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Takeo Jomei [terminée]

Takeo Jomei
Ligue M
Takeo Jomei
Pouvoir : Invocateur de mannequin
Messages : 92
Takeo Jomei [terminée] Dim 15 Avr - 0:26

Illustration du contexte
Modèle voyageur | Takeo Jomei

Takeo Jomei [terminée] Fq2a

Surnom: Jojo
Sexe: Masculin
Age: 55 ans
Habite à: Tokyo
Activité : Troisième Dirigeant de l'Alliance Taiyō
Phobie : Phobie des mannequins

_____

Pouvoir: Invocateur de Takeo "Marie" Hina, une créature de Manneken-land liée à Jomei et avec qui il a seulement la possibilité de transmettre son énergie pour la laisser combattre.
Arme: Aucune.
Objet magique: Aucun.
Alignement : Loyal neutre.
Objectifs à venir : Trouver Edenia
_____

Points de Puissance : A vous de voir.
Points de Réputation : A vous de voir.
Classement : Jomei n'a pas de classement, toute la réputation va à Marie son invocation que tout le monde considère comme une morpheuse robot.

J'ai aucune idée de ce qu'il y a faire dans ce monde mais au moins c'est drôle.



Histoire


Je ne sais pas pour vous, mais des fois il m'arrive de me réveiller un matin et de regarder vers ma fenêtre. Pas pour y voir les rayons de l'Est taper contre ma vitre, non. Pour le simple et unique but de l'ouvrir et de me jeter à travers, tomber des 30 étages qui me séparent du sol et de finir sur une des voitures étrangères qui traîne en bas. Tendances suicidaires ? Ouais, un peu. J'ai aussi en grande partie envie de faire ça pour bien faire chier mes voisins de l'hôtel qui arrivent pas à calmer leurs pulsions primitives la nuit tombée. Putain de jeunes ingrats, si vous venez visiter le Japon faites comme chez nous : allez vous soulager dans d'autres hôtels de passage avant de dormir la nuit. M'enfin bref, je dis ça mais au final... je m'en fiche pas mal. J'essaye juste de penser à autre chose, de pas faire attention à la longue journée qui m'attend. Je me dis juste que ça va faire plus de 15 ans que j'avais pas remis les pieds à Tokyo. Je passe le temps en allant dans la salle de bain, tailler un peu ma barbe et soigner mon apparence pour ne plus ressembler à la loque que j'étais ces dernières années. A force de m'observer dans le miroir j'ai l'impression de me redécouvrir, comme si je soufflais sur un livre couvert de poussière pour arriver à lire la couverture.

Qu'est-ce que je vois en moi ? Beaucoup de choses. Des trucs agréables, et d'autres qui le sont moins. Je resserre ma cravate et passe ma main sur mon costume, essayant d'éliminer un maximum de plis tout en me disant que ce look ne me rajeunissait pas. Je passe ma main sur une boite de pilules, l'observant de près. Je ne sais pas combien de boites j'ai pu avaler avec le temps, mais ces conneries n'ont jamais réussies à me faire un quelconque bien. Sans un seul remord je la jette dans la poubelle, sortant un paquet de cigarette pour aller fumer à la fenêtre. Tokyo... Même si je n'étais pas né dans cette ville qui s'étendait jusqu'à l'horizon, une grande partie de ma vie entière s'est jouée ici. J'ai vu les beaux jours comme les jours sombres de cette ville, ayant toujours eu les deux pieds dans le monde nocturne de cet endroit. J'inspirais plusieurs bouffées de fumée, mais mes yeux restaient posés sur cet énorme ring de boxe qu'était la préfecture de Tokyo. Là où les jeux de pouvoir font rage, autant que les jeux d'argent et le business de manière générale. J'aimerais bien me dire que je n'ai absolument rien à foutre ici après autant de temps, mais malheureusement le passé ne fait que me rattraper ces temps-ci...

« Monsieur, c'est bientôt l'heure. »

« Aye. » disais-je en sortant de ma poche un étui dans lequel j’écrasais ma clope pour ensuite la jeter dedans. Je sors de ma chambre d’hôtel, deux hommes dans un costume noir et sobre attendant patiemment que je sois sorti avant de me guider vers la voiture dehors. Avant de rentrer je sens déjà les doigts me démanger et je sors une nouvelle cigarette. Sans que je ne cherche un briquet ou que je ne fasse signe, l’un des deux se rapproche pour allumer ma cigarette jusqu’à ce que je prenne une bonne inspiration. Sans un mot nous montions dans la voiture et direction le siège de Taiyō. Aujourd’hui, ce sont les funérailles de l’un de mes amis, celui qui a toujours été un « frère » à mes yeux. Je ne faisais pas attention aux rues de la ville alors que nous roulions en plein milieu de la circulation. Même tôt le matin la cité a toujours été animée, tout comme la nuit on dira qu’elle ne dormait jamais. De ma cigarette il ne restait plus que le filtre, la cendre s’étant en partie déposée sur le coin de la fenêtre ouverte, mais je m’en foutais royalement. J’étais absorbé dans mes souvenirs, comme si ma conscience appartenait plus vraiment au présent. Mais le songe prend toujours fin et la voiture finit par s’arrêter devant une énorme bâtisse, avec une grande cour intérieure séparant la route et le bâtiment.

Je sors de la voiture dès qu'on m'ouvre la porte, levant légèrement les yeux pour voir un grand panneau avec écrit dessus « Alliance Taiyō ». Les portes s'ouvrent et devant moi se trouve plusieurs dizaines de personnes habillées en deuil. La plupart étaient jeunes et frais, d'autres plus vieux et marqués à vie par des cicatrices sur le visage. Mais tous me regardaient avec la même expression, une sorte d'intensité dans leurs yeux. J'étouffais un rire alors que je souriais légèrement, marchant la tête haute dans leur direction et avec une démarche fière. Une fois proche d'eux, ceux qui étaient en face de moi finirent par s'écarter poliment, se mettant sur les côtés avant de courber l'échine et de poser leurs mains sur les genoux. Deux longues lignes d'hommes en costume étaient tracées, allant de l'entrée jusqu'au bâtiment principal, me laissant un passage direct entre elles. Je n'ai même pas besoin de leur adresser un nouveau regard, continuant de marcher vers le siège de Taiyō et saluer une dernière fois mon frère d'arme...

_____________1981_____________

Je me souviens de la vie sans saveur que j’avais dans les années 80. Même si le pays était entré dans une sorte de nouvelle ère avec l’explosion de l’immobilier et l’assistance des étrangers pour propulser l’économie du Japon, j’avais juste l’impression d’être au fond de la cuvette des chiottes locales, celle qui nous donne la sensation de patauger dans la merde rien qu'en marchant dans les rues. C’était pas vraiment par manque d’argent que je me sentais délaissé. Même si ma connasse de mère a délaissée mon indigne de paternel pour partir vers là où le soleil se couche dans le monde, mon vieux était un businessman assez intelligent et fourbe pour se faire du blé sur le dos des plus démunis. Ouais, il proposait des crédits et dans une bulle économique qui ne cesse de grossir au fil des années, y’avait vraiment moyen d’amasser une petite fortune pour soi-même. Même si j’avais pas à me plaindre niveau thunes, je pouvais pas m’empêcher de me demander pourquoi le padre ne rentrait jamais à la maison, ne serait-ce pour voir que j’étais toujours en vie ou que je puisse compter les rides qui s’accumulaient sur son visage froid et dur.

M’enfin, je vais pas non chercher à utiliser la non-existence de mes parents avec moi comme un prétexte pour ce que j’étais devenu à l’époque : un délinquant. Ca semble con dit comme ça mais y’avait pas vraiment d’autres mots pour me décrire. Du collège jusqu’au lycée j’étais juste un gamin turbulent qui hésitait pas à frapper le moindre type qui me regardait de travers ou qui critiquait ma peau un peu plus foncée que les autres. L’origine ? De ce que j’ai compris c’est en partie la faute à la région d’origine de ma mère, mais comme je l’ai jamais rencontré en personne… Bref, certains avaient peurs de moi, et d’autres devaient me trouver cool dans ma façon d’être je-m’en-foutiste des conséquences de mes actes. Ca m’a valu des problèmes, comme me faire virer et balancer dans d’autres établissements à droite et à gauche de Tokyo, ou de faire face à des têtes aussi dures que la mienne. Comme ce connard d’Akira. La première fois que je l’ai rencontré j’ai su qu’il me ressemblait beaucoup trop sans pour autant être comme moi. Au lieu d’être bouillant et s’imposer avec les poings… non lui il suffisait qu’il commence à parler pour que la pièce perde quelques degrés et que tout le monde le laisse tranquille. Je vous assure que voir son attitude ça m’a pas mal agacé donc plusieurs fois je l’ai provoqué, même si parfois j’avais aucune raison particulière. Je voulais juste me défouler sur sa tronche et passer à autre chose.

Mais il n’a jamais accepté et n’a fait que m’ignorer pendant plus d’un an. Je me demande encore aujourd’hui comment à l’époque on a pu avoir autant de patience tous les deux pour pas s’entretuer, tellement on pouvait être lourd l’un envers l’autre. Même si ça parait absurde je passais bien plus de temps avec lui qu’avec n’importe qui. Même une jolie fille aurait pas eu la capacité de détourner mon objectif sur la tête de ce type à l’époque, même si ça peut paraître complètement crade dis comme ça. Au final, la chose qui a fini par tout changer c’est le fait qu’un jour, sans même que je m’en rende compte, j’étais entouré par au moins une trentaine de types venant de plusieurs bahuts différents. Tous étant des victimes ayant eu la maladresse de prendre mon poing dans leur face par le passé. Pour tout avouer j’avais pas vraiment peur sur le moment, en fait je pouvais même pas m’empêcher de sourire à ces pauvres gus en face de moi. Même si je savais que j’allais me faire défoncer, j’avais l’impression que c’était une conséquence logique de tout ce que j’avais construit jusqu’à maintenant. Comme si le karma me revenait en pleine face pour me dire « Hé ! Voilà le résultat de tes efforts ! » J’avais vraiment pitié de ces pauvres types qui étaient restés bloqués sur moi.

Ce qui m’a empêché d’être défiguré à vie c’est l’intervention pas du tout attendue d’Akira. Le type qui n’avait rien à faire là ou à voir avec cette histoire qui s’est ramené et avec qui j’ai pu me tirer de ce mauvais pas, non sans mal. On était pas beau à voir à la fin mais malgré le goût du sang dans la bouche et l’impression d’être borgne avec une arcade enflée comme un ballon, j’avais vraiment la sensation d’être vivant ! Mon sang brûlait et mon cœur frappait contre mon torse. Je crois que c’est la première fois aussi que j’ai vu Akira rire comme s’il allait se briser les côtes. « T’es vraiment qu’un gros con Takeo, même pas capable de vider les ordures qui traînent derrière toi… » me disait-il. « Désolé de pas être une armoire à glace qu'en à rien à foutre du monde autour de lui, Monsieur Taiyō Akira ! »… Maintenant que j’y repense, c’était la première fois que j’ai eu l’occasion de discuter avec lui, et ça a duré tellement longtemps qu’on avait pas vu les heures défiler alors qu’on enchaînait les canettes. Ouais je sais, ça fait super classique comme scénario, avec deux mecs pas capables de se blairer qui finissent par se battre ensemble et ressortir amis. Mais c’est comme ça que nous les hommes on forge un respect mutuel. Ouais, c’est ça le bon terme : respect. Akira était le premier que j’ai respecté, et ça restera probablement celui pour qui j’ai le plus d’estime aujourd’hui encore. Même si on avait pas vraiment la même vision sur les choses autour de nous, on finissait par vite trouver une sorte d’équilibre et il a fini par devenir mon meilleur ami.

Je vais pas m’étendre sur les péripéties qu’on raconterait à nos gamins pour assouvir leur curiosité sur comment ça se passait pour nous à leur âge, je vais pas non plus m’étendre sur les petits dramas tellement risibles qu’on pourrait en faire des lives actions aujourd’hui. Non, la chose sur laquelle je veux me concentrer à propos d’Akira… C’est que c’est lui qui a petit à petit fini par me tirer vers « son » monde. Etant le fils et le futur dirigeant du tout nouveau mais puissant rassemblement de familles de Yakuza dans Tokyo, l’Alliance Taiyō, il était évident que son avenir était déjà tout tracé en dehors des codes d’un civil honnête. Mais c’était différent pour moi. Même si j’étais un petit con bon qu’à se battre et courir derrière les jupes des filles, j’avais quand même l’occasion de me jeter dans la vie active et pourquoi pas rejoindre le business de mon père. Après tout il n’était jamais en manque de gros bras, et encore moins de ceux capable de se servir un minimum de leur tête, comme lui le faisait. Mais Akira ne voyait pas les choses comme ça… Je me souviens comme si c’était hier, cette nuit où, après une soirée bien arrosée, Akira et moi-même nous sommes battus parce qu’on était pas raccord sur les choix qu’on voulait faire pour nos futurs respectifs. Cette nuit-là, les coups d’Akira n’avaient jamais été aussi forts, mais le coup le plus dur restait la discussion sur laquelle on s’est séparé pour la nuit :

« T’en a pas marre de te voiler la face ?! Tu donnes l’impression de vivre dans un monde qui te fait vomir dès que tu poses les pieds par terre. Si t'as autant envie de vivre comme un chien qui ne fait que s’attirer les ennuis jusqu’à ce qu’un jour il se fasse écraser sur le bord de la route, bah vas-y ! Mais arrête de me prendre pour un con et essayer de me faire croire que t’en as pas marre de tout ça ! Un pauvre chien ignorant qui vit une vie sans saveur, un parfait combo ! »

« Ta gueule ! Tu penses que ça fait plaisir qu’on me propose de devenir un Yakuza ?! Juste parce que t’es mon meilleur ami pense pas que je vais te suivre gentiment sur cette voie parce que tu penses que j’aspire à une vie plus tranquille qui n’a aucun sens ! Tu comprends pas que j’en peux plus de cet endroit, de cette ville étouffante qui m’a laissée me construire à coups de poings ?! J’ai ENVIE de changer ! De devenir un homme meilleur, quelqu’un qui est capable de trouver une lueur dans sa vie, peu importe à quel point elle peut être fragile ! »

« Et tu crois que c’est avec tes tripes et tes rêves seuls que tu vas réussir ça, tout seul ? Regarde dans quel genre de système pourri on est en train de nager en ce moment même ! Ton père construit son petit bonheur sur le dos de personnes comme toi qui ont envie de changer et qui finissent par se faire sucer tout leur fric et toute leur vie par des putains de sangsues qui les tiennent en laisse avec des crédits ! L’Etat lui-même n’a aucune honte à nager dans une dette qui ne fait que grossir au fil des années, avec des politicards qui ne font que détourner les fonds des citoyens pour se dorer la pilule sur un pays qui se ruine petit à petit pour finir par partir retraite avec plusieurs millions dans la poche ! C’est à ce genre de vie que tu aspires ?! Une vie où tu laisses un Etat sans visage manipulé par des lobbys et influencé par des étrangers qui nous ont balancés des bombes à la gueule il y a moins de 40 ans ?! »

« En quoi tu te sens différent de moi alors ? Juste parce que t’es le fils d’un Yakuza ne veut pas dire que tu échapperas à un destin similaire au mien ! Tu te crois capable de changer le pays en devenant un criminel ?! »

« J’en ai rien à foutre de ce pays ou même de cette ville ! Que l’Etat cherche à sucer l’argent des citoyens, très bien ! Que des étrangers se ramènent pour influencer notre culture et s’approprier notre patrimoine, s’ils veulent ! Mais personne n’est capable dans ce pays de demander des comptes aux Yakuzas, on aura beau nous traiter de marginaux ou de criminels comme tu le dis, nous sommes capables de vivre la tête haute dans ces rues remplies de merdes et de supporter les valeurs avec lesquelles nous avons décidés de vivre ! A quoi bon se battre dans cette vie merdique si on est même pas capable de se demander pour quoi ou pour qui on serait capable de sacrifier notre corps ! Pour qui seras-tu capable de te sacrifier et de donner un sens à ta vie, Jomei ?! Moi j’ai déjà choisi ! »

Ses paroles avaient l’effet d’une bombe en moi. J’avais l’impression que le petit monde que je m’étais construit et renfermé jusqu’à maintenant s’écroulait petit à petit, avant qu’un ouragan répétant les paroles d’Akira ne balaye tout sur son passage. J’étais dévasté. Entendre la réalité de ce que je m’imaginais pour mon avenir, venant directement de la bouche de mon meilleur ami, était comme si on m’avait coupé la tête sur place et laissé pourrir au soleil. Je n’avais aucune répartie et j’ai préféré le laisser en plan, seul. Je me suis tellement rongé les ongles en répétant chacun de ses mots dans ma tête que je me suis demandé comment j’ai fais pour garder intact toutes mes phalanges. J’ai réfléchi, encore et encore… Jusqu’à ce que je prenne une décision devant le lit d’hôpital de mon père qui venait de décéder d’une affaire louche et dont personne ne souhaite se soucier des détails. Je me demande encore aujourd’hui qu’est-ce que j’ai pu percevoir dans ses yeux pendant ses derniers instants : de la peur ? De la colère ? Ou de la tristesse ? A la fin, la seule chose que je puisse me rappeler de lui c’est qu’il avoua dans son dernier souffle qu’il aimait encore ma mère qui nous avait laissé tomber tous les deux, et qu’il était heureux d’avoir un fils à qui il pouvait dire adieu.

Moi… J’étais furieux. Jamais il ne s’était comporté comme un véritable père, à se contenter de laisser de l’argent dans ma boite aux lettres et extorquer des gens à longueur de journée avant de finir en soirée dans des bars à hôtesses. Mais ce qui m’énervait le plus… C’est qu’il n’avait pas besoin d’aller jusqu’à faire tout ça si c’était pour au final mourir de façon aussi pathétique et en finir avec son malheur. Et que peut-être les choses auraient été différentes si je n’avais pas été aussi con que lui à imaginer l’imiter pour le restant de mes jours ! Oui j’étais furieux… Et déterminé. Je me souviens encore de cette journée où je me suis retrouvé pour la première fois devant le siège de l’Alliance Taiyō, avec Akira à mes côtés alors que la porte vers un nouveau monde pour moi s’ouvrait sous nos yeux…

_____________2002_____________

Je me demande si Tokyo se souvient encore de ce qu’il s’est passé dans le temps, après tout ça ne date pas d’hier. Lorsqu’on me parle de cette année, plusieurs choses me reviennent en tête… Je me souviens de l’odeur du brûlé, du goût du sang, du poids de ce jeune que je supportais par l’épaule alors que je le traînais à travers les petites ruelles pour fuir une sorte de Chinatown à feu et à sang. Le petit devait même pas avoir 20 ans, et pourtant il avait décidé de me suivre dans cet aller sans retour, dans cet enfer qu’était le Tokyo de cet époque. Il avait pris plusieurs balles et se vidait petit à petit de son sang, dès que j’ai commencé à le sortir de là je savais qu’il ne s’en sortirait pas. Mais j’ai continué à l’évacuer, sans jamais ralentir ni même abandonner l’idée d’un éventuel miracle. Les gars de cette famille étaient solides, alors il avait intérêt à s’en sortir !... Et pourtant, 3 heures plus tard j’étais assis par terre, clope à la main, mes doigts recouverts de son sang, alors qu'il était couché par terre avec ma veste par-dessus son visage. Plusieurs bonhommes sont venus nous retrouver, bien trop tard. Akira, devenu le Second Dirigeant de l’Alliance Taiyō depuis le temps, était lui aussi venu me récupérer. Je le voyais dans son regard qu’il voulait dire quelque chose, peut-être même qu’il voulait me frapper pour ce que j’avais fait, mais je savais qu’il ne le ferait pas. Personne dans l’alliance toute entière ne pourrait me reprocher d’avoir été aussi extrême. Personne.

« Hina… Papa est tellement désolé… Tellement qu’il ne pouvait faire que ça pour apaiser sa colère… »

Plusieurs mois plus tard les autorités finirent par m’arrêter alors que l’enquête commençait à bloquer. Malgré le manque de preuves sur l’origine réelle de l’incendie, un coupable devait être pointé du doigt afin que la police et l’Etat ne perde pas la confiance du public. Après un accord passé auprès de Taiyō Akira, je suis devenu le martyr de l’alliance afin que les choses se calment dans la ville. Aux yeux des citoyens mon nom est devenu synonyme de yakuza terroriste qui a plongé un quartier entier de Tokyo dans les flammes pour régler une guerre de territoire avec une triade chinoise. Pour l’Alliance Taiyō, mon nom faisait écho à celui d'un héros qui parti en première ligne contre les chinois et les coréens qui, même en étant plus discrets, étaient également de la partie, et que j’étais celui qui avait fini par les dégager une fois pour toute avec un avertissement : « N’espérez même pas revenir tant que Takeo Jomei, le Jigoku Taiyō de Tokyo, sera toujours là ! »… Et pourtant, il n’y avait que moi et une poignée de personnes à connaître mes véritables motivations dans toute cette histoire.

Facile de décrire la suite des événements pour moi une fois balancé au trou : on me rase le crane et mon job est de rester derrière des barreaux pendant je ne sais combien de temps. Ma seule garantie c’est de ne pas être pendu, mais je savais même pas si j’allais pouvoir sortir un jour. La seule visite que j’ai eu… C’était celle d’Akira. Il n’a rien dit, pas même un mot. Il s’est contenté de me regarder dans les yeux et de laisser une simple lettre pour moi, avec en plus un autre papier avec inscrit dessus « Expulsion ». Ouais, j’étais banni de l’Alliance Taiyō. Mon frère d’arme avait beau être le Dirigeant du groupe et moi son bras droit, il ne fallait pas jouer avec le feu et surtout pas avec le code d’honneur des Yakuzas. En un sens, personne n’aurait voulu que cette guerre entre mafias de différentes nationalités se termine de cette manière. Ca aurait pu finir très mal pour l’alliance si j’avais échoué sur place et que les chinois ou les coréens ou mêmes les flics reprennent l’avantage dans tout ce bazar. Mais j’en avais décidé autrement, malgré les avertissements de mes confrères. Et j’avais réussi à changer la donne. Même si, au final, j’ai fini par parier la survie de toute l’alliance en une seule nuit. Pas étonnant que, par mesure de précaution et par soucis d’étiquette, je finisse exclu. L’expulsion je pouvais l’encaisser facilement, après tout je n’étais plus un jeune capable de s’effondrer à la moindre mauvaise nouvelle. Mais la lettre était un coup plus difficile à encaisser que je ne pouvais le penser…

Pour la faire courte, voilà ce que raconte la lettre : ma femme, Takeo Hisa, a décidé de disparaître de ma vie et de repartir à zéro avec un nouvel homme. Je peux vous assurer qu’entre me battre contre les différents types qui essayent de me poignarder en taule et repenser  au contenu de cette lettre, bah je me demande si je préfèrerais pas voir un jour mes tripes se répandre au sol. J’étais en colère, fou de rage même, mais alors que je cassais la gueule à un énième taulard payé par des triades du continent pour ma tête, au fond je me disais que c’était peut-être pas plus mal qu’elle essaye de refaire sa vie… Il n’était pas trop tard, pour elle. Ainsi débuta ma routine : me réveiller, faire l’exercice du matin, manger, faire l’exercice de l’aprem, dîner, dormir. 6 étapes que j’ai répétées pendant plus de 10 ans. Des années pendant lesquelles j’étais coupé du monde extérieur, sans aucune nouvelle de l’alliance, d’Akira, des membres de ma Famille etc… J’avais l’impression de revenir à ma dernière année lycée où je remarquais qu’au final je n’avais rien pour moi, pas même un avenir, jusqu’à ce que ce soit Akira qui brise mes illusions. Sauf qu’ici, dans ce trou paumé, personne pour me rappeler à la réalité. Un jour, grâce à ma bonne conduite, j’ai eu une occasion de faire appel sur mon jugement, et j’ai fini par obtenir le droit de sortir de prison. Je doute que ce soit aussi simple pour un criminel comme moi de sortir comme ça, mais j’imagine qu’indirectement Akira a pu faire usage de ses tours de passe passe pour faciliter ma sortie.

Peut-être même qu’il espérait que j’aille le voir une fois les pieds posés dehors. Sauf que je me suis contenté de m’allumer une cigarette… Et de marcher. Je pense que personne ne sait vers où j’étais parti, ni même ce que j’ai bien pu faire après être parti. J’avais littéralement disparu de la circulation, loin de Tokyo. Juin 2012, plus personne ne savait si le Jigoku Taiyō de Tokyo était encore en vie… Jusqu’à ce qu’on me retrouve 5 ans plus tard dans un bar perdu au fond d’Okinawa, notamment pour m’annoncer de la mort du Second Dirigeant Taiyō Akira.

_____________2017_____________

Aujourd’hui encore j’ai du mal à comprendre comment tout ça à pu se dégoupiller… Je me retrouve assis derrière le bureau de feu mon frère d’arme, la tête dans mes mains alors que j’essaye de faire le tri de toutes les informations qui me sont tombées sur la gueule depuis que j’étais revenu à Tokyo. Plus tôt dans la journée, après les funérailles, moi-même ainsi que les patriarches composant l’Alliance Taiyō fûmes rassemblés dans la salle de conférence pour discuter du testament du Second Dirigeant de l’alliance, Taiyō Akira. Ce dernier n’ayant pas d’enfants en âge capable de reprendre le flambeau de la famille, il était question de déterminer qui parmi les patriarches deviendrait le nouveau dirigeant. Les plus jeunes patriarches voyaient mal la raison de ma présence ici alors que j’ai déjà été expulsé de l’alliance, mais les plus anciens venant tout droit de la même génération que moi et même avant les forcèrent à la fermer et à ne pas oublier de se montrer respectueux pour toutes les contributions que j’ai pu apporter à l’alliance pendant une bonne partie de ma vie. Une contribution qui, même comparée à la moitié des efforts des têtes présentes dans cette salle de conférence, ne serait même pas ébranlée. Mais moi je m’en foutais pas mal de leur avis, ce qui m’intriguait c’était le contenu même du testament de mon meilleur ami, de mon frère d’arme.

Je ne vous cache pas que nous avons tous été choqués par ce que nous avait transmis Akira. Dans son testament, en plus de nous obliger à garantir la sécurité de ses jumeaux qui venaient à peine de naître, il y avait le nom de celui qui allait devenir le Troisième Dirigeant de l’Alliance Taiyō à partir d’aujourd’hui. « Takeo Jomei » était choisi par Akira. Je ne vous explique pas le bordel que ça a pu causer… Je continue à m’en arracher les cheveux et à me ronger les ongles. Même si personne n’avait le droit de revenir sur la parole du Second Dirigeant et donc de revenir sur sa décision, ça n’empêchait pas la majorité de l’alliance de tomber sur le cul face à l’annonce. Les plus problématiques se retrouvèrent être les jeunes qui essayaient de contester et d’essayer de prouver mon inaptitude à diriger l’alliance après avoir passé les 15 dernières années en dehors des activités. Même si j’étais tout aussi confus qu’eux, j’allais pas non plus me laisser marcher sur les pieds par des petits cons qui avaient même pas laisser le temps à l’encre de sécher sur leur dos ! J’ai donc passé pas mal de temps à recoller les morceaux avec l’Alliance Taiyō et casser quelques bouches pour leur rappeler à qui ils avaient à faire, bordel de merde. De mon temps on osait même pas élever la voix devant nos aînés, et eux ils veulent s’en prendre au top ?! J’avais aucune raison de retenir mes claques.

« Comme si je voulais être le Troisième Dirigeant… putain » ouais, c’est un peu ce qui me traverse l’esprit depuis quelques temps. Depuis que j’ai commencé à reprendre les rênes, j’ai dû me mettre à jour sur pratiquement toutes les activités de l’alliance ces dernières années, en plus de devoir suivre les différentes procédures et rencontrer les différentes familles une par une pour renouveler leur serment… En fait depuis que j’ai reposé les pieds à Tokyo, je n’ai pas eu un seul moment pour moi-même. Mes journées sont planifiées du matin jusqu’au soir, du début du mois jusqu’à… plusieurs mois plus tard. Je commence à me rendre compte du genre d’enfer que devait vivre Akira à essayer d’empêcher le navire de couler, parce qu’avec un aussi grand groupe… Y’a VRAIMENT moyen de couler rapidement et que ça parte en anarchie totale. Au final je n’ai trouvé qu’un seul moyen pour souffler au milieu de toute cette asphyxie : m’échapper. Ouais, je suis carrément aller m’enfuir dans les rues de Tokyo histoire d’essayer de penser à autres choses. Quand je suis arrivé à la tête du groupe on a fini par m’offrir un nouveau téléphone portable… Putain de technologie, j’imagine même pas jusqu’où ils iront pour me faire passer pour un vieux con. Après avoir trouvé le moyen de mettre mon portable en mode avion, je me suis posé dans un parc.

Je crois que juste après ça j’ai dû pousser le plus long soupir de ma vie alors que je desserrais ma cravate. Les différents passants qui, soit faisaient un footing ou soit se promenaient, ne faisaient pas vraiment attention à moi, souhaitant probablement éviter d’attirer mon regard vu les cicatrices que je porte sur ma gueule et mon aura naturelle de criminel… Ouais, j’étais redevenu un Yakuza, après plus de 15 ans. En fait ce qui me surprend ce n’est pas tant qu’Akira ait décidé de me ramener dans les affaires après autant de temps, c’est plutôt qu’il ait probablement prévu tout ça depuis le début. Allant de mon arrestation jusqu’à ce qu’on me relâche en 2012, puis mon intronisation au poste de Troisième Dirigeant. On aura beau dire ce qu’on veut, Taiyō Akira n’était pas un homme stupide, il connaissait le poids de mon nom pour la face cachée du Japon. Il savait qu’avec moi à la tête de l’alliance, personne n’oserait faire de siennes dans Tokyo et encore moins ceux qui viennent du continent. J’étais pas dupe, je savais lire entre les lignes et je me suis rapidement mis à jour sur ce qu’il se passait ces derniers temps. Depuis que j’ai disparu plusieurs sociétés écrans au service des autres groupes disséminés au Japon essayent de s’installer par ici et de gagner de l’influence pour espérer avoir un pied dans la ville pour affronter indirectement l’Alliance Taiyō. Certains rapports supposent même qu’une nouvelle Triades essaye de se former vers Hiroshima et que la Corée était probablement de la partie également… Sans parler des autres types de gangs qui essayent de proliférer devant nos portes avec l’influence de la mondialisation, de nouveaux concepts émergents dans le Japon alors qu’au final ce sont juste des choses pompées aux étrangers des Etats-Unis ou de l’Europe de l’ouest.

Alors que je commençais à sérieusement me caresser les tympans à force de me dire que les choses devenaient de plus en plus compliquées, une femme se présenta devant moi et m’observer silencieusement. Je relevais les yeux et restait un peu bouche bée devant la beauté de cette dernière, avant de rapidement me rappeler qu’elle était la femme d’Akira. Je venais tout juste de la reconnaître car je l’avais aperçue pendant les funérailles, ne l’ayant pas reconnue tout de suite parce qu’Akira s’était marié peu après ma sortie de prison de ce que j’avais compris. Très rapidement je me levais du banc sur lequel j’avais les fesses posées et je courbais légèrement l’échine sous son nez.

« Pardon, je n’ai pas eu l’occasion de vous présenter toutes mes condoléances lors des funérailles. C’est une véritable tragédie ce qui est arrivé au Second Dirigeant… » disais-je, un peu gêné. Ca peut paraître surprenant mais il ne faut pas oublier que j’ai une étiquette à tenir et que j’étais en face de la veuve de l’ancien dirigeant, fusse-t-il mon frère d’arme ! Mais j'ai été plutôt surpris de la voir sourire légèrement et de me faire signe de me redresser.

« Non je vous en prie, redressez-vous. Akira avait la plus haute estime pour vous et n’arrêtait pas de me parler de vous. En plus je ne suis pas vraiment mêlée aux affaires de mon mari, alors vous pouvez vous comporter normalement. S’il-vous-plait, appelez-moi Chisato. »

« Merci… J’avoue avoir été surpris d’apprendre que ce bourreau de travail d’Akira ait réussi à dénicher une perle comme vous. S’il y a la moindre chose que je puisse faire, que ce soit pour vous ou pour les enfants, n’hésitez pas à me demander. C’est le minimum que je puisse faire, en mémoire de mon serment avec Akira. »

« Ne vous en faites pas pour nous, lorsque mon mari a développé sa maladie il avait commencé à s’assurer que nous ne manquons de rien si le pire venait à arriver… Et je sais que maintenant vous avez beaucoup à faire depuis que vous êtes devenu le nouveau dirigeant. C’est pourquoi je… »

Taiyō Chisato reculait de quelques pas avant de courber l’échine devant moi et laisser les larmes s’accrocher aux bords de ses yeux, ses doigts tremblant légèrement entre ses mains alors qu’elle se montrait reconnaissante, du fond de son cœur.

« Je suis désolée que mon mari vous impose tout ça, sans vous… L’avenir de nos enfants seraient encore lié à l’Alliance Taiyō et ils auraient sûrement étés forcés de… »

« N’en dîtes pas plus, je n’en veux pas à Akira pour les choix qu’il a fait pour vous et vos enfants. Je comprends tout à fait qu’un père ne souhaite pas que ses enfants gardent les pieds dans ce genre de monde… Rassurez-vous, avec moi encore en vie, vous n’aurez rien à craindre ! Vos enfants n’auront plus rien à voir avec l’Alliance Taiyō. »

« Merci… Désolée mais… Merci infiniment… » Pleurait-elle encore un moment avant qu’elle n’arrive à respirer un bon coup et reprendre son sourire habituel. Je restais à discuter avec elle encore un peu avant qu’elle ne décide de me remettre une lettre qu’Akira aurait, apparemment, gardé pour mon retour. Je commençais à être pas mal agacé à force de me demander jusqu’à quand il continuerait à me tourmenter, même après sa mort ! Après que Chisato soit repartie, j’ai décidé de lire la lettre sur place et… apprendre que la lettre avait été écrite par ma femme qui ne m’avait plus parlée depuis plus de 15 ans, Hisa. Elle avait écrite cette lettre pour me dire qu’elle avait menti, qu’elle n’était pas partie avec un nouvel homme. Que ce n’était qu’une excuse pour que je finisse par l’oublier pendant mon séjour en prison et que j’arrive à tourner la page sur ce qu’il s’était passé. Qu’elle ne pouvait pas supporter l’idée de me voir souffrir pour la perte de notre fille Hina dans une telle tragédie et de me sentir totalement responsable… Plus mes yeux dévoraient les lignes de cette lettre, plus je sentais des larmes que j’avais refoulé depuis des années remonter avec force. Je faisais mon maximum pour ne pas les laisser couler alors que mes yeux devenaient rouges, trouvant un numéro de téléphone à la fin de la lettre. Sans attendre je sortais mon portable, ne jetant même pas un œil à la dizaine d’appels manqués aujourd’hui pour me concentrer uniquement sur le numéro d’Hisa. J’étais debout, à attendre que quelqu’un réponde alors que ça continuait de sonner. Les secondes me donnaient l’impression d’être sans fin… Jusqu’à ce que je finisse par entendre une voix à l’autre bout.

« … Allô ? »

« ..Hisa ? »

« … Désolée, vous vous êtes sûrement trompé.. »

« Non attends ! Hisa ! C’est moi, Jomei ! Je… »

« Monsieur, ma m… madame Hisa nous a quittée récemment, je suis désolée… »

… Je n’arrivais pas à y croire.


__________________________

Il pleuvait ce jour-là. Le moine prononçait ses psaumes au nom de la décédée, ses prières étant autant destinées aux morts qu’aux vivants qui assistaient à la cérémonie sans prononcer un mot. Je sortais de la voiture dès qu’on m’ouvrait la porte, un jeune homme plaçant respectueusement un parapluie au-dessus de ma tête alors que je commençais à parcourir lentement les marches montant jusqu’au temple. Plusieurs hommes marchaient autour de moi, formant une sorte de cercle tout en me laissant plusieurs mètres d’espace, avec seulement quelqu’un à mes côtés pour me tenir le parapluie. Une fois arrivé en haut, les hommes m’escortant formèrent deux lignes sur chaque côté du chemin, chemin que je décidais de traverser pour rejoindre la cérémonie encore en cours. Je n’aurais jamais imaginé qu’il n’y aurait personne pour assister aux funérailles de Hisa, pas même des membres de sa famille qui étaient situés à quelques régions de Tokyo. Les seules personnes présentes étaient le prêtre, moi, et une jeune fille. Elle n’avait pas de parapluie et laisser l’eau lui tomber dessus sans répit, alors qu’elle semblait tourner le dos au monde entier pour ne se soucier que de la femme qui était allongée pour l’éternité. Sans attendre je venais à prendre en main le parapluie pour m’approcher de la jeune fille, inclinant le parapluie sur elle pour qu’elle soit couverte contre la pluie, ce qui la sortait de sa longue concentration.

Elle levait légèrement les yeux pour me regarder, surprise. Je ne fuyais pas son regard, ses yeux qui avaient la même couleur que les miens alors qu’elle semblait avoir volée le visage de sa mère. Elle se pinçait les lèvres quelques secondes avant de se retourner vers le moine qui poursuivait ses prières, tandis que je gardais le parapluie au-dessus de sa tête et que je la rejoignais dans cette observation silencieuse et… pensive. Cela dura quelques temps, avant que nous dûmes nous purifier avec des volées de sels et de poursuivre directement par la crémation. Les services publics souhaitaient une confirmation de mon identité avant que je ne sois autorisé à progresser, là où je leur annonçais que j’étais le mari de Takeo Hisa, Takeo Jomei. La famille du défunt avait droit à quelques minutes seule afin de se recueillir et prononcer leurs adieux une dernière fois. Je laissais la jeune fille chuchoter quelques mots à Hisa alors qu’elle se forçait à refouler ses larmes… Quand ce fût mon tour, je pu contempler une dernière fois le visage de ma femme. De nombreuses choses me passaient par la tête...

J’étais en colère, j’avais la haine contre cet homme qui provoqua cet accident de voiture en grillant un simple feu rouge. J’étais tellement triste, tout ces regrets que j’avais accumulés pendant des années à culpabiliser pour t’avoir abandonnée, alors que je partais en pleine guerre pour satisfaire ma soif de vengeance, pour ne pas avoir été capable de lire entre les lignes de la lettre que tu m’as envoyée en prison, d’avoir été un mari qui n’était pas digne de toi. Et pourtant quand je caresse ton visage si beau mais si froid, je ne peux m’empêcher de me repasser nos si beaux souvenirs ensemble, allant du jour où je t’ai rencontré sur la baie, notre lune de miel après notre mariage inoubliable et… La naissance de notre première fille, Hisa, après un accouchement qui fut une épreuve aussi dure et longue pour toi que pour moi…

« Je suis rentré Hisa… Tu as attendue si longtemps… Je te promets de m’occuper de notre fille. J’irais jusqu’à sacrifier ma vie pour la rendre heureuse… Tu peux te reposer maintenant. »

Puis vint le moment où la jeune fille, ma deuxième fille dont l’existence m’était encore inconnu jusqu’à aujourd’hui, Takeo Izumi, et moi-même avons dû pousser le cercueil de sa mère dans le four crématoire. C’est à ce moment-là qu’Izumi n’arrivait plus à le supporter et finisse par fondre en larmes dans des sanglots qui déchiraient mon cœur. Avec hésitation, j’ai finalement décidé de la prendre dans mes bras pour qu’elle puisse pleurer contre mon épaule alors que je gardais l’arrière de sa tête dans le creux de ma main, essayant de la réconforter. Ou peut-être était-ce moi que j’essayais de me réconforter, alors que je cherchais la force de rester moi-même dans cette épreuve difficile… Une fois que nous avons pu récupérer les cendres, et que nous nous sommes rendus dans la maison dans laquelle habitée Hisa et Izumi, je me suis figé devant la porte d’entrée alors que quelque chose me serrait le cœur. Mes mains commençaient à devenir moites alors que j’avais du mal à respirer, mes jambes tremblant légèrement. Est-ce que j’allais réellement impliquer ma fille dans ce monde sombre dans lequel je vis ? Je ne veux pas d’une seconde tragédie, pas après tout ce que ma famille a endurée… J’hésité au fond de moi, jusqu’à ce que ce soit Izumi qui me ramène à la réalité. Malgré ses yeux rouges et les traces évidentes laissées par ses larmes plus tôt, elle arrivait à trouver la force de me sourire.

« Tout ça est un peu nouveau pour moi mais… Je pense que maman et moi avons toujours rêvées de dire ça un jour : bienvenue à la maison ! »

… Je suis vraiment le plus indigne des pères de famille. Avant même de réaliser ma dernière promesse à ma défunte femme j’ai failli perdre toute volonté, par peur et par stupidité. Je ne répéterai pas les erreurs du passé, et si de nouvelles épreuves se dressent devant moi ou ma famille, je les braverai toutes ! Je suis le Troisième Dirigeant de l’Alliance Taiyō, le Jigoku Taiyō de Tokyo ainsi que le père d’une magnifique fille ! Je suis Takeo Jomei, et tous se souviendront de moi comme un père qui ne reculera devant aucun défi !

Chroniques 1/2

[La première nuit est mise en Hide car en plus de contenir une scène choquante j'ai envie que cette partie reste secrète pour mon personnage. Merci.]



_____________2ème Nuit : Royaume des doutes_____________

Lorsque je me suis endormi le lendemain du cauchemar, je n’ai pas arrêté de repenser à ce que m’avait dit Hina. Ou plutôt, ce « mannequin » avec le visage de ma fille. Peu importe comment je tournais la chose, j’étais simplement en train de délirer après avoir fait un rêve sur elle, rien de plus. Au final j’avais juste rêvé de quelque chose d’horrible devenu incroyable sur la fin, c’était sûrement ma façon de tourner la page sur cette tâche sombre de mon histoire. Bref, je me suis couché avec pas mal de questions en tête, et lorsque j’ai rouvert les yeux je me suis retrouvé dans un endroit plutôt étrange. Ca ressemblait à une grande plaine, en pleine campagne. Je sentais la brise souffler dans une direction alors que je desserrais ma cravate, me montrant assez curieux de l’environnement autour de moi. Ca semblait… Si différent d’un rêve habituel, j’avais comme l’impression d’avoir l’esprit plus clair, tout me semblait moins confus et incontrôlable. Au fur et à mesure que je posais des questions, plus de marques apparaissaient sur ce qui se trouvait autour de moi : herbes, cailloux, arbres etc. Les questions exactes que je me posais étaient inscrites sur plusieurs surfaces et grosse surprise, ce n’était même pas écrit en japonais ! Mais j’arrivais à comprendre sans aucune difficulté, comme si j’avais pratiqué cette langue toute ma vie.

« Papa. »

Je m’arrête un instant dans ma contemplation, me retournant lentement pour l’apercevoir. Elle était à quelques mètres de moi, ses longs cheveux blonds attachés à l’arrière qu’elle laissait souffler par le vent. Je déglutis alors que je me demandais bien « que faire maintenant ? »… Je la fixais pendant plusieurs secondes, réfléchissant calmement à ma prochaine question, la plus importante :

« Es-tu réellement ma fille ? »

« Papa, c’est plus compliqué que tu ne… »

« Es-tu ma fille, Takeo Hina, née à Tokyo et morte à 18 ans en 2002 ?! » mon ton se voulait beaucoup plus sec et impatient qu’avant,  mon regard devenant dur et froid alors que je faisais un pas un avant, ma voix résonnant bien plus fort. J’avais besoin d’une réponse claire et précise, je ne pouvais supporter de vivre dans une illusion qui m’arrangerait pour le restant de mes jours !

« … Takeo Hina est morte ce soir-là. Le choc de sa mort et la peur des mannequins que tu éprouves depuis sont les deux choses qui m’ont fait naître dans Dreamland. Mon apparence, mon attitude et mes souvenirs sont le fruit de tous les souvenirs que tu as gardé d’elle au fond de toi. Vaincre ta phobie est ce qui nous a permis, à toi et à moi, de quitter ce cercle vicieux et de nous permettre de voyager librement dans Dreamland. »

« Attends, donc tu n’es que le fruit de imagination ? Et qu’est-ce que c’est 'Dreamland' ? »

« Je ne sais que très peu de choses sur ce monde. A part qu’il est l’endroit où se retrouvent quiconque se met à rêver, et que ceux qui réussissent à surmonter leur plus grande peur deviennent des voyageurs. Des personnes qui développent la capacité de rester conscient pendant leurs rêves et de parcourir librement ce monde. »

« Donc si tu es née dans Dreamland, ce monde de rêves, ça fait aussi de toi un rêve… Rien de tout cela n’est réel… »

« Oui, mais tu sais papa je… »

« Arrête ! » criais-je, la coupant subitement alors que je serrais fermement les poings. « Tu n’es pas ma fille. Hina est… Elle est partie, et elle ne reviendra jamais. »

« Et pourtant moi je suis là devant toi, aujourd’hui ! Je ne suis pas qu’une simple poupée avec le visage de ta fille, tous ces sentiments que je porte en moi, tous ces mots que je sors de ma bouche, toutes ces émotions m’ont été données par toi ! Ce monde n’est peut-être pas la réalité pour toi mais elle l’est pour moi ! Et j’existe grâce à toi ! »

« Mais tu ne seras jamais comme elle. Tu l’as dis toi-même : tu n’es qu’une créature issue de mes souvenirs. Hina était bien plus que des souvenirs. Elle était pleine de vie, le futur lui souriait ! Alors que toi… Je ne peux voir en toi que le fruit de mon échec en tant que père. Tu n’existes que pour me rappeler le destin tragique de ma fille… »

« C’était le cas jusqu’à hier. Hier je n’étais qu’une poupée mise sur un socle, destinée à t’observer te lamenter éternellement. Peu importe mon désir de te venir en aide, j’étais incapable de venir vers toi pour te réconforter… Mais toi, tu en as eu la force ! Pas après pas tu es venu et tu m’as prise dans tes bras ! Tu m’as sauvée d’un destin où je t’observerai souffrir ! Et ça, ça… », des larmes commençaient à perler le long de ses joues alors que son visage laissait davantage ses émotions transparaître, un sentiment de reconnaissance et de joie s’installant dans son regard, « et ça c’est le plus important à mes yeux ! Je ne suis peut-être pas ta fille, mais pour moi tu es et tu resteras à jamais mon père qui est venue me tirer de ces ténèbres effrayantes ! Tu comprends ?! »

Je restais bouche-bée, la regardant me balancer ce qu’elle avait sur le cœur. Je me rend compte à quel point j’ai pu être dur avec mes mots précédemment, à quel point cette jeune fille emprisonnée à vie et qui n’avait que pour but de devenir l’instrument de mes cauchemars devait avoir beaucoup souffert elle aussi de son côté. Au final, elle était comme Hina : elle n’avait rien demandé de tout cela, et c’est à cause de moi qu’elle ait dû subir une telle vie… Je soupirais longuement, finissant par tourner le dos à cette créature qui portait le même visage, la même voix ainsi que le même nom que ma fille.

« … Excuse-moi, j’ai besoin de réfléchir à tout ça. Tout est trop nouveau pour moi, et un vieillard comme moi a besoin de temps pour encaisser tout ça… » Un silence assez pesant s’installait entre nous deux alors qu’elle essuyait ses larmes et essayer d’arrêter de pleurer. J’inspirais profondément et je riais très fort en pointant mon nez vers le ciel. Mon rire sonnait extrêmement faux et semblait plus forcé qu’autre chose. Mais je continuais de rire comme ça pendant presque une minute, avant d’exploser dans un véritable fou rire sous le regard gênée d’Hina. Il fallait que redirige tout ce stress et cette tension quelque part, et quoi de mieux que de rire très fort pour repartir sur de bonnes bases ? Je la regardais en essuyant une larme de rire et lui souriait de manière plus sincère et réconfortante.

« Tu as dis qu’on était à Dreamland c’est ça ? Allons voir dans quel genre de monde je nous ai entraîné tous les deux ! »


Derrière l'écran ?

Prénom ou pseudo : Joël
Age : 22 ans
Comment as-tu connu le forum ? : Voir Weiss
Connais tu Dreamland ? : J'attends le prochain tome !
Depuis quand fais-tu du rp ?: Depuis... 7 ? 8 ans ? Peut-être 9, je serais vétéran un jour !
Pourquoi avoir choisi ce forum ? : Voir Weiss.
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Personnage sur l'avatar et l'oeuvre d'où il provient : Jecht - Final Fantasy X (Jomei) / Samus - Super Metroid (Marie)


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Dernière édition par Takeo Jomei le Sam 7 Juil - 20:58, édité 3 fois
Takeo Jomei
Ligue M
Takeo Jomei
Pouvoir : Invocateur de mannequin
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Re: Takeo Jomei [terminée] Ven 6 Juil - 17:04

Illustration du contexte
Chroniques 2/2


_____________4ème mois : Forêt des rêves_____________

Je sortais une cigarette à l’entrée de la forêt, cherchant dans ma poche de quoi l’allumer. Cela faisait déjà quelques mois que j’avais débuté mon voyage dans ce monde et grâce à Marie on a pu apprendre beaucoup de choses. Pourquoi je l’appelle Marie ? C’est un peu la chose sur laquelle on s’est accordé elle et moi. Elle a vite compris au bout de quelques nuits que c’était difficile pour moi de l’appeler par le prénom de ma fille, non pas que je le faisais exprès c’était juste… C’était pas facile, c’est tout. Elle n’a pas vraiment cherchée à pousser le débat plus loin, disant que tant qu’elle pouvait continuer à m’appeler « papa » comme d’habitude alors tout lui allait. Quelle fille simple je te jure, enfin je veux bien comprendre de qui elle tient ça… Au final on a fini par utiliser le nom de scène qu’utilisait Hina lorsqu’elle posait dans des magazines. En plus d’avoir l’intelligence de sa mère pour réaliser des études, elle avait aussi la beauté innée de cette dernière. Disant que ce serait une bonne expérience pour elle, ma femme et moi-même n’avons pas cherchés à la retenir de devenir un modèle pour plusieurs magazines. Sauf les plus adultes, jamais je n’aurais accepté ça ! Déjà que j’avais du mal à accepter qu’elle finisse par se teindre les cheveux, m’enfin…

Avant que je ne sorte un briquet pour allumer ma cigarette, une flamme m’était déjà tendue pour en brûler le bout. Je voyais Marie qui avait un sourire allant d’une oreille à l’autre alors qu’elle reculait légèrement pour me laisser tirer une bouffée de fumée. Je soupirais en même temps que la fumée échappait mes narines et mes lèvres.

« On est à Dreamland, je n’ai pas besoin de quelqu’un pour me tenir le briquet. » disais-je, légèrement agacé alors que j’emboitais le pas vers la grande forêt. Marie n’a pas vraiment cherchée à répondre et s’est contentée de rire avant de me suivre de près. Je lui ai avoué tout ce qui était arrivé dans ma vie après la mort d’Hina : la guerre contre la triade chinoise et la mafia coréenne, mon passage en prison, mon errance sans fin dans les bars puis enfin l’enterrement de ma femme. La poupée de Dreamland était choquée d’apprendre la mort d’Hisa et s’est mise aussitôt à pleurer, je ne pouvais pas lui en vouloir… Si dans son cœur elle avait tous les souvenirs que j’ai sur ma fille, Hisa devait avoir une place toute particulière pour elle. En tout cas j’ai pas pu m’empêcher d’avoir un pincement au cœur lorsque je l’ai vu aussi triste… Elle et Izumi se ressemblent énormément. Grosse surprise pour Marie aussi, d’apprendre qu’elle avait une petite sœur qui est née peu après que j’aille en prison. Elle n’a pas arrêtée de me poser des questions sur elle, sauf que pour moi aussi tout ça était assez nouveau ! A part dire qu’elle tenait plus de moi que de sa mère, je ne voyais pas grand-chose à dire pour l’instant. Cela ne faisait que quelques mois que je vivais avec elle. Maintenant que j’y pense… Dans un monde j’étais avec ma deuxième fille dont j’ignorais l’existence depuis toutes ces années, et dans l’autre monde je voyageais avec une créature identique à ma première fille. Quel bordel…

« On dit que tous ceux qui veulent aller dans la Seconde Zone doivent au moins passer une fois par cette forêt ! Elle a l’air si graaaaaaande. Tu penses qu’on va croiser d’autres voyageurs ? »

« Si cet endroit est un royaume frontière, y’a moyen. Même si j’ai toujours pas compris ce que ça voulait dire, ça a l’air d’être le genre de points de passage qui sont fréquentés. J’aimerai juste qu’on ne tombe pas sur ces débiles de V.K … V.K sérieux, c’est quoi ce nom d’abruti ?! »

« Même si on en croise je serais là pour te protéger ! Avec moi tu es en sécurité, pa' ! »

« En sécurité mon œil ! La dernière fois j’ai failli m’évanouir tellement tu as dépensée sans compter ! »

« Mais… C’est pas de ma faute, cette grosse bête était vraiment forte tu sais ! »

Et blabla-bli blablabla… La discussion continua de cette façon pendant un long moment. J’avoue qu’au début j’étais assez mal à l’aise de devoir trainer toutes les nuits avec le sosie d’Hina. Mais très rapidement j’ai fini par m’habituer et je savais que la petite n’était pas méchante au fond d’elle. Après tout elle n’avait que Dreamland pour elle, et elle avait besoin de moi pour se défendre un minimum. J’ai bien flippé quand j’ai commencé à voir de grosses créatures débouler de nulle part ! Mais heureusement ce genre de situation devient très rapidement quelque chose de commun et la plupart n’étaient pas si agressives que ça. Dans la Première Zone en tout cas. Alors que nous tracions notre petit bout de chemin à travers les bois, trois figures sortaient de l’ombre pour se mettre face à nous et nous barrer la route. Je fronçais les sourcils alors que je voyais les trois bonhommes. Ils avaient l’air relativement jeunes, et j’avoue ne pas trop aimer le regard dans leurs yeux.

« Vous êtes qui ? ‘Voyez pas que vous êtes sur notre route ? »

« Ohla calmos abuelo, je pense pas que tu comprennes dans quel genre de merdier tu t’es fourré. »

« Si tu parles du fait que j’ai fini par croiser trois sacs à merdes sans m’en rendre compte, ouais je t’avoue que je l’avais pas compris jusqu’à ce que tu l’ouvres. »

« Oh comment il t’as casséééééé ! »

« Popopooooo »

« VOS GUEULES ! Vous bougez pas, j’me le fais ! » disait le d’jeuns numéro 1 avant de foncer dans notre direction. De ses mains il invoquait deux couteaux papillons qu’il faisait tourner autour de ses doigts. Plutôt habile le petit con, mais c’est le genre de tour de passe-passe qu’on s’amuse à faire au collège. Je grattais mon menton sans vraiment paniquer, gardant ma clope au bec alors que je reculais de quelques pas pour laisser la place à Marie. Cette dernière affichait d’ailleurs un regard plutôt sérieux et pas très content. Sans dire un seul mot, on pouvait voir quelque chose d’étrange se passait au niveau de ses avant-bras, ces derniers se recouvrant d’une matière bleue et devenant comme des sortes de gants qui remontaient jusqu’à ses coudes. Le jeune aux couteaux fonçait sur elle et attaquait avec précision, il voulait sérieusement la découper au niveau du visage. Marie reculait de quelques pas en se penchant légèrement vers l’avant, bougeant le haut de son corps de gauche à droite en rythme afin d’esquiver de peu les couteaux qui frôlaient ses cheveux. Je souriais légèrement en tirant plusieurs tafs sur ma cigarette, les cendres tombant par terre alors que je venais de me rendre compte d’un truc assez évident. C’est que mes deux filles tenaient bien plus de moi que de leur mère.

« Si tu veux le toucher il faudra d’abord passer par moi ! » criait Marie alors qu’elle balançait un énorme jab dans le nez du bonhomme, l’envoyant bouler sur plusieurs mètres et atterrir aux pieds de ses potes. Le nez et la bouche en sang, il devait être pas mal secoué après s’être pris un contre aussi violent dans la tronche. Je comprends maintenant pourquoi ma petite n’a jamais eu de petit ami, vu qu’elle cherchait quelqu’un « au moins plus fort qu’elle ». Pourquoi est-ce que je lui appris à se battre vous me demandez ? Parce que je voulais absolument pas la voir trainer avec un mec voilà pourquoi ! Nan mais oh. Je prenais ma clope entre mes doigts pour virer la cendre dessus et observer les deux autres voyageurs mettre des claques pour essayer de réveiller leur pote.

« A mon avis il va pas se réveiller avant un moment, la petite n’est pas du genre à contrôler sa force lorsque quelqu’un l’attaque. On peut passer maintenant ? »

« Dans tes rêves ! Vas-y Connor, on se les fait à deux ! »

Tss, sales gosses. Je vois le regard que m’envoi Marie et je hoche la tête. Elle ramasse l’un des couteaux papillon lâché par le voyageur assommé et le jette dans ma direction, avant de commencer à retirer sa veste pour rester en débardeur. Je passerais les détails sur mon envie de massacrer les jeunes hommes alors qu’ils fixaient comme des babouins la poitrine développée de la petite, mais ce qui les interpellait le plus c’était que le reste de son corps était de plus en plus couvert par la matière bleue qui devenait une véritable combinaison moulante. J’attrapais en vole le couteau et me préparer à recevoir l’un des deux gus qui commençait à devenir à moitié chat, devenant beaucoup plus rapide et agressif alors qu’il déployait ses griffes. Marie quant à elle faisait face à un adversaire beaucoup plus dangereux : un mec qui sortait de ses doigts des arcs électriques. Ce dernier balancer des éclairs dans sa direction, ce contre quoi elle se défendait en saisissant un tronc d’arbre qui trainait par terre et s’en servait comme bouclier. L’écorce morte du tronc commençait à brûler doucement mais sûrement mais elle n’allait pas se contenter de subir ses assauts, elle était du genre à attaquer elle aussi ! Dans un mouvement rapide elle jetait l’énorme bûche dans la direction du voyageur de foudre pour le forcer à stopper ses attaques et privilégier sa défense.

Il augmentait la puissance de ses éclairs et utiliser une technique qui pulvérisa la bûche en plusieurs morceaux avec une boule de foudre, mais ce détournement d’attention était tout ce dont avait besoin la poupée pour éliminer la distance les séparant d’un grand bond, donnant un grand coup de coude dans l’estomac du contrôleur. Il se pliait en deux face au coup et serrait les dents, finissant par relâcher des éclairs de tout son corps pour repousser Marie. Elle tentait de se protéger mais l’électricité parcourait le long de son corps et elle était forcée de subir plusieurs décharges malgré sa combinaison la protégeant un minimum. Elle reculait de plusieurs mètres pour créer encore un peu de distance entre elle et lui, avant de regarder dans ma direction pour voir comment ça se passait. De mon côté, à peu près au même moment où ça a commencé à balancer des éclairs du côté de Marie, je voyais l’homme-chat courir à toute vitesse sur moi. J’expirais la fumée que j’avais dans les poumons tout en gardant ma cigarette allumée dans une main, serrant fermement le couteau dans l’autre. Mon adversaire balançait l’une de ses griffes en direction de mon visage, probablement pour donner raison à toutes les cicatrices que j’avais sur la gueule.

Sauf que sa main fut stoppée par le couteau que je plantais directement à travers ses coussinets, la pointe de la lame ressortant de l’autre côté sans grande difficulté alors qu’il hurlait de douleur. Sans l’attendre dans sa peine, je faisais un pas en avant pour fourrer ma cigarette dans son œil droit, son globe n’ayant eu aucune résistance face à la clope allumée qui a cramé l’un de ses yeux et lui donner encore plus de raison de crier. Dans sa douleur il s’est jeté contre moi pour me donner un grand coup d’épaule, de quoi me faire lâcher le couteau encore logé dans sa patte et me faire rouler par terre sur un mètre ou deux. Je grognais alors que je sentais mon dos avoir pris un sale coup avec ce genre de chute.

« PAPA ! »

Je sentais d’un coup une partie de mon énergie habituelle disparaître alors que Marie criait. Combien de fois j’allais devoir lui dire de ne pas prendre mon énergie sans analyser la situation autour d’elle ?! Son bras droit brillait d’une étrange lueur alors qu’il finissait par être totalement remplacé par une sorte de canon qu’elle pointait dans la direction du contrôleur de foudre. Alerté par l’apparence soudaine d’un putain de canon sur le bras de la poupée, le voyageur envoyait plusieurs arcs électriques dans sa direction pour la neutraliser, ce à quoi Marie répondait directement en tenant fermement son bras canon avec son autre main et tirait. Aucune balle ou aucun rayon d’énergie ne s’échappait du canon, uniquement de l’air condensé qui suffi amplement à disperser les nombreux arcs électriques dans les autres directions et directement frapper le torse du contrôleur de foudre, l’envoyant voler contre un arbre. Le bonhomme a dû cogner sa tête un peu trop fort parce qu’il ne se relève même pas. L’homme-chat posait sa main contre son œil crevé et sursauté lorsqu’il a entendu ce qui ressemblait à un énorme coup de feu, tiré par Marie. Il se retourne dans la direction vers laquelle se trouvait son allié, pour au final ne voir que l’ombre d’un canon qui lui fracassa le visage avant de le clouer au sol.

La petite se tournait vers moi et faisait quelques pas pour s’assurer de mon état.

« Ca va aller ? Tu te sens bien ? Tu n’as pas trop mal au dos ? Attends je vais t’aider ! »

« Ca va ca va ! J’ai pas non plus 70 ans hein ! Je peux très bien me débrouiller tout seul ! »

« PLUS UN GESTE VILE VOYAGEUR KILLER ! »

Marie et moi tournions notre tête vers l’origine de cette nouvelle voix. C’était une fille qui était debout sur une branche et portait une combinaison noire allant de la tête au pied. Elle portait un masque en métal au niveau de ses yeux et pointait un doigt accusateur en direction de la poupée. Je regardais aux alentours et avant même qu’on ne dise quoique ce soit je savais déjà comment ça allait se passer. Même pas le temps de parler que la nouvelle intervenante faisait apparaître dans ses mains des sortes de poings américains extrêmement menaçant et bondissait sur Marie pour la frapper.

« Je ne te laisserais pas faire plus de mal autour de toi ! Ne vous inquiétez pas monsieur, je vais vous protéger ! »

La voyageuse au masque frappait avec force et obligeait Marie a utiliser son canon pour se défendre. Plusieurs étincelles éclatèrent et le bruit de plusieurs objets métalliques se frappant entre eux résonnait. Marie profitait de sa taille un peu plus grande pour mieux se défendre mais l’autre personne était clairement plus forte et gagner de plus en plus l’avantage. Du moins jusqu’à ce que je passe derrière elle et cogne légèrement sa tête avec mon poing en lui hurlant dessus.

« Je peux savoir c’est qui que tu veux protéger ? Et je peux aussi savoir ce que tu fous ici, Izumi ?! »

« PAPA ? »

« ‘Papa’ ?! »

Ohhh je sentais que ça allait être une longue nuit…

_____________6ème mois : Eden island_____________

« Rappelle-moi pourquoi j’ai accepté de venir déjà ? » disais-je alors que j’essayais de reprendre mon souffle, adossé contre un rocher.

« Ben… Parce que je te l’ai demandé ? »

« Alors dis-moi pourquoi TU voulais qu’on vienne ! »

« Ben c’est ce monsieur avec la blouse blanche qui m’a montré un guide de visite pour cette île et j’y ai vu plein de photos d’animaux trop mignons que j’avais jamais vus ! »

« Ouais et bien si tu veux mon avis t’aurais aussi dû faire gaffe à la mention ‘présence de supers prédateurs disparus’ dans la brochure ! On a failli se faire bouffer plusieurs fois déjà ! »

« Rooh ça va, ce qui compte c’est que ce truc nous ait perdu de vue, non ?... Pas vrai ? »

« Chut, j’entends quelque chose… » je plaquais ma main contre sa bouche pour m’écouter penser et surtout pour tendre l’oreille sur ce qui nous entourait. Tout était silencieux… Beaucoup trop silencieux. Je n’entendais même plus les oiseaux chanter ou d’autres trucs susceptibles de faire du bruit dans une forêt tropicale. Finalement, ce qui m’a alerté c’est d’entendre quelque chose attraper le rocher par les côtés dans notre dos et le briser d’un coup sec. Ayant réagit assez rapidement, j’ai pris Marie par le bras et je me suis jeté avec elle sur le sol afin d’éviter des crocs énormes se refermer sur nous, en même temps qu’ils broyaient le rocher comme si c’était du papier mâché. Je tournais la tête pour voir l’agresseur qui a déjà tenté de nous buter à plusieurs reprises déjà : une sorte de méga-loup avec une gueule si énorme que je me demandais comment le reste de son corps qui faisait à peu près la même taille pouvait la supporter. « COURS ! » hurlais-je à Marie alors qu’on se relevait rapidement pour prendre nos jambes à nos cous. La bête poussait un long rugissement avant de s’enfoncer dans les bois à nos trousses, tandis qu’on était désespérés à sauter par-dessus les énormes racines et à dégager les feuillages en face de nous pour nous faire un chemin.

Mais la créature était rapide et après avoir rattrapé son retard elle réalisait un petit bond vers l’avant, réduisant suffisamment la distance qui nous séparait pour tenter de nous croquer une nouvelle fois. Marie avait jeté un œil derrière elle et n’a pas manquée de voir le monstre sauter vers nous, elle décida donc de me pousser sur le côté pour que j’évite l’attaque mais s’est sentie attrapée par la jambe. Je tombais lourdement sur le côté mais je me redressais tout aussi rapidement tout en me tournant vers la poupée, la voyant se faire tirer vers l’arrière par la bête qui avait la jambe de la petite coincée entre deux de ses crocs. Mon sang n’a fait qu’un seul tour alors que mon visage est devenu rouge de colère alors que je criais à Marie : « TON BRAS ! »… Elle comprit instantanément le message et sans se poser de question elle saisissait son poignet avec sa main gauche et s’arracher le bras droit sans aucune difficulté. C’était comme retirer une partie du corps à une poupée, aucune effusion de sang, aucune déchirure, comme si c’était prévu depuis le départ qu’elle puisse être démantelée. Après avoir retirée son bras elle le lançait dans ma direction, là où moi je courais vers elle et la bête. Attrapant le bras en pleine course, je bondissais en direction de la tête de la créature alors que je plaquais le bras de Marie contre mon propre bras droit.

D’un simple clignement d’yeux le bras de Marie se superposait au mien et une armure se formait autour de mon bras qui donnait l’impression d’avoir doublé de volume. Sans hésitation je frappais avec violence le haut de la tête de la créature avec le poing métallisé, ce qui a produit un énorme bruit, suivi du gémissement de la bête qui secouait rapidement la tête tout en relâchant la jambe de Marie. Au moment où je posais les pieds au sol, Marie quant à elle gardait le dos plaqué contre le sol et faisait apparaître deux morceaux d’armure montant jusqu’à ses hanches en partant de ses pieds, profitant de sa position pour donner de puissants coups de pieds directement sous la gueule du loup à la mâchoire surdimensionnée. Le choc lui faisait lever la tête vers le ciel, le mettant même sur ses deux pattes arrières alors que son estomac était mis en évidence. Un genou au sol, je tenais fermement le bras métallisé que j’avais transformé en canon – l’arme fétiche de la petite – et puisait dans mon énergie pour produire un tir lumineux qui partait du bout du canon pour frapper de plein fouet le ventre mou de la bête. Elle était envoyée plusieurs mètres en arrière alors qu’un trou large d’un mètre marquait le passage du tir d’énergie, le sang ainsi que les organes internes de la créature ne pouvant s’empêcher de s’échapper par la blessure avant que la créature ne finisse par mourir au bout de quelques secondes. Je suais à grosses gouttes alors que je laissais le canon encore chaud disparaître, pour au final se détacher de mon bras et reprendre la forme du membre de Marie.

« Bien joué papa ! Encore un peu et j’étais destinée à devenir des croquettes. »

« Pas sûr qu’il y ait grand-chose à manger chez toi. »

« Hééé ! Comme si un vieux crouton comme toi aurait été plus délicieux d’abord ! »

« Moi au moins je suis humain ! »

« Et moi je suis tout à fait capable de manger, de boire, de faire pipi et de… »

« Ca va ca va j’ai compris ! Pas la peine d’en dire plus ! Tout ça pour dire… Moi je me tire ! »

« Attends ! Rends-moi au moins mon bras ! » disait-elle alors qu’elle partait dans la même direction que moi. J’utilisais son bras comme gratte-dos alors que je soupirais bien fort. Je sais pourquoi un putain de citadin comme moi déteste autant ce genre d’endroits : c’est bourré d’insectes en tout genre qui viennent sans cesse te sucer le sang et c’est boueux, sale, impossible de marcher comme on voudrait etc… Ca me rend fou ! Cet endroit tout entier me rendait fou ! La petite me tira l’oreille en m’ordonnant de ne plus jamais l’utiliser comme grattoir et n’a eu aucune difficulté à recoller son bras pour redevenir comme neuve. Moi je commençais à être pas mal saoulé par cet « endroit paradisiaque ». Tu parles. Je me suis toujours demandé si chez les catholiques le Jardin d’Eden ne manquait pas à Adam et Eve. Franchement je pense qu’ils pouvaient pas mal s’en passer, vu le nombre de merdes qui trainent dans ce genre d’endroit. Bref, tout ça pour dire que j’avais besoin d’une clope, mais j’ai fait tomber et mon paquet et mon briquet dans notre fuite qui a durée toute l’aprem. Je me massais la nuque et me demandais où pouvait bien se trouver la plage, histoire qu’on retourne sur un bateau et qu’on déguerpisse d’ici au plus vite. C’était sans compter sur la tendance de la petite à réagir face à la moindre bête qu’on croisait.

« OOOOOHHH regarde ! Ils sont trop mignons ! »

« Ce sont… Des poneys ? Mais ils sont bizarres… On dirait un croisement entre un cheval et une biche. »

« Ils ont pas l’air effrayés, allons les voir ! »

Et la voilà repartie. Je soupirais avant de la suivre de manière nonchalante, essayant au maximum à ne pas me montrer plus agacé que je ne l’étais déjà. Marie avait raison, les créatures d’un autre âge n’avaient pas peur de nous et se laissaient approcher sans grandes difficultés. La petite affichait un grand sourire alors qu’elle caressait doucement le museau de l’une d’entre elles, m’arrachant un petit sourire à moi aussi. Peut-être que, au final, cette expédition en valait la peine… Jusqu’à ce qu’on finisse par voir une sorte de dodo mesurant plus de deux mètres sortir des fougères et choper le petit poney avec son énorme bec et le soulever sans aucune difficulté, nous arrachant à tous les deux un cri horrible.

« AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH / AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHH !!!!! »

Ouais non, au final c’était vraiment pas une bonne idée de venir ici.

_____________1 an et 3 mois : Royaume Chlorophylle_____________

Marie sautillait au milieu des centaines de milliers de fleurs différentes. Elle s’arrêtait de temps en temps pour discuter avec des habitants qui ressemblaient à des plantes et qui accueillaient à feuilles ouvertes la petite. Parfois elle se tournait dans ma direction pour me faire signe, ce à quoi je répondais d’un simple hochement de tête avant de m’asseoir sur l’herbe et de laisser mon regard se perdre sur l’horizon en face de moi. Il y avait tellement de choses à remarquer en face de moi que mes yeux n’arrivaient pas à se poser précisément sur une en particulier. Cet endroit était juste… Beau, calme, paisible… Je fermais lentement les yeux et me couchais par terre, humant le paisible parfum des différentes fleurs autour de moi. Cela faisait déjà plus d’un an que je voyageais dans ce monde, et même s’il m’est déjà arrivé de passer par des royaumes plutôt jolis, j’avais surtout pris l’habitude d’être dans des royaumes à problèmes. Je sais que tout n’était pas rose à Dreamland, et c’était un peu ce qui me rassurait… Un monde trop beau ça n’a jamais été une bonne chose, ça peut même devenir dangereux quand j’y pense.

Dreamland est bien comme il l’est actuellement. Oui il y a des conflits par-ci par là, oui il y a toujours des royaumes cauchemars pour faire passer un sale quart d’heure aux rêveurs, et oui il y a beaucoup de problèmes autour de la condition de voyageur dans ce monde… Mais s’il y a bien une chose que j’ai envie de dire aux jeunes qui veulent tout changer tout de suite, ce serait d’essayer de se poser un peu et d’observer le monde autour de nous. Ce que je vois, moi ? Une créature ressemblant comme deux gouttes d’eaux à ma fille en train de cueillir plusieurs fleurs dans ses bras, en train de découvrir une plaine remplie de couleurs et de parfums, progressant dans un décor introuvable ailleurs. Ce n’est peut-être pas le monde que l’on devrait essayer de changer, mais notre façon de le regarder. Au début j’étais en colère et j’étais triste, trouvant à la fois ridicule et sarcastique le fait de devoir voyager avec une créature née de mes souvenirs sur ma fille. Je pensais ne pas pouvoir le supporter, que je finirais par craquer à l’idée de voyager dans ce monde que je pensais n’avait rien à m’offrir à ce stade dans ma vie. J’ai déjà un pied dans la vieillesse et je ne cherche pas à prouver quelque chose aux autres, la preuve : j’ai vérifié dans le journal de ce monde et mon nom n’était même pas enregistré dans les différents classements, il n'y avait que Marie qui était vue comme une voyageuse. Comme si moi je n’existais pas, et au final… Ai-je vraiment besoin de ce sentiment d’exister, dans Dreamland ?

Je sens quelque chose se posait sur ma tête et rouvre les yeux, voyant le visage de Marie qui souriait d’une oreille à l’autre, me faisant un peu d’espace pour que je me redresse et remarque que j’avais une couronne de fleurs sur la tête. Je passe mes doigts dessus, et je sourie légèrement, me rappelant des vacances que j’avais pu passer il y a plus d’une vingtaine d’années avec ma femme, avec ma fille, ensemble en famille… Je regarde Marie droit dans les yeux et je lui pose calmement cette question importante :

« Hina, est-ce que ce monde te plait ? »

Elle est surprise et ouvre grand les yeux, ne s’attendant pas à ce que je l’appelle par ce prénom. Son regard se perd et elle semble chercher ses mots, rassembler ses pensées, considérer la soudaine question… Pour au final me regarder à son tour et afficher un sourire radieux.

« Oui, j’aime ce monde et ceux qui y vivent. Rencontrer des créatures, des voyageurs… J’ai vraiment l’impression d’exister dans Dreamland. Merci papa, tout ça… c’est grâce à toi que je le vis. »

Quelque chose de chaud remontait jusqu’à mes yeux, commençant à les rendre rouges alors que je me levais pour regarder dans une autre direction, tournant le dos à la petite tandis que je me frottais les yeux avec le manche de ma chemise. « Si tu es heureuse alors c’est tout ce qui compte. » disais-je doucement alors que j’emboitais le pas pour parcourir la plaine de fleurs. Oui, j’avais eu la réponse à ma question, une réponse à mes efforts dans ce monde, une réponse à la raison de ma présence dans Dreamland : j’avais permis à cette jeune créature de se réveiller de son propre cauchemar, et de commencer à vivre ses propres rêves dans un monde sans limite. Je n’avais aucune raison d’exister pour moi-même. Je suis Takeo Jomei, et même si beaucoup ne se souviendront pas de moi je serais fier d’être un père digne de cette petite, un père dont elle peut dire sans aucune honte et hésitation qu’elle est la fille.

Descriptions

Félicitations ! Vous avez réussis à tenir jusqu’ici ! Je me demande si la lecture s’est bien passée pour vous… Mais en tout cas ce n’est pas encore fini, il reste une dernière chose à faire, une dernière partie à lire, c’est bien entendu les descriptions de ce qu’est Takeo Jomei ! Et de la petite Marie aussi, mais on va y venir. Commençons par le plus simple, le narrateur grognon qu’il a fallu supporter jusqu’à maintenant : le Troisième dirigeant de l’Alliance Taiyō est le genre de bonhomme qu’on remarque facilement au Japon. Il est grand, mesurant à peu près 1m90 et pèse dans les environs de 90kg. Il possède une peau naturellement plus foncée, bien plus que ses confrères blancs comme des culs à Tokyo qui, pendant longtemps, n’arrêtaient pas de le considérer comme un mouton noir pendant sa scolarité. Avec sa paire d’yeux rouges y’avait de quoi se demander s’il n’était pas un démon venu gâcher la journée des plus purs enfants. Bref, tout ça pour dire que le tout était parfaitement accentué par les grandes balafres qu’il porte sur son visage, mais ça c’est bien parce qu’il est incapable de les dissimuler et qu’il était hors de question de passer par la case chirurgie esthétique, à ses yeux en tout cas. Ses cheveux noirs assez longs descendant jusqu’en bas de la nuque, il ne cherche pas réellement à les entretenir ni à les mettre en avant, préférant porter un bandeau rouge sur sa tête avec lequel il s’est pas mal attaché au fil des années.

Pour résumer on a là un japonais avec une gueule cassée et déchirée qui fait flipper la majorité des gens qui ont la malchance de le bousculer dans la rue. Pour peu on pourrait croire que c’est un Yakuza haha … ha ha… Ah oui c’est vrai. C’est un yakuza, et pas n’importe lequel d’ailleurs. Cela va faire près de 37 ans que Jojo porte de l’encre sur son dos, et même s’il a fait une sorte de « pause » en prison et un peu après sa sortie qui a durée en tout 15 ans, l’influence du nom de Takeo Jomei est telle que personne dans le milieu chercherait à le dénier. Tout ce qu’a fait Jomei c’était pour le profit de l’Alliance Taiyō et sa volonté de fer ainsi que ses tripes sont exactement ce qui lui a permis de devenir une sorte de yakuza légendaire, le genre dont on se souviendra plusieurs décennies plus tard, voir pour toujours. Et pour être capable de porter ce genre de responsabilités, il faut une sacrée paire d’épaules ! C’est exactement ce qu’a Jomei. Avec un peu de remise en forme il a réussi à récupérer un corps plutôt acceptable, ses muscles durcis donnant une forme harmonieuse et énergique au vieux bougre de 55 ans. Même s’il n’a pas la même force qu’à l’époque, c’est pas vraiment le genre de gars qu’on peut provoquer facilement à la sortie d’un bar, sauf si on a pas peur de finir la tête dans une poubelle.

D’ailleurs, le surnom de Takeo Jomei dans le Japon est « Jigoku Taiyō », en référence au tatouage qu’il porte dans son dos, au milieu de toutes les cicatrices aux origines différentes. Au milieu des traces de coups de couteaux et des marques laissées par des coups de feux, le tatouage de Jomei se visualise de cette façon : une représentation de la porte qui mène à travers les différents enfers du bouddhisme : le Jigoku. Depuis le début Jomei avait la prétention de balancer quiconque lui barrerait la route en enfer, ce qui faisait écho avec le « Yomi Taiyō » de Tokyo, le frère d’arme de Jomei qui n’était rien d’autre que Taiyō Akira, celui qui avait la prétention de représenter la mort en elle-même. Cela peut paraître stupide voir inutilement badass comme raisonnement, mais lorsqu’on se réfère à ces deux yakuzas il y a peu de place au doute. M’enfin, je donne l’impression que Jomei est quelqu’un de spécial, alors que bon… Même si c’est le cas dans un monde contemporain comme le Japon, il faut se rendre à l’évidence qu’à Dreamland c’est complètement l’inverse. Jomei savait dès le début que le monde des rêves serait rempli de bizarreries capable de l’éclipser sans aucune difficulté sur le fond d’une toile et… Au final ça ne le dérange pas tant que ça. Jomei ne recherche pas la popularité, il préfère tranquillement se fondre dans le décor et passer tranquillement son temps à profiter pépère, comme un papi quoi.

Fumer des clopes et observer le monde se foutre sur la tronche, ça c’était une des choses qu’était capable de faire Jojo. Il aime se dire qu’avec l’âge il arrive à prendre plus de recul que les autres plus jeunes, ce qui se traduit par sa capacité à garder la tête froide sur les épaules quand tout autour de lui part en sucette. Ce qui est en total contradiction avec la créature qui l’accompagne en permanence : Marie. Une jeune femme qui mesurait à peu près 1m72, attachant ses cheveux derrière sa tête avec un simple nœud et portant un regard bien particulier sur Dreamland avec ses yeux bleus. Quand on la met à côté de Jomei on a l’impression de voir le jour et la nuit : contrairement à lui elle était jeune, sans aucune cicatrice, aimante au regard, blonde grâce à une teinture et elle avait la peau plus blanche que lui. Et pourtant ce bon vieux Jomei est le père en chair et en os de Marie. L’histoire vous la connaissait donc je ne vais pas vous embêter à tout répéter à tout bout de champ, mais même si Jojo n’a pas pour habitude de dire que Marie est sa fille, elle en revanche n’a aucune gêne à dire qu’il est son père. Enthousiaste et assez rêveuse, sa vision des choses rentre de temps en temps en conflit avec le plus grincheux mais aussi le plus réaliste Jomei. En même temps on pourrait se demander comment ça fait de vivre avec sa deuxième fille, celle dont il a appris l’existence il y a un peu plus d’un an, et de voyager avec une copie conforme de sa première fille dans Dreamland. Et il vous répondra certainement qu’il a besoin d’une bonne pause.

Au final le duo Jomei/Marie c’est un peu ça : deux visions différentes du monde qui les entoure, une complicité étonnante entre un père et une fille qui bravent les épreuves les plus durs ensemble, le désir ardent d’un père qui veut voir sa petite briller plus que lui dans un monde qui ne lui appartient pas, mais qui est bien réel pour elle. Je pense que j’ai dis le plus essentiel, le reste ? Allez les voir pour le découvrir !



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Re: Takeo Jomei [terminée] Mer 18 Juil - 0:49

Heeey mais dis donc une présentation, je ne l'avais pas vue haha, je m'excuse champion (désolé du retard).

Alors parlons, de cette fiche maintenant. Bah c'était cool ! Vachement cool même ! C'est bien écrit, ça donne des feels, l'histoire est intéressante ... Tout va bien quoi. La seule chose qui me dérangeait réellement, c'est qu'une bonne partie de l'histoire bah ... C'est quasiment exactement la même histoire que celle d'un jeu que je ne citerais pas, mais c'est assez décevant au final. Parce qu'on sait tous les deux que t'y a joué, donc que ce soit utilisé comme inspiration d'accord, mais là c'est un peu trop quand même, on a le même parcours étape par étape.

Je n'ai pas grand chose d'autre à dire, le tout fait vraiment le boulot et c'était franchement agréable à lire. J'ai toujours un peu de mal personnellement avec les personnages issus de milieux mafieux mais bon, au final n'importe qui peut devenir voyageur et ces gens là existent donc ma foi rien ne t'empêche de le faire, c'est vraiment subjectif de ma part. Par contre, concernant ta demande de donner un classement à ton invocation et non à toi, ce ne sera pas possible. Le Dream Mag n'est pas con et verrait bien au bout d'un moment que Marie est une créature et Jomei un voyageur, ne serait-ce que parce que lui se réveille et elle non. Donc même si c'est elle qui s'occupe de tout, elle n'aura pas de classement. Par contre elle aura beaucoup plus de PR que son invocateur vu que c'est elle qui accomplira les vraies actions impressionnantes.

Venons en enfin aux fameux points ! Jomei part donc avec 18 200 points de puissance qui sont directement liés à son invocation, 8 700 points de réputation et un classement de 5 248ème de la ligue Major ! Marie de son côté commence avec 23 450 points de réputation, récoltant tous les lauriers des accomplissements du duo.

Tu connais la suite maintenant, enjaille toi en rp !
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Re: Takeo Jomei [terminée]

Takeo Jomei [terminée]
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