien sa maison, ne sont pas les mêmes personnes. Je poursuis mon avancée, passant à travers un salon, une salle à manger et quelques autres pièces. Ça ne va pas. Partout ou mon regard se pose, j’ai l’impression que rien n’a bougé depuis un moment. Un long moment. M’approchant d’un buffet, je passe mon doigt dessus et, en l’observant, me rend compte de l’amas de poussière que j’ai ramassé ainsi. Une fois le tour des pièces effectué en vitesse, une pensée me taraude. D’une part le fait que la demeure semble abandonnée, mais également le fait que tout semble trop propre. Comme si c’était une maison meublée que l’on vendrait. Que ce n’était qu’une façade. Tentant le coup, parce que ça ne coute rien, je revêts le masque du Puzzle et, posant la main sur un mur, débute l’analyse des lieux. Bingo. C’est bien ce que je me disais. Il y a un sous-sol, mais je n’ai vu aucune entrée. Je tente donc de la localiser et trouve qu’il s’agit d’une trappe. Ôtant le masque, je me rends donc au salon et ne voit un tapis. Ni une ni deux, je le soulève. C’est cliché, c’est vu et revu, mais il semblerait que les plus vieilles combines soient les plus efficaces. Je viens de bouger un tapis faisant plus de quatre mètres sur lequel était posé une table et des chaises, laissant présager que ce n’était pas facile d’accès. Néanmoins, dans la manœuvre, j’ai bougé la poussière, ne pouvant donc pas savoir si quelqu’un était venu récemment ou non.

Je m’aventure donc dans le sous-sol, descendant les marches de bois qui craquent sous mes pas, illuminant l’endroit avec la lumière de mon téléphone. Arrivé en bas, je tombe sur une grande salle. Sur le mur du fond, six masques. A droite du dernier, un clou est planté dans le mur, comme pour en accrocher un huitième.  Devant, un large bureau et, à côté, un piédestal sur lequel rien ne trône mais visiblement destiné à accueillir un dernier masque. Je m’approche alors dudit bureau sur lequel sont posées de nombreuses photos des démons du nô. A défaut d’être chez Haru, je suis chez quelqu’un qui est en lien avec eux. Puis, en laissant mon regard s’attarder sur l’une d’entre elle, je vois qu’ils sont tous masqués. Une rapide comparaison avec les sept masques présents dans la pièce et il est aisé de comprendre que ce sont les masques des acteurs. Cependant, je ne sais pas, et aucune photographie ne me donne cette information, à qui appartient quel objet. Et bien, on a prendre une photo et rejoindre Joy. Je prends donc plusieurs clichés des masques accrochés, des photos et du piédestal puis entame ma remontée. Je ressors sans encombre et, rebelote, je remets le masque canidé pour rejoindre la demeure précédente. Je suis toujours fasciné par la manière dont j’arrive à retrouver mon chemin lorsque je le reporte. Une fois arrivé, les policiers pandas me laissent passer. J’observe ce qu’il se passe puis je me dirige vers Joy pour lui faire part de mes trouvailles.


«
Tu saura sans doute mieux que moi, ou notre jeune premier en sera capable, à qui appartient quoi. Par contre, Haru est introuvable. »

Je marque une pause, arrêtant de faire défiler les photos puis, écrivant avant de le montrer à Joy, pour que personne d’autre qu’elle ne le sache :

[Son odeur n’était pas celle du meurtrier.]

Une fois cela fait, je relève la tête vers les personnes rassemblées. Il semble que tout indique que c’est le jeune premier qui a fait cela. N’ayant pas connaissance de l’existence de leur maitre, j’en viens donc naturellement à cette solution. Toutefois, ne sachant pas ce qu’a appris Joy, je préfère la laisser faire les conclusions.  
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Les démons du nô [Lucas & Joy]
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